Allez viens, j't'emmène au vent, je t'emmène au dessus des gens. ft Ambrou

Les premiers rayons de l'aube pointait le bout de son nez lorsque Renard Polaire rentrait de sa patrouille de nuit. Les guerriers restant remuaient déjà dans tout les sens, actifs et prêts pour débuter leur journée, les apprentis se faisaient presser par leurs mentors, hâtant ceux ci de débuter leurs tâches respectives, les reines & les chatons s'éveillaient gaiement, certains encore somnolent, les anciens commençaient déjà à râler et rouspéter que leurs litières étaient humide et que des puces les piquaient de par et d'autre de leurs fourrures miteuses. C'était une journée comme une autre, et Renard les aimait ainsi, routinières.

Son ventre se mit à gargouiller, résultat de ses efforts passés la nuit dernière, et il jeta un coup d’œil sur le tas de gibiers qui semblaient faiblement garnis. Hm.. Tant pis, pensa-t-il. Il observait la prochaine patrouille de chasse qui s’apprêtait à partir et échangea un hochement de tête avec l'un d'entre qui le saluer en empruntant la voie de sortie. Lui-même fit demi tour et alla se poser près de la tanière des guerrier où il entama une toilette minutieuse sur sa fourrure très épaisse. C'était toute une épreuve pour le jeune guerrier que de parvenir à donner un aspect correct à sa longue robe hivernale, quelques poils acharnés lui tenaient tête sans cesse, et il finissait toujours par se résoudre à les laisser comme tel, en bataille, après tout le charme naturel, légèrement désinvolte, c'était bien aussi, non ? Il passa un dernier coup de langue entre ses coussinets, puis à peu prêt satisfait de la couleur et l'esthétique de ses poils, et se joncha un moment et s'aperçut qu'il avait prit un peu de poids, sa mère lui dirait "boh, tu es rondouillard comme un chaton mon chéri !" et Renard Polaire rougirait de honte.

Il observa le camp qui était à présent presque désert, la plupart des apprentis étaient avec leurs mentors où s'occupaient des anciens décrépies. Les reines jouaient paisiblement avec leurs chatons à l'entrée de la Pouponnière, et Renard Polaire tout en glissant son regard en direction de la tanière du fond, il se demandait comment les Herboristes faisaient pour supporter constamment l'odeur des plantes, certaines étaient si odorantes qu'il en avait la nausée. Il était bien content d'être guerrier.

C'est en étant ainsi, posé & perdu dans ses pensées que Renard Polaire se rendit compte à quel point il pouvait être seul parfois, évidemment se terrer dans un mutisme constant ne l'aidait pas vraiment à se faire des amis, et bien que, généralement ça ne lui posait pas de problèmes, il y en avait bel et bien un. Je dis, habituellement, il aimait bien se complaire dans sa solitude et se contenter d'observer ce qui l'entourait. Mais aujourd'hui, il se sentait un peu déprimé et dépassé par la vie qui coulait à une vitesse folle, et lorsqu'il essayait de se remémorer des moments heureux en compagnie de personnes à qui il tenait, il en comptait peu sur le bout de ses pattes. C'était décidé, il allait y remédier et sortir de sa zone de confort, déterminé plus que jamais, Renard Polaire se leva d'un bond, gonflé de courage et désireux de rencontrer ceux qu'il appelait camarade de Clan, pour avoir à les appeler autrement, comme ami par exemple. Il aperçut au loin, une frimousse tricolore qui faisait des va et viens au milieu du camp. Il avait du mal à retenir son nom, car il était quelque peu original et surtout scellé par des origines lointaines des sienne, mais il était surtout extrêmement long. Rivière.. heu... Il se creusa l'esprit, tout en fronçant des sourcils, Rivière des Terres Perdues ? Heu non, c'était pas vraiment ça. Un effort Renard Polaire, tu y es presque ! Rivière des Terres Inconnues ! Pouah, ça commence bien.

Il ravala son appréhension et se dirigea à pas discret vers la minette qui ne semblait pas l'avoir remarqué.

« Hum, hum. Il se racla la gorge. Salut, Rivière des Terres Inconnues. Il avait récitait son nom, comme un apprenti herboriste récite ses plantes médicinales. Malgré tout, il souriait, fier comme un paon d'avoir pu la nommer sans s’emmêler les pinceaux. Ça te dit que je te fasses un peu plus visiter nos terres ? Je sais qu'on t'as montré en surface chaque parcelle de notre territoire, mais je suis sûr qu'on ne t'a pas montré avec plus d'approfondissement les secrets qu'il recèle ! »

Il avait un toc lorsqu'il était gêné, son oreille gauche s'agitait nerveusement et sa queue battait de l'air, malgré tout, Renard Polaire était quelqu'un d'assez calme et il tentait de maîtriser la situation de façon détendu et solennel.

Rivière des Terres Inconnues

Un nouvelle journée débutait. Qu'est-ce qu'il fallait faire dans l'ordre déjà ? Patrouiller ou aller chasser ? Il ne fallait pas qu'elle mange non ? C'était une des règles, ne pas manger avant les anciens... Ah et les reines et les chatons aussi ! De toute façon, avec la Marée Noire, pas grand monde avait envie de manger... Quand on savait qu'on risquait d'être empoisonné à tout moment ! Rivière des Terres Inconnues se mit sur ses pattes, donna un coup de langue sur son poitrail et s'extirpa d'entre ses camarades. Cela lui faisait toujours bizarre de dormir à la belle étoile alors que dans les Montagnes, leurs tanières étaient enfoncées dans des grands murs rocheux. En même temps, il faisait si doux ici ! Presque pas de vent, pas de courant d'air froid, pas de neige et surtout, pas d'aigles. Car c'était bien pour ça aussi que les chats de sa tribu ne dormaient pas dehors. Cependant, elle ne pouvait s'empêcher de jeter régulièrement des coups d’œil vers le ciel, méfiante. Certains réflexes mettront du temps à disparaître.

Rivière bailla et regarda autour d'elle, cherchant son mentor Rêverie du Loir. Sans étonnement, elle le repéra encore allongé, endormi avec quelques guerriers. Ils commençaient habituellement leur entraînement en fin de matinée donc elle aurait du temps à tuer jusque là. Elle était pourtant si impatiente ! Il y avait tant de choses à apprendre et à découvrir... Elle était toujours fascinée d'être ici, à Valeemar, au sein d'un clan de chats dont elle n'avait entendu parler qu'en histoire par Étoile des Ouragans et Feuille des Neiges il y a quelques lunes seulement. L'excitation de la nouveauté lui faisait un peu oublier son ancien foyer, mais il lui arrivait parfois de repenser à ses amis et sa famille, au loin vers les hauteurs... Bref ! Ce n'était pas le moment de se charger l'esprit pour rien. Cependant... Que pouvait-elle bien faire ?

Elle avança à travers le camp, le pas un peu hésitant, jetant des coups d’œil de tous les côtés. Est-ce que... Est-ce qu'on attendait quelque chose d'elle ? Devait-elle effectuer une tâche en particulier quand elle n'était pas en entraînement ? Elle se sentait un peu seule et impuissante sans son mentor auprès d'elle. Elle ne connaissait pas encore très bien les autres apprentis, et encore moins les noms de tous les guerriers. Devait-elle se poster à l'entrée du camp et le garder ? Après tout, on lui avait bien expliqué qu'ici, on apprenait à la fois à être chasse-proies et garde-caverne. Mais on est pas  dans une caverne. Elle n'eut pas le temps de se décider qu'un raclement de gorge se fit entendre derrière elle. Oups, est-ce que je vais me faire disputer ?

Elle se retourna et se retrouva face à face avec un matou à la fourrure très épaisse, crème et marron. Ses yeux vert étaient fixés sur son visage. C'était... C'était... Oh par la Tribu de la Chasse Éternelle, c'était qui ? Elle n'avait pas encore retenu les noms de tous les membres du Clan du Vent, et elle n'avait jamais vraiment discuté avec ce guerrier en particulier. Habituellement, elle le voyait plutôt dans son coin.

Elle ne put s'empêcher de glousser doucement lorsque le félin la salua. C'était drôle d'entendre son propre nom prononcé avec un accent si étrange !

« Excuse-moi, c'est rigolo comment tu dis mon nom. Tu peux m'appeler Rivière ! »

Elle tendit la patte vers lui, comme elle avait l'habitude de le faire au sein de la tribu pour saluer les siens. Cependant, comme l'autre en face ne réagissait pas, elle se rendit compte avec gêne qu'ils n'avaient sûrement pas cette tradition ici et qu'elle avait dû passer pour une idiote. Elle la reposa comme si de rien n'était et rendit son sourire à son aîné, en espérant qu'il n'aurait pas fait trop attention. Il avait une façon amusante de parler, son oreille n'arrêtait pas de bouger ! Elle se retint de lui faire remarquer, ne voulant pas le vexer.

« Oh avec plaisir, c'est super gentil ! Mais je, euh... Je sais pas si j'ai le droit de sortir sans Rêverie du Loir ? Tu es sûr que je n'enfreins pas une règle ? »

Elle inclina la tête de côté, l'air interrogateur. Oh, il faudrait peut-être aussi que je lui demande son nom quand même... pensa-t-elle tout à coup.

« Ah et, ne le prends pas mal mais... Comment tu t'appelles déjà ? »

La première réaction de la féline tricolore fut de rire face au récital de Renard Polaire, celui ci parut d'abord confus, pourquoi riait-elle ? Son oreille s'agita de nouveau avec nervosité, il était prit au dépourvu, si il y avait bien une réaction à laquelle il s'attendait, ce n'était pas celle là. Il s'était pourtant tant appliqué à dire son nom comme il se doit, rare étaient ceux qui faisait cet effort, non Renard Polaire ne comprenait vraiment pas et pour cette raison, il s'en vexa d'abord.

Puis, cette façon honnête et enfantine qu'avait Rivière de s'exprimer, radoucit le matou crème et brun, il retroussa le nez surpris, et esquissa un sourire sincère lorsqu'elle l'invita à raccourcir son prénom. Ce qui le fascinait le plus, c'était cet accent étrange et chantant qu'elle avait lorsqu'elle parlait, on avait l'impression que c'était une douce mélodie, ce n'était vraiment pas désagréable à l'oreille et Renard Polaire était persuadé qu'il s'en accommoderait vite, ça piquait même sa curiosité. Il se rappelait d'une Guerrière de la Rivière qui avait également un accent, et qu'elle gardait malgré tout le temps passée parmi son Clan maintenant, cela voulait-il dire que Rivière garderait ce petit air exotique dans sa voix toute sa vie ? Personnellement, lui ça ne le gênait pas, mais il imaginait sans mal, certains autres guerriers mal attentionnés qui se moqueraient d'elle juste pour ça. Il fut pris soudain d'une bouffée d'injustice et se gonfla de contrariété, jamais tant qu'il serait dans les parages, il ne laisserait un guerrier en humilier un autre. Il avait la patte dur sur ses valeurs et ses principes.

Autre chose qui n'échappa pas à Renard Polaire, la jeune chatte lui tendit la patte, pourquoi faire exactement, mais devant son incompréhension évidente, elle se ravisa bien vite et eu un petit sourire gêné, le guerrier fronça un sourcil et en leva un autre, pourquoi avait-elle fait ça ? Il n'y connaissait pas grand chose en femelle, bien que son père avait eu pour réputation, d'un coureur de jupons, lui était loin d'en être un, tellement loin, qu'il était certainement le guerrier le plus bourru et maladroit que vous croiserez concernant ces demoiselles... et il espérait que ce n'était pas une avance de la part de la tricolore, parce qu'elle était bien trop jeune et qu'en plus il ne l'a connaissait pas du tout, et puis surtout parce qu'il serait incapable de répondre à ça. Il fut pris de panique, mais la voix mélodieuse de Rivière le sorti de ses pensées, et il sut discerner de l'inquiétude dans ses paroles lorsqu'il suggéra qu'elle n'était pas autorisée à sortir sans son mentor.

Décidément, Renard Polaire était un imbécile, il oubliait parfois que la jeune chatte n'y connaissait rien aux coutumes des Clans, et ce qu'il avait d'abord prit pour une avance de sa part était peut-être finalement, juste un des usages de sa tribu à elle ? Il fut attendri par la méconnaissance de la jeune chatte quand aux traditions des Clans et il eut envie de la rassurer comme un chaton, mais il était encore bien trop réservé pour parvenir à montrer la moindre émotion, d'autant plus face à quelqu'un d'étranger. Il ria gentiment lorsque celle-ci lui confessa qu'elle avait oubliée son nom, il ne pouvait pas lui jeter la pierre, lui même avait pris un temps fou à se rappeler du sien. Mais là où ils différaient tout les deux, c'est qu'elle, était arrivée dans un lieu inconnu, avait rejoins un Clan qu'elle ne connaissait pas, loin de ses proches et de tous ce qu'elle avait toujours connu, avait dû apprendre les noms et rôles de chaque membre du Clan. Ça, c'était une tâche difficile. Alors que lui, n'avait qu'un seul nom nouveau à apprendre, puisque les membres du Clan était comme une grande famille pour lui et que naturellement, il avait grandit entouré de ces chats, donc ce qui était évident pour lui ne l'était certainement pas pour la pauvre Rivière.

Il décida de répondre d'abord par la dernière question.

« Ne t'inquiète pas, ça ne doit pas être évident tout les jours pour toi de retenir tant de choses, j'admire beaucoup ta volonté, je n'en aurais pas tant si j'étais entouré d'étrangers. Il marqua une pause, se rendant compte qu'il s'égarait complètement de la dite question. Mon nom est Renard Polaire, tu n'as pas dû en croiser beaucoup des renards dans ta montagne... Mais je ne te souhaites jamais d'en rencontrer ici. »

Il l'observa un moment et se rendit compte que la bonne humeur de la jeune chatte l'avait énormément détendu, lui qui était de nature plutôt distant, il se sentait à l'aise. Ou peut-être que c'était parce qu'elle était nouvelle ici et qu'il savait qu'elle n'aurait certainement pas un jugement de valeur vis-à-vis du grand matou crémeux. Renard Polaire avait certainement un soucis d'insécurité quand à l'image de soi, mais il lui semblait, que la petite chatte des montagnes ne semblait pas s’accommoder à ce genre de futilités. Ou peut-être que si mais qu'elle n'en montrait rien ? Après tout, il ne connaissait rien d'elle.

« Et tu as le droit de sortir tant que tu es en compagnie d'un guerrier, et devine quoi ? Il lui fait un clin d’œil. J'en suis un. »

Il s'autorisait un peu de sens de l'humour, après tout, c'était pas souvent que le jeune matou échangeait avec d'autre camarades, autant sortir toutes les cartes dont il était capable. Ça faisait du bien de sortir un peu de sa coquille et de se sentir léger parfois. Le lâcher-prise finalement, c'est tout un art qu'il ne maîtrisait pas encore tout à fait.

Rivière des Terres Inconnues

Rivière avait beau savoir dans quoi elle allait s'engager quand elle avait décidé de quitter la Tribu pour accompagner Feuille des Neiges, elle ne s'attendait pas à être autant déstabilisée. Tout, vraiment tout était différent ! Les paysages, la nature, les coutumes, les techniques de chasse, même la nourriture ! Elle allait regretter le goût d'un aigle fraîchement attrapé. C'était comme... Naître une deuxième fois, il fallait tout réapprendre. Cependant, elle s'estimait heureuse et chanceuse d'avoir le droit à cette vie extraordinaire, et qu'on l'ait laissé rejoindre un des clans. Peut-être était-ce une première même. Y avait-il d'autres de ces ancêtres de la Tribu des Roches Célestes qui avaient quitté les Montagnes pour rejoindre les clans il y a bien longtemps ? Si c'était le cas, personne ne s'en souvenait.

L'air interrogateur que prit le visage de son camarade de clan lui fit comprendre qu'en effet, son geste de salut était totalement étranger ici. Elle ne prit pas la peine d'être gênée, après tout, ce genre de chose arriverait souvent lors de ses premières lunes ici ! Le rire du guerrier poilu la rassura, il n'avait pas mal prit son manque de mémoire. Ses louanges surprirent la petite femelle et elle le remercia d'un grand sourire rayonnant. Il n'avait pas tort, c'était si dur de retenir toutes ces nouvelles informations ! Il ne faut pas manger ça, il ne faut pas se balader là-bas, regarde cette position, c'est comme ça qu'on chasse... Ça ne faisait qu'une lune qu'elle était là et sa tête lui tournait déjà en repensant à tout ce qu'elle devait retenir ! Et, il était vrai qu'elle était complètement entourée d'inconnus. Cela avait été dur de se séparer de Feuille des Neiges avec qui elle avait autant sympathisé pour se retrouver au milieu de dizaines de félins qui ne s'attendait jamais à la voir débarquer. Mais, son côté social lui facilitait la vie, elle n'était pas trop timide et aimait discuter et apprendre de tous ces nouveaux chats ! Finalement, Rivière apprit le nom de son interlocuteur.

« Renard ? C'est quoi ça un renard ? C'est un type... d'aigle ? »

La petite féline leva de grands yeux interrogateurs vers son nouvel ami de la journée. Ce dernier termina de lui répondre en lui confirmant qu'elle avait bien le droit de sortir à ses côtés. Ouf !  Elle n'aurait pas à attendre la fin du looong sommeil de son mentor. Le clin d’œil de Renard Polaire alluma en elle son côté joueur et elle répondit en rigolant :

« Je sais bien que t'es un guerrier, t'es plus grand que moi ! Enfin... Un peu tout le monde est plus grand que moi en même temps. Vous, les chats des clans, vous avez de si longues pattes ! »

Elle se mit sur la pointe des siennes pour essayer de se mettre au niveau du matou mais c'était mission impossible. Il était aussi plus large qu'elle, et ses pattes musclées témoignaient de son habitude de courir sur les terres du Vent. La féline des Montagnes, elle, avait les pattes arrière bien développées pour grimper le long des façades rocheuses et pour bondir sur leurs proies. Peut-être qu'elle n'aurait pas de mal à adapter ces atouts à la course après tout. Elle se tourna finalement vers la sortie du camp et demanda :

«  Du coup, Renard Polaire, où est-ce qu'on va ? Pour moi, chaque lieu est secret donc ça ne sera pas difficile de m’impressionner ! Tu connais vraiment toute la vallée ? C'est si grand pourtant ! »

La petite avait du mal à s'arrêter de parler et de poser des questions, la perspective d'aller découvrir de nouveaux horizons la rendait complètement impatiente. Tout à coup, elle se sentit très reconnaissante que Renard Polaire soit venu la chercher rien que pour lui faire plaisir, alors qu'ils ne se connaissaient quasiment pas. Elle regarda derrière elle pour plonger son regard pétillant dans le sien. À l'aventure maintenant !

Renard esquissa un sourire amusé lorsque son interlocutrice compara les goupils roux à des rapaces brun, quel drôle d'idée que de croire qu'un renard était un aigle ! Puis son sourire s'étira lorsque la jeune chatte se perdait dans ses explications concernant la hauteur des chats des Clans. C'était d'autant plus ironique puisque le Clan du Vent était réputé pour être les plus petits chats des Clans, ils avaient beau être hauts sur pattes, car taillés pour la course, leurs corps étaient plus sveltes menus.

« Un renard c'est... Il cherchait dans son esprit comment décrire un animal qu'elle n'avait jamais vu et dont elle n'avait aucune référence, il aurait pu les comparer à des petits chiens, mais il était persuadé qu'ils n'y en avaient pas non plus dans les montagnes. Il essaya donc quelque chose. C'est un peu comme des espèces de chats, mais plus grands et plus féroces, avec des canines très pointues, un museau long et fin, des grandes oreilles noires, une fourrure rousse, une forte odeur nauséabonde et.. je crois que j'ai tout dit ? »

Il marqua une pause, cherchant quoi ajouter de plus, mais il avait le sentiment que son explication était quand même clair et précis, et que si un jour, malencontreusement la jeune chatte tombait nez à nez avec un de ces canidés galeux, elle saurait, à sa description que ça en est un. A présent il lui pointa du museau, le centre du camp où vaguaient à leurs occupations quelques guerriers et apprentis.

« Si tu observes bien les membres du Clan du Vent, lorsque tu iras à ta première assemblée, tu te rendras vite compte que nous ne sommes pas les plus grands. D'ailleurs si tu as rencontrée Etoile d'Ouragan, tu devrais savoir que les chats du Clan du Tonnerre ont une carrure bien plus impressionnantes que tout les chats des autres Clans. Mais.. Il se pencha vers elle pour lui chuchotait quelque chose... On est les meilleurs en rapidité et en endurance, donc ces lourdaud sac à puces n'arrivent en rien à nos chevilles. »

Il lui fit un clin d’œil complice, bien que c'était sur le ton de l'humour et que Renard Polaire avait du respect pour les autres Clans, il avait un petit côté patriote et loyal envers son Clan qu'il ne laissait pas de côté.

La jeune apprentie enchaîna sur des questions, elle voulait savoir où ils allaient, et il n'en avait aucune idée sur le moment, il réfléchissait à toute vitesse. Le sens pratique voudrait qu'il lui présente la lande en premier lieu, mais son côté orgueilleux qui voulait l'impressionner, penchait pour les ruines ou les falaises, rien que pour voir ses grands yeux tout ébahis et sa bouche entre-ouverte lorsqu'elle verrait ses paysages mystiques de leurs terres, dont il était si fier. Mais, Renard Polaire trancha pour un entre-deux, et décida de l'emmener à un autre endroit en tout premier, il savait que ça lui plairait.

« Comme la Saison des Feuilles vertes vient de débuter, quelques fruits doivent déjà être au rendez-vous. Donc, on va commencer par le Jardin des Pommiers. Je suis sûr que tu n'as jamais vu de fruits dans les montagnes, avec ce temps sec, venteux et dénué d'arbres. Bon je te préviens d'avance, ça n'a pas d'intérêt pour nous autre, chats. Mais les bipèdes adorent s'en repaître, ils croquent dedans et apprécient leur goût sucrée et juteux, il appuya ses mots par une grimace de dégoût. Tu verras, c'est très joli à voir. Bien sûr on va devoir parcourir la lande pour atteindre notre objectif, mais je ne vais pas trop m'attarder à cet endroit puisque comme tu vois... nous sommes entourés de lande. »

Il éclata d'un petit rire sincère, heureux de se sentir à l'aise et de mettre de côté sa timidité, lorsqu'il fallait présenter la fierté de ses racines. Ça n'était pas la lande de CerfBlanc, mais Renard Polaire aimait beaucoup ses nouvelles terres. Et il espérait que Rivière des Terres Inconnues les apprécierait autant que lui ! Ils se mirent en route donc, et ils commencèrent à franchir la lande de bruyère, le vent soufflait doucement à ce jour, et les fleurs dansaient sous la brise chaude matinale.

Rivière des Terres Inconnues

Le territoire de la Tribu des Roches Célestes était étendu, il n'y avait aucun doute là-dessus. Lorsque l'on sortait de la Clairière des Roches Célestes, leurs terres s'étendaient tout le long de leur Montagne. Il n'y avait pas que des rebords escarpés et des chutes mortelles à chaque longueur de queue, mais bien des grands plateaux de pierre parsemés de buissons et d'arbres sans feuille, des grottes trop profondes pour que l'on puisse les explorer entièrement et, rarement, des petites oasis où quelques plantes arrivaient à pousser. Avec un peu de chance, on pouvait y trouver du gibier terrestre, des mets rares pour la Tribu qui se nourrissait principalement d'oiseaux. Mais tout cela, comparé à Valeemar, c'était... Indescriptible. Rivière ne s'était jamais rendue compte d'à quel point le monde pouvait être divers et que tant de chats pouvaient vivre dans un tel territoire. Elle avait découvert des paysages qu'elle n'aurait même pas pu imaginer en rêves, et il lui restait tant à voir !

Apparemment, cela valait aussi pour les animaux. La petite essaya de s'imaginer le renard tel qu'il était décrit par son camarade et une sorte de chat difforme apparut dans son esprit. Un long museau fin qui cachait une myriades de dents pointues ? Brrr, elle espérait ne jamais être confrontée à cette créature ! Renard Polaire lui indiqua ensuite le milieu du camp pour l'inviter à regarder le reste des membres du clan. Elle observa avec curiosité tous ces chats de corpulences et tailles différentes et acquiesça lorsque son ami évoqua Étoile des Ouragans. Lorsqu'elle l'avait trouvé pour la première fois dans une grotte sur le territoire de la Tribu, elle n'avait jamais vu un chat aussi gros ! Il était si grand et musclé, et son pelage n'avait fait que renforcer cette impressionnante carrure. Feuille des Neiges, à côté de lui, avait paru bien svelte. Quand cette dernière et Rivière étaient revenues des Montagnes et avaient parcouru les clans, elle avait pu voir d'autres membres du Clan du Tonnerre et pouvait donc facilement croire Renard Polaire.

Celui-ci se pencha vers elle pour jeter une petite pique envers leurs rivaux. Elle avait beau savoir qu'il disait ça avec humour, elle ne put s'empêcher de s'offusquer. Elle recula un peu, regardant le guerrier avec de grands yeux surpris.

« Étoile des Ouragans n'est pas un lourdaud ! Il a sauvé ma Tribu, et Conteur avait confiance en lui ! »

Une pointe de tristesse s'insinua dans sa poitrine alors qu'elle revit dans son esprit le pelage blanc de l'ancien Soigneur mais elle décida de ne pas se laisser emporter par ses émotions. Renard Polaire ne savait rien de tout cela et il essayait juste de blaguer, elle le savait. Peut-être qu'elle lui raconterait en détails ce qui s'était passé, un jour. Elle reprit un air joyeux et enjoué lorsque le guerrier au long pelage lui décrit l'endroit où ils allaient se rendre. Des fruits ? Elle en avait déjà vu parmi les plantes médicinales de Conteur mais c'était des toutes petites baies. Qu'est-ce que c'était un pommier ? Elle n'en pouvait plus d'attendre, il fallait qu'ils partent ! Elle se mit à tourner en rond en faisant des petits bonds, impatiente.

«Alleeez, arrête de tout me décrire ici et allons voir ! »

Elle n'eut pas besoin d'en dire plus car Renard Polaire s'élança vers la sortie du camp. Elle le suivit, pleine d'énergie et ils traversèrent ensemble les landes de bruyère. Elle sentit les petites fleurs sous ses coussinets alors que le grand paysage des terres du Vent s'étendait devant elle. Le sol était si doux ici, comparé à la Montagne ! Ses pattes étaient encore dures, habituées aux pierres et cailloux de son ancienne maison et elle n'avait pas encore la sensibilité des chats des clans. Elle courrait donc moins bien que son camarade, et sa démarche n'était pas aussi gracieuse et fluide, ses pattes martelant le sol plus fort. Elle fit des efforts pour essayer de rester au niveau de Renard Polaire, trébuchant légèrement de temps en temps. Elle lui jeta un regard complice, anticipant un éventuel commentaire.

« Eh, me regarde pas comme ça, si on doit faire un concours de saut, tu verras qui gagnera ! »

Elle lâcha un petit rire qui devait sonner exotique pour les chats de clan avant de ralentir et d'ouvrir de grands yeux émerveillés.

« Waaah, c'est ça des pommiers ? »

Devant eux se dressaient de nombreux arbres entremêlés, chargés de feuilles mais aussi... D'énormes baies ! Elle n'avait jamais vu des fruits aussi gros. L'endroit était vraiment magnifique et très différent de ce qu'elle avait vu de leur territoire jusqu'à maintenant. Rêverie du Loir lui avait bien fait faire un tour des terres lorsqu'elle était arrivée mais elle n'était jamais venue aussi proche du Jardin de Pommiers. On pouvait entendre tout un tas de chants d'oiseaux et voir ces derniers virevolter d'arbres en arbres. Au sol, la bruyère avait fait place à une herbe verte, longue et douce et la lumière du soleil perçait à travers les branches, envoyant de longs filets lumineux vers la terre.

« C'est magnifique... Je n'ai jamais vu ça dans les Montagnes. C'est presque aussi beau que les Ruisseaux Mélodieux. »

Elle faisait référence à un lieu que Renard Polaire n'avait jamais vu, et ne verrait jamais, maintenant que l'éboulement avait condamné son entrée. C'était le sanctuaire où Conteur des Ruisseaux Mélodieux interprétait les signes de la Tribu de la Chasse Éternelle et communiquait avec elle. Un endroit mystique, magnifique et totalement différent du reste des Montagnes. Elle se tourna vers Renard Polaire, le regard malicieux.

« Je suis sûr que t'es pas cap de croquer dans... Dans un des fruits, là. »

Elle ne savait même pas comment les nommer.