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 Le silence est d'or [OS - flashback]

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Présage des Rats
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Présage des Rats

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MessageSujet: Le silence est d'or [OS - flashback]   Le silence est d'or [OS - flashback] 3horlo10Jeu 13 Aoû 2020 - 23:41



« Le soleil avait beau sortir de sa grotte de nuages, les oiseaux avaient beau chanter tout leur soul, si elle ne venait pas la journée ne serait pas belle ».


Il repensait à son enfance. C’était si proche et si loin à la fois. Il se demandait si les vieux chats avaient encore l’impression d’être des chatons. Il se dit que c’était certain, sinon ils auraient été plus raisonnables. Il se disait même que les anciens étaient sûrement ce qui se rapprochait le plus d’un chaton. A tous les points de vue.

Les événements de sa courte vie s’enchaînaient rapidement quand il prenait la peine de se pencher sur eux. Il ne s’était rien passé d’extraordinaire, rien qui ne concernât pas Cœur de Chouette. Tout lui semblait flou. Comme quand il courait trop vite et que le souffle venait à lui manquer. Et en même temps… il s’ennuyait peut-être un peu, le temps s’étirait à n’en plus finir parfois. Il avait souvent l’impression de n’avoir rien accompli. On ne cessait de lui répéter qu’il était jeune, qu’il avait toute la vie devant lui, mais les paroles s’engouffraient dans un recoin de sa tête, celui qu’il ne visitait jamais, et ne remontaient jamais à la surface. Ceux qu’on appelait ses camarades avaient de leur côté avaient devant eux une existence palpitante à gravir à coups de rêves, à coups de déceptions, mais toujours avec l’espoir au cœur. Lui se sentait vide. Quel était son but ? Quelle était sa mission ? Cœur de Chouette était la seule chose au monde qui pût encore le faire sourire. Un sentiment étrange l’étreignait, il se sentait coupable. Comme quand il volait quand il était chaton, quand il mentait pour s’en sortir, quand il n’allait pas jouer avec les autres alors que sa mère le lui avait demandé. Il se sentait coupable de se sentir triste et nostalgique alors qu’il n’avait pas de quoi se plaindre. Il s’était isolé seul, et même maintenant, les amis ne lui manquaient pas. C’était autre chose, un sentiment d’inaccompli, d’inutilité indéfinissable, une sensation lancinante qui lui perçait les entrailles chaque matin. Il s’était convaincu qu’il avait fini par devenir insipide, invisible, comme il en avait tant rêvé. Ce n’était pas aussi agréable que prévu.

Durant son entraînement, s’il s’était appliqué pour faire plaisir à sa Chouette, il s’était souvent éclipsé lors des travaux de groupes, des réunions de novices après les leçons. Il s’était souvent insurgé du comportement de certains comme Nuage des Eléments qu’il ne portait vraiment pas dans son cœur, mais il avait rarement osé élever la voix pour se faire entendre. Il n’avait pas échangé de blagues, ne s’était pas montré intéressé par les apprenties de son âge et avait préféré passer du temps seul en forêt à observer ses chers insectes. Un jour, Présage des Rats, l’ancien qui le terrifiait depuis sa plus tendre enfance, s’était moqué de lui à l’heure de prendre son repas. Grive dans la gueule, le museau dégoulinant de sang frais, l’ancien l’avait interpellé au beau milieu du camp, sous les regards amusés du reste du Clan. Présage des Rats avait émis ce petit rire terrible dont il avait le secret, celui qui faisait se sentir tout petit.

« Fais attention enfant, ou tu finiras comme moi ! » Patience de l’Araignée, tout aussi terrifiante, avait renchéri : « C’est bien possible, mais il ne sera jamais aussi laid que toi sac à viande ». Tout le monde avait ri.

Sur le coup, le petit renard n’avait pas bien compris, il avait mis cela sur le dos de la mauvaise humeur du vieux chat et avait été bien trop effrayé par son aspect pour répliquer. Il s’était surtout demandé si lui aussi perdrait tous ses poils en vieillissant. Et puis, le soir venu, cela lui avait sauté au visage, à force de se retourner dans son lit de mousse au milieu des autres apprentis, il avait compris, non sans douleur. Présage des Rats et lui étaient les deux seuls à manger dans le silence, sans que personne ne soit venu les trouver pour partager un repas avec eux. Et pourtant, même si cet épisode malheureux l’avait poussé à faire des efforts, il n’était jamais vraiment allé au bout des choses et il avait continué d’être ce gamin qui ne disait rien et ne souriait qu’aux sauterelles.

Son entraînement avait été pénible pour lui. Se battre ne l’intéressait pas, ce qu’il aimait c’était observer, apprendre. Il avait bien tenté d’entrer dans l’escadron mais sans succès. Le talent lui manquait. Il ne suffisait pas de savoir se taire. Aujourd’hui il ne regrettait rien, espionner les autres Clans ne l’intéressait pas outre mesure non plus.

Un vent frais le rappela à sa tâche et à la réalité : garder le Clan. C’était le « grand soir ». La nuit était tombée depuis longtemps et avait tout recouvert de son voile de mystère. Dans l’obscurité des buissons, un grillon esseulé chantait son désespoir. Ou bien cherchait-il à attirer une femelle ? Peu importe, la vacuité de la vie était de toute manière déprimante et Renard préférait la première option, cela collait plus avec son vague à l’âme. Dans son royaume intérieur il se changeait en grillon et mêlait sa belle voix à la complainte de son ami d’un soir. Mais les choses avaient changé tout à coup. Son château de brume s’estompait peu à peu, la valse des grillons voyait les danseurs se séparer. Il n’était plus un enfant.

Bientôt il n’aurait plus d’excuses pour rêvasser tout le jour, bientôt il lui faudrait parler et la timidité si fréquente chez les enfants et que certains ont la bonté d’excuser ne lui serait plus acquise. Elle deviendrait sa tare, son obstacle à surmonter. Pourquoi le monde était-il si cruel avec les rêveurs, les êtres fragiles qui préféraient écouter ? Tous ces prétextes ingénieux, ses jolies excuses… tout partait en fumée à mesure que l’enfant en lui s’agrippait sans espoir de retour. Et il réalisait lentement, avec angoisse que de Nuage flottant et léger il passait à Silence. Que c’est lourd parfois le silence et que c’est confortable aussi ! Il lui semblait qu’on le confortait dans son attitude en même temps qu’on la lui refusait.

C’était un guerrier, et le jour viendrait où il faudrait faire couler le sang, et pas seulement dans son imagination. Un jour viendrait où il lui faudrait peut-être choisir entre préserver l’innocent renard au fond de lui et sauver Cœur de Chouette. Il se sentit égoïste de penser à sa petite sensibilité personnelle qu’il trouvait soudain ridicule. Chouette, elle, avait vécu de terribles moments, avait fait des sacrifices, il le savait bien. Il se rappela son impuissance, les ronrons et la chaleur dont il tâchait de l’inonder lorsqu’il sentait ses larmes couler dans sa fourrure et qu’elle essayait de cacher. Il avait senti son cœur en miettes et se voir incapable de recoller les morceaux lui avait donné envie de disparaître. Malgré les sourires réconfortants qu’elle lui adressait il devinait bien. Elle l’avait toujours protégé de tout et ce quoiqu’il arrive, comme elle le lui avait promis le jour de leur première rencontre. Et lui, Ren, s’était contenté de profiter de sa présence apaisante, il n’avait rien fait. Il se voyait comme une sangsue, il avait pompé l’amour de sa chère Chouette et avait parfois l’impression qu’elle s’était oubliée pour lui. Il devait changer.

Pour sa veillée, et son entrée forcée dans l’âge adulte, il s’était éloigné de la foule rapidement et s’était dirigé vers un rocher moussu près de l’entrée du camp. Son crâne bourdonnait encore des vivats du Clan.

Silence du Renard ! Silence du Renard !
Etait-ce bien lui ?

Un nom de circonstances pour le chanteur qu’on croyait parfois muet. La voix de sa mère avait couvert toutes les autres, elle lui avait arraché un rictus idiot qu’il avait deviné être un accès de bonheur. Tout le monde avait dû prendre cela pour la fierté de devenir guerrier. Pourtant c’était bien la simple vision de sa Chouette heureuse et fière de lui qui allumait son âme. Des fourmis avaient investi son ventre. Il n’était pas fier non, il était heureux qu’elle le soit. Etoile de Jais l’avait supporté tout ce temps elle aussi, il lui avait adressé un léger hochement de tête qu’il avait voulu à la fois sympathique et reconnaissant lorsqu’elle avait prononcé son nom. Cela s’était transformé en une moue gênée. Mais il savait qu’elle avait l’habitude, à force de côtoyer son malaise permanent elle avait dû comprendre son geste. Du moins il s’en était persuadé pour éviter une longue conversation qui le verrait muet au bout d’une minute après un merci de rigueur.

Après toute cette agitation autour de sa petite personne, à laquelle il n’avait pas envie de s’habituer, la solitude de la nuit lui faisait du bien. Son stress commençait à retomber, les battements de son cœur se calmaient et il pouvait savourer la sensation fugace du petit coup de tête plein de douceur échangé avec sa mère après qu’il eut juré de garder le silence toute une nuit. Son contact restait attaché à sa joue comme un porte-bonheur, un talisman. Il avait voulu lui dire à quel point il était reconnaissant qu’elle ait pu poser les yeux sur une créature comme lui, à quel point il l’aimait et comme il avait senti sa douleur et comme il aurait voulu la lui retirer, prendre tout ce poids sur ses épaules. Il ne put pas. Il savait, espérait, qu’elle devinait très bien tout cela. Mais il savait également que cela n’était pas toujours suffisant, qu’un regard ne suffisait pas, un mot, un geste pouvaient tout changer. Il savait qu’il n’y a pas de vrai amour sans preuves, pourtant il garda ses émotions ingérables au creux de son estomac de peur qu’elles n’explosent à la vue de tous. Il préféra se retrancher derrière un air vaguement enjoué et son cher silence.

Rien de plus facile que cette veillée pour lui. La soirée était belle, la forêt bruissait sous le vent et l’Ombre s’endormait peu à peu, bien gardée. Il pensait aux petits, pelotonnés dans leurs nids de mousse, leurs petits corps chauds se soulevant doucement. Il pensait aux apprentis, stressés pour leur entraînement du lendemain, aux guerriers amoureux et aux guerriers en colère. Il pensait aux étoiles qui ne seraient, pour lui, jamais que des lucioles très lointaines.

Silence du Renard se sentit une vieille âme dans un jeune corps. Et ce depuis le jour où Racine était morte. Elle qui n’avait pas voulu de lui mais l’avait protégé quand même. Peut-être qu’il était mort avec elle ce jour-là. L’avenir lui semblait fade et sans couleurs malgré tous les coups de pinceaux que Cœur de Chouette lui avait mis. Que pourrait-il bien arriver à quelqu’un comme lui, timide et incapable d’exprimer ses émotions ? C’était comme si tout l’ennuyait, à croire qu’il était arrivé au bout du chemin. Petit – apprenti – guerrier. Voilà on peut s’arrêter maintenant, rideau !

Et pourtant, si intelligent fût-il, Silence du Renard se trompait. Et le monde souffla sur lui des choses qu’il ne put entendre. Le sentier de son destin ne s’arrêtait pas à ce rocher de mousse. Loin de là.


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La perfection Naru.



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