N U A G E D E F R E N E | La haine au ventre

CARACTÈRE
    - Comment tu décrirais le caractère de ton perso ? N'oublie pas ses qualités et ses défauts : Nuage de Frêne est un chat au caractère explosif. Impulsif, il a tendance à se laisser guider par ses sentiments plutôt que par sa raison et a du mal à se contrôler. Sa susceptibilité extrême ne joue pas vraiment en sa faveur et il lui arrive régulièrement de sortir de ses gonds. Alors il crie, hurle, se bat, ses mots deviennent aussi aiguisés que ses griffes et il n’a aucune limite. Il est capable de trouver des paroles acerbes et de viser en plein dans le mile, pile là où ça fait mal, dans le but volontaire d’ébranler son interlocuteur. Il ne connait pas l’empathie et ne fera preuve d’aucun ménagement, peu importe le chat qui se tient devant lui, qu’il lui soit cher ou non. Alors parfois il lui arrive de regretter ses paroles horribles après les avoir vociférées mais c’est plus fort que lui, blesser les autres est un moyen de se défendre lui-même. Il est d’un naturel plutôt maussade et grognon ce qui fait que les autres n’osent pas trop l’approcher et ne se lient pas d’amitié avec lui. Cependant, appréciant la tranquillité et la solitude, ça ne lui pose pas de problème. Il arrive toutefois qu’il ait certains jours de bonne humeur et son visage s’éclaire alors de quelques sourires aussi désarmants que rares et il fait preuve d’un sens de l’humour malicieux et plein d’esprit. Ces quelques éclaircies sont imprévisibles et exceptionnelles. Lui-même ne pas expliquer pourquoi son humeur change ainsi et surtout aussi rapidement. Passant du rire à la colère en passant par une indifférence glacée, il est plutôt difficile à suivre et peu peuvent se vanter de le supporter. D’autant plus que, lors de ses accès de colère, il devient vraiment impressionnant et il faut une grande force pour ne pas plier sous ses attaques.

L’arrogance est un autre de ses défauts. La personne qu’il aime le plus au monde après sa sœur c’est lui-même. Il a une confiance totale en ses capacités et ne se remet jamais en question. Assuré, beau parleur (peut-être un peu trop franc) même s’il n’est pas toujours très loquace, il ne se démonte jamais même devant ses supérieurs. Personne n’a jamais réussi à lui faire courber l’échine ni à l’intimider. Il n’a peur de personne. Son entêtement est tel qu’il serait même prêt à tenir tête à Kyrielle d’Âme, leur guide. D’autant plus que c’est une femelle et que le jeune matou ne les aime pas trop. Trop bavardes, trop geignardes, toujours en train de vous casser les oreilles… Il n’y a guère que Nuage de Ronces qui  passe entre les gouttes. Il admire sa force de caractère et sa détermination ; elle est différente. Pourtant le novice est, en apparence du moins, apprécié des femelles. Sa beauté, sans être époustouflante, est indéniable et il possède une certaine aura, dégageant quelque chose de sombre et attirant. Il a de la prestance et il sait parfaitement s’imposer. Bien qu’il ne soit pas d’une carrure très large, il sait exactement comment se montrer impressionnant.

De tous ses défauts, le plus gros est sans doute la colère qu’il porte en lui. Il ressent toujours ce feu le consumer, cette rage qui le détruit et qu’il n’arrive pas à faire disparaître. Il n’a jamais pardonné à son père le coup bas qu’il leur a fait en les arrachant à tout ce qu’ils avaient toujours connu et à leur mère sans leur demander leur avis et en dissimulant ça sous des mensonges éhontés pleins de promesses. Leur relation est depuis ce jour très conflictuelle et le jeune matou l’évite le plus possible bien que celui-ci tente par tous les moyens d’être présent dans sa vie. Il s’entend plutôt bien avec ses autres frères mais il ne partage pas de réels moments de complicité avec eux. La seule qui parvient à l’apaiser est sa sœur. Ils ont toujours été très proches et sa fuite l’a profondément blessé. Depuis qu’elle a rejoint le Clan du Vent, il se sent bien plus seul et bien plus colérique qu’avant. Il a l’impression d’avoir été trahie, qu’on lui a planté un deuxième couteau dans le corps. Quand il le peut, il gagne la lande pour la rejoindre. Il ne peut alors s’empêcher de lui reprocher sa décision et ils finissent toujours pas se tenir tête, chacun refusant de lâcher prise. Mais dans ces moments, Nuage de Frêne se sent vivant, il sent son cœur battre plus vite et devenir plus léger. Très protecteur envers Nuage de Ronce, il lui voue une loyauté farouche et ne reculera devant rien pour la protéger. Elle est l’être le plus cher à ses yeux et à tendance à la couver d’un peu trop près ce qu’évidemment elle n’apprécie pas mais c’est plus fort que lui. Cependant il ne peut se résoudre à la rejoindre dans ce Clan qu’ils ont quitté. La proximité d’autant de chats le met mal à l’aise et il aime trop la liberté qu’il a acquise à l’Astre sans pour autant être attaché à ses félins. Il aime aller où il veut quand il veut et surtout qu’on lui foute la paix. Il ne demande rien de plus.
    - Quels sont ses projets ? Il n’en a aucun. Aucune ambition, aucune envie particulière. Il souhaite simplement pouvoir mener sa vie comme il l’entend, sans qu’on vienne lui dicter ce qu’il doit faire. Il ne rêve ni de compagne, ni de famille, s’attendant à finir sa vie seul.
    - Et au contraire, sa plus grande peur ? N’étant pas d’un naturel anxieux, plutôt je m’en foutiste, Nuage de Frêne n’a pas de phobie ou d’inquiétude particulière. Sa seule vraie peur serait qu’il arrive malheur à sa sœur, maintenant qu’il n’est plus là pour veiller sur elle. C’est une vraie angoisse et il n’a pas du tout confiance en ces félins qui ont laissé un père fou les arracher à eux sans même le remarquer pour prendre soin de Nuage de Ronce.
    - A-t-il un point de vue sur les rivalités claniques ? Une part de son cœur restera toujours accrochée au Clan du Vent si bien qu’ils restent toujours pour lui le meilleur des cinq clans. Cependant, il ne se sent plus concerné par les problèmes entre ces tribus qui se prennent la tête pour un rien. Il apprécie de pouvoir se rendre n’importe où sans se poser de questions désormais. Mais bon sang, il ne comprendra jamais les bouffeurs de poisson d’aller piquer une tête dans la rivière ni pourquoi les chats du Clan du Tonnerre se prennent pour des écureuils à grimper aux arbres comme ça.
    - Quel est son point de vue sur le Clan des Étoiles ? Plutôt indécis sur la question, le jeune félin ne sait pas quoi penser. Il est tout, sauf un fervent croyant respectueux de ses ancêtres. Mais ayant appartenu à un Clan dans les premières lunes de sa vie, on lui a inculqué les bases de la foi et il pense qu’effectivement les guerriers d’antan veillent sur eux. Cependant il ne les croit pas capable d’influencer la vie des vivants.
    - Et sinon, quelle réputation a-t-il : au sein du clan, dans l’ensemble de la forêt ? Nuage de Frêne n’a jamais participé à une assemblée donc il est totalement inconnu des guerriers des autres Clans quant à ceux du Vent, il n’a pas vraiment eu le temps de marquer leurs esprits. Au sein de l’Astre il a une réputation de bagarreur si bien qu’il est plutôt mal vu et jugé, cependant n’ayant jamais rien commis de très grave, personne ne s’en prend ouvertement à lui.
    

PHYSIQUE
    - Ton personnage, il a quel type de pelage ? Nuage de Frêne est un matou avec du potentiel. Sans un être d’une beauté époustouflante, il est plutôt beau. Attirant sans pour autant se démarquer dans la foule et cela lui convient tout à fait. Il déteste que les regards soient fixés sur lui. Son pelage est très soyeux et doux au toucher. Assez fournis, ils sont à peine plus long que la normale et souvent ébouriffés. Oscillant entre différentes nuances de gris, passant du presque blanc au gris cendre en passant par le perle, ses poils deviennent brun roux par endroits. Des rayures noires parcourent son dos et ses joues, donnant du relief à ce pelage particulier.
    - Et il a de beaux yeux ? Le novice n’a pas hérité des si beaux yeux de son père. Les siens sont d’une banalité désarmante, un étrange mélange entre l’ambré et le vert tournant presque au gris. Ils pourraient être plus attirants s’ils n’étaient pas aussi mornes et ternes, monsieur refusant d’y allumer des lueurs d’émotions.
    - Il est plutôt grand, de taille moyenne, ou petit pour son âge ? Nuage de Frêne se situe pile dans la moyenne de son âge et de son sexe, ce qui lui convient tout à fait.
    - Et au niveau de sa corpulence ? Il est bien bâtit sans pour autant être large d’épaule. Au contraire celles-ci sont plutôt étroites mais on devine sans mal les muscles noueux et puissants qui saillent sous son épais pelage. Il est de manière général assez fin et svelte tout en conservant de belles proportions masculines.
    - Quant à ses habilités, il est plus ou moins bon en quoi ? Nuage de Frêne est un excellent chasseur. Souple, agile, il peut se glisser dans le moindre recoin pour attraper sa proie. Quelle que soit la nature de celle-ci, une fois prise pour cible, elle a très peu de chance de s’en sortir. Plutôt bon combattant, il est rapide et assez puissant, mais c’est surtout sa hargne qui le fait gagner. Il manque cependant cruellement d’endurance et doit ainsi taper vite et fort pour avoir une chance de remporter la victoire.
    - Pour finir, a-t-il des signes particuliers ? Une jolie voix grave et faite de velours
    

HISTOIRE
    - Ton perso est-il de sang pur ou de sang mêlé ? Sang Pur
     - Et ses parents, ils venaient d'où ? Vent
    - Les liens familiaux de ton perso : (a-t-il des frères ou des sœurs, sont-ils encore en vie ?)
Son pere et ses freres a l'astre et Nuage de Ronce sa soeur au Vent.
    - Raconte-nous un ou des événement(s) particulier(s) de sa vie (naissance, baptême, cérémonie, ...) :

COUTEAU DANS LE DOS

Il avait chaud. Marchant ainsi en plein soleil, il peinait à respirer tant l’air était étouffant. Pas un nuage n’obscurcissait l’horizon qui se paraît d’un bleu éclatant. Les fleurs, ravies de ce si beau jour, exposaient leurs plus belles couleurs et la lande entière revêtait un manteau fait de violet et d’or qui s’étendait à perte de vue. Les ruisseaux chantaient une chanson fraîche et limpide comme leur eau tandis que le vent reprenait son refrain d’une voix plus grave. Nuage de Frêne n’avait jamais vu la lande ainsi. Elle était d’une beauté incomparable, un véritable joyau inviolable que personne ne pourrait jamais dérober. L’air embaumait de mille fragrances d’été qui lui chatouillaient les narines pour la première fois. Un papillon vint se déposer sur son museau, et le jeune apprenti loucha pour admirer ses ailes colorées. Brusquement, comme une feuille morte, il s’envola à nouveau. Poussant un cri aigu, il se lança à sa poursuite, distançant sa sœur et ses frères qui suivaient leur père entre les broussailles. Ce matin il leur avait proposé de partir en balade en famille. Leur mère devait les rejoindre dans la journée. Il  ne se souvenait pas avoir déjà passé un moment de ce genre, simplement marchant, aussi loin qu’ils le pouvaient, ensembles. Riant aux éclats, il réalisa un bond maladroit et plaqua ses pattes légères sur le petit insecte dans un cri triomphal. Les yeux ronds, il releva doucement celles-ci pour regarder l’animal s’envoler à nouveau dans un  bruissement coloré. Ces animaux l’avaient toujours fasciné. Lui aussi rêvait de pouvoir voler où bon lui semblait, de pouvoir aller n’importe où en si peu de temps et tellement discret qu’il pourrait écouter toutes les conversations, se faufiler dans tous les endroits sans jamais se faire découvrir. Il sentit soudain qu’on le frôlait et, lorsqu’il leva la tête, vit sa sœur qui l’avait rattrapé et cavalait devant lui en direction des autres, de nouveau loin devant. Il se releva d’un bond et cria avant de se lancer à la poursuite : « Eh attends-moi ! Ne me laisse pas seul ! » Au loin un oiseau hurla comme pour leur dire au revoir.

Sous leurs pattes, l’herbe se faisait plus douce. Le sol descendait en pente vers une plaine d’un vert éclatant. Au loin quelques constructions en pierre avec des toits en briques rouges devenaient visibles. Une bande noire sombre déchirait le paysage en deux et, de l’autre côté, des pics acérés se dressaient à en déchirer le ciel. Il devina tout de suite qu’il s’agissait des Hautes Pierres et son cœur s’emballa. On lui avait tellement parlé de cet endroit où les chefs recevaient leurs neuf vies, cet endroit si haut dans le ciel qu’il parvenait à amener le Clan des Etoiles sur terre. Le changement était brusque et radical. Il ne sentait plus le vent dans son pelage, ni l’odeur doucereuse des fleurs. La senteur de son Clan avait elle aussi presque disparue. Où étaient-ils ? Il n’eut pas le temps de jeter un coup d’oeil derrière son épaule sur ces terres qui avaient jusqu’alors été les siennes. Ces terres devenues si habituelles pour lui qu’il venait à peine d’en découvrir la véritable beauté. Ce territoire qu’il avait arpenté tant de fois sans jamais vraiment le regarder. Il franchit la frontière aussi aisément qu’on saute un ruisseau et s’empressa d’emboîter le pas à son père qui était déjà loin devant. Lui avançait avec détermination, le même sourire toujours collé au visage. Pourquoi les emmenait-il aussi loin ? Avaient-ils seulement le droit d’y aller ? Oh mais peut être qu’ils partaient en aventure tous ensemble ! Ça devait être une mission secrète, confiée par le Clan des Etoiles lui-même. Leur mère les rejoindrait sans doute à la tombée de la nuit et ensembles, ils accompliraient quelque chose de grandiose qui inscrirait leur nom dans les légendes. Tout excité, il rejoignit sa fratrie. Ils s’étaient arrêtés au pied d’un arbre pour se reposer. Le soleil commençait à se coucher et ils marchaient depuis plusieurs heures maintenant. Le novice ne s’était pas rendu compte que ses pattes et ses poumons le brûlaient. Les autres jouaient en se roulant dans le gazon, poussant de grands cris et des éclats de rires qui résonnaient autour d’eux. C’était un bien beau moment. S’approchant de son père, Nuage de Frêne lui lança un regard de conspirateur, un grand sourire peint sur le visage. « Dis Papa, où est-ce qu’on va ? »
Mais il était perdu dans ses pensées, trop loin pour l’entendre.
Et seuls les jeux de ses frères lui répondirent.

COUTEAU EN PLEIN COEUR

Il avait froid. Dans cette tanière pourtant à l’abri du vent et de l’humidité, un froid glacial lui mordait les os. Il avait beau se tourner dans tous les sens, il  ne parvenait pas à trouver la chaleur habituelle que lui procurait sa litière. Du bout de la queue, il chercha le corps doux de sa sœur pour s’y blottir. Mais il eut beau tâtonner il ne la trouva pas. Ouvrant les yeux à contre cœur, il leva paresseusement la tête. Il lui fallut plusieurs secondes pour réaliser qu’elle n’était pas là. Voilà pourquoi il grelottait ! Où était-elle bon sang ? Il était tard et si elle ne venait pas se coucher maintenant elle sera incapable de faire quoi que ce soit demain et passerait sa journée à se plaindre. Il renifla sa couche et comprit qu’elle n’y avait pas mis les pattes depuis la nuit dernière. Levant les yeux au ciel, le jeune matou se leva et, le corps raide, partit à sa recherche. La grotte principale était vide, mis à part le félin qui montait la garde. Comme un badaud celui-ci était profondément endormi. Le novice, pressé de faire de même, se mit à fouiller les autres cavités une à une, au cas où elle aurait décidé de dormir ailleurs. Quand il se retrouva à son point de départ, bredouille, il commença sérieusement à s’inquiéter. Sans prendre garde où il mettait les pattes, il se précipita vers la sortie, le cœur battant fort dans sa poitrine. Quelque chose clochait et immédiatement il imagina le pire. Des images horribles du corps désarticulé de sa si précieuse sœur dans un ravin, blessé à mort par un blaireau, attrapé par des bipèdes… Il l’avait vu il y a à peine quelques heures, elle ne devait pas être bien loin ! Sa piste était facile à remonter et il laissa ses muscles délier toute leur puissance, le crâne en feu. Pourquoi donc était-elle sortie en pleine nuit ?

La roche était glissante sous ses pattes, rendue humide par l’humidité du soir. La lune baignait le monde d’une douce lueur d’argent pendant que le chant d’un oiseau esseulé emplissait l’air nocturne. Pourtant il ne voyait rien. Rien d’autre que le chemin étroit devant lui, qui serpentait entre les roches stériles. Il scrutait chaque recoin attentivement sans savoir vraiment ce qu’il cherchait. Un signe d’espoir, de catastrophe ? Allez savoir. Il continuait bêtement d’avancer, suivant une piste qui le mènerait on ne sait où. Mais il devait la retrouver. La panique qui hurlait dans son crâne allait crescendo, suivant le rythme affolé de ses pattes. Il descendit la pente raide, les cailloux la dévalant avec lui, jusqu’à arriver devant le chemin du tonnerre. Bien qu’il ne la sente plus, il savait au fond de lui où elle était allée. Le cœur soudain très lourd, il traversa à toute vitesse, évitant de justesse de se faire écraser. Ses gestes étaient devenus mécaniques, roides. Sans prendre la peine de suivre sa piste il emprunta le chemin de la lande, chemin qu’il n’avait pas pris depuis que leur père les y avait arrachés. Etait-elle si malheureuse ici, avec eux ? Avec lui ? Qu’avait-il fait de mal ? Quand était-elle partie ? Combien d’heure d’avance avait-elle sur lui ? Accélérant l’allure, il se mit à courir à ne plus pouvoir respirer, à en avoir les muscles en feu, courir jusqu’à ne plus sentir d’air pénétrer dans ses poumons. Il volait au-dessus de l’herbe rase, plus vite qu’il ne s’en serait jamais cru capable. Deux fois il trébucha et tomba lourdement au sol. Mais quand bien même son épaule le faisait souffrir, quand bien même le sang chaud s’échappait de ses entailles, il continuait d’avancer, cédant à un appel bestial et désespéré.
Et soudain elle se déroula devant lui. La lande. Sauvage, endormie et pourtant si agitée. Elle n’avait pas bougé depuis la dernière fois qu’il l’avait vu. Toujours aussi indomptable et belle. Il en avait le souffle coupé. Il ne s’était jamais rendu compte que cet endroit lui avait manqué. Et il la vit. Silhouette sombre et discrète, se faufilant entre les ajoncs. Simple tâche noire au milieu d’un décor tout en nuances d’argent. Nuage de Ronce. Il se précipita vers elle mais lorsqu’il ouvrit la bouche pour hurler son nom, l’odeur du Vent s’insinua partout dans son corps et la frontière se dressa soudain devant lui comme une barrière imprévisible, infranchissable. Il ne fut capable de prononcer aucun son. Simplement de la regarder partir, lui glisser entre les pattes alors que son odeur, mêlée à celle de ce qui fut son Clan emplissait ses narines. Au fond, elle leur avait toujours appartenu.  A quoi bon se battre pour quelque chose qu’on ne pourra jamais posséder ? Entre lui et eux, elle avait fait son choix. C’était un esprit libre et il ne pourrait jamais la retenir. Cette limite entre eux lui apparaissait comme un obstacle insurmontable, un passé qui n’est plus et ne peut plus être. La honte de son père, la peur des autres, le regard de sa mère… Il n’était pas prêt à endosser tout cela. Alors il la fixa désespérément, s’effacer toujours plus dans l’ombre. Et tout à coup elle n’était plus là.

Ce fut le déchirement. L’éclat.

Retrouvant brusquement l’usage de sa langue, il cria son nom, aussi fort que ses poumons réduits en miettes le pouvaient. Il cria encore et encore, hurlant son désespoir à la lune. Ne me laisse pas seul.
Mais elle était déjà loin, trop loin pour l’entendre.
Et seul le silence nocturne lui répondit.