Tortue

HISTOIRE
  - Ton perso est-il de sang pur ou de sang mêlé ? purement impur, une solitaire pure souche
   - Et ses parents, ils venaient d'où ? Des solitaires aussi, mais personne ne sait où ils se trouvent
  - Les liens familiaux de ton perso : Dans ces souvenirs, Tortue était fille unique
 - Pourquoi porte-t-il ce nom ? euuh parce que j’aime bien les tortues ^^
 - Raconte-nous un ou des événement(s) particulier(s) de sa vie (naissance, baptême, cérémonie, ...) :
Si je me souviens de ce jour-là ? oui. Pourquoi poses-tu une question dont tu connais la réponse ! … Non je n’ai pas vraiment envie d’en parler. Si tu veux que je te fasse un rapport sur ce jour, devient chef et je t’en ferais ! … L’histoire que je préfère raconter, c’est celle dont je ne me souviens le moins. C’est la plus belle, la plus simple, sans détails superflus … Juste l’essentiel. Au moment de cette histoire, j’ai une petite lune, la première et dernière lune « normale » de ma vie, la seule où je ne me souviens que vaguement de ce qui se passait. Je suis avec ma mère, lovée presque toute la journée contre son ventre, mon père rentre des proies dans la bouche, prenant la place de ma mère tandis que celle-ci sort, surement pour se dégourdir les pattes. Moi je reste à chaque fois-là, les yeux fermés, humant avec sérénité le pelage de mon père. Lui me susurre les drôles d’histoires qu’il vit dehors, me dit à quel point il a hâtes de pouvoir me montrer le monde extérieur, me dit que dès que je me sentirai prête, je pourrai ouvrir les yeux et qu’il sera ravi de voir mes yeux pour la première fois.
Les journées passent inlassablement dans ce climat impavide. Les souvenirs de ces journées ne sont aujourd’hui que quelques phrases, des odeurs, et un sentiment de bien-être. Puis, le vide, une absence totale de souvenir de plusieurs jours.
A mon réveil, les mêmes odeurs de ma tanière, et une douleur intense sur toute l’épaule gauche, mais je ne m’en fais pas, je sens mon père, il est là. Cependant je me souviens aussi de ce soir pour un cri, suivi d’une protestation, puis d’une insulte, avant que je ne sois attrapée par la peau du coup et d’être emportée à toute allure loin de tout ! La première image que je vis fut celle-ci, ma tanière s’éloignant sous mes pleures impuissants, couvrant des feulements rageurs au loin. Tout le décor demeurait flou tandis que l’individu s’enfonçait dans la forêt en m’emmenant là où j’ignorais tout. Je compris une fois mon calme retrouvé que la personne me « kidnappant » n’était autre que mon paternel, dont la course devenait de plus en plus faible et la respiration de plus en plus difficile. A bout de force, il s’est écroulé au pied d’un grand arbre couvert d’épine. Mon père est en face de moi, essoufflé, couvert d’un liquide poisseux que j’ignorais à l’époque. Je le regardais pour la première fois, et lui découvrait mes yeux en contemplation. Et en dépit de son état indiscutablement grave, mon père me sourit, avant de rire. « Je savais que tu les avais verts comme moi ». Juste après ses mots, son souffle s’est arrêté et un voile à recouvert son regard. Je me suis retrouvée figée, incapable de crier ou même de pleurer. Les yeux fixés avec horreur sur le corps de mon père. Je me souviens de cette scène à la perfection, dans les moindres détails. Chaque arbre, les chants des oiseaux, les clapotis de la rivière en contre-bas, les odeurs qui m’étaient inconnues. Comme si c’était… comme … comme si c’était arrivée il y a 5 minutes. A vrai dire, c’est à partir de ce jour-là, où je me suis retrouvée emportée par mon père dans une forêt sans savoir pourquoi, que ma mémoire a décidée de ne plus rien oublier…
Pourquoi faut-il que même le plus agréable de mes souvenirs me laisse un tel arrière-goût en bouche ?