Sujet: Un vent de liberté || Ft Masque de Jais Lun 22 Avr 2024 - 11:27
S’ennuyer, Petit Thym connaissait. Une éternité à croupir dans la pouponnière, à attendre d’être suffisamment grand pour en sortir, c’était devenu impossible à vivre. Certes, il avait ses sœurs pour s’occuper et jouer, mais franchement, il avait mieux à faire que de se rouler dans la poussière et se salir. À force de tourner en rond à se languir, il devenait de plus en plus difficile à vivre pour les autres. Déjà que d’habitude il n’était pas particulièrement tendre, maintenant ça devenait carrément tendu, dans la pouponnière. Le petit chat gris n’avait qu’une hâte, devenir apprenti pour pouvoir se sauver de ce trou. Sans blague, qui voulait vivre 6 lunes ENTIÈRES coincé avec des mères et des chatons? Il commençait même à se demander s’il n’allait pas tourner dingue, à force de les entendre piailler et s’inquiéter pour les petits. Pas le choix, il devait sortir, là, maintenant tout de suite. Tant pis pour les conséquences, il verrait ça plus tard. Petit Thym se leva, bousculant une de ses sœur au passage, et fila hors de la pouponnière, prétextant une envie pressante. Franchement, ils étaient tous trop bêtes. Trop facile de sortir avec cette excuse, personne n’allait le surveiller suffisamment longtemps. Le jeune matou huma les odeurs vivifiantes de la forêt, il avait hâte de cavaler dehors. Se faufilant dans le tunnel qui menait au petit coin, il bifurqua brusquement pour s’en éloigner, dissimulé par d’épais buissons. Il fronça les moustaches, fier de lui. Trop facile. C’en était presque décevant, en fait. Lui qui pensait que c’était mission impossible pour un chaton de sortir, au vu des événements, en fait pas du tout. Ou alors il était juste hyper doué. Quand bien même, aucun de ses camarade ne l’avait interpellé pour lui demander ce qu’il fichait sans surveillance. Libre comme l’air, le petit matou se mit à courir de toutes ses pattes, pour éviter de se faire repérer proche du camp. Se faire choper aussi tôt, ça serait dommage, quand même. Et pas question de retourner avec les pleurnicheurs.
Haletant, le petit chat fit une pause. À force de rester au chaud dans son nid, il se rendit compte qu’il n’avait pas beaucoup d’endurance pour la course. Et ses pattes étaient encore très courtes, il ne courait pas bien vite. Il ferait un piètre apprenti, une fois suffisamment grand. De toute manière, apprendre l’art de la guerre et de la chasse ne l’intéressait pas. Si je me débrouille pour avoir l’air nul, aucun guerrier ne voudra m’entrainer, je peux aider mon clan d’une autre manière qu’en me battant, c’est sûr. Puis mince, Petit Thym n’avait rien d’un combattant, à la fin. Il avait horreur de la violence, depuis ce terrible jour qui avait coûté la vie à sa plus jeune sœur. C’était simple, il était paralysé par la peur. Peut-être serait-il banni de son clan s’il refusait de se battre?… le doute l’assaillit soudain. Il aimait son Clan, malgré tout. S’il devait en être rejeté, jamais il ne pourrait s’en sortir tout seul. Le jeune matou secoua la tête. Inutile d’avoir ce genre de pensées maintenant, il verrait bien le moment venu. Peut être qu’avec un bon entraînement… il réussirait à quelque chose. Ou pas. Seul le Clan des Étoiles connaissait son destin.
Rêvassant, Petit Thym trottinait maintenant distraitement. Ses pattes foulaient la terre encore humide avec légèreté. Mille et une odeurs emplissaient sa truffe, et c’était vraiment agréable. Il avait bien fait de sortir, sa tête était déjà plus légère. Pas de cri, pas de pleurs. Juste le chant des vanneaux et le vent qui ondulait dans les arbres. Il avait fait un bout de chemin depuis le camp, mine de rien. Il aurait un tas de choses à raconter à son retour à Patte de Miel et Petit Pavot. Enfin, si elles étaient suffisamment sages pour écouter, du moins. Petit Thym aperçu devant lui, alors qu’il marchait toujours, l’embouchure d’une rivière. Le murmure de l’eau chanta à ses oreilles, et les quelques reflets dispersés par le soleil l’éblouirent. Il fronça les sourcils, un petit désorienté. Il avait vraiment marché loin… Est-ce qu’il allait se souvenir du trajet retour? Il était encore jeune et inexpérimenté. Soudain, derrière lui, un bruissement dans la fronde des fougères. Petit Thym fit volte-face, le pelage hérissé de peur. Si un prédateur l’avait suivi, c’en était fini de lui!
_________________
Fragments d'Onyx Curieux.euse.
Date d'inscription : 29/12/2023 Nombre de messages : 361
Sujet: Re: Un vent de liberté || Ft Masque de Jais Sam 4 Mai 2024 - 12:20
Un vent de liberté
Le cri de Lueur du Crépuscule résonna tout autour de Masque de Jais, alors que, plongé dans l’obscurité, il ne voyait plus rien. La respiration haletante, son cœur battait la chamade alors qu’il courrait à l’aveuglette, ne sentant que la terre mouillée sous ses pattes et le vent cinglant sur son visage. La pluie battait à son plein, l’empêchant d’utiliser son odorat pour retrouver sa compagne. L’eau du ciel lui ruisselait dans les yeux, s’engouffrant dans sa bouche puis dans sa gorge, l’empêchant de respirer. Alors qu’il suffoquait, le cri de celle qu’il aimait résonna encore une fois autour de lui et il se débattait, du plus fort qu’il le pouvait. Mais ses forces le quittait, coupé de sa vision, de son odorat et de sa respiration, il se sentait partir alors qu’il aurait voulu lui hurler qu’il allait venir la sauver. Mais au lieu de ça, un lourd silence s’installa autour de lui, le vide l’happa.
Puis Masque de Jais se réveilla en sursaut, les muscles tendus à tout rompre, roulé en boule dans sa litière. La respiration sifflante, il se redressa pour tenter de laisser entrer plus facilement l’air dans ses poumons. Le félin lança quelques regards furtifs autour de lui, encore submergé par la détresse qu’il avait ressenti dans son cauchemar, dans le souvenir d’une autre vie. Le regard du matou se posa sur Feuille d’Or, endormie non loin de sa litière et il contempla pendant un long instant son corps se soulevant au rythme de sa respiration. Tout va bien, je vais bien, c’est fini, c’était il y a longtemps.
L’ancien se leva, étira ses pattes une à une puis se secoua, chassant la peur qui collait encore à son pelage. Puis il sortit de la tanière et un doux rayon de soleil vint caresser sa fourrure, le ciel était haut dans le ciel, les oiseaux chantaient dans les arbres, et devant lui le camp s’agitaient. Il vit du coin de l'œil une patrouille de guerriers et d’apprentis rentrés visiblement de la chasse, et non loin d’eux une patrouille frontalière sortir en expédition. Les doux souvenirs du temps où il était guerrier viennent lui chatouiller l’esprit et il se rappela à quel point il aimait sortir du camp avec ses camarades. Quand bien même il était trop vieux pour continuer de les accompagner, il pouvait toujours sortir profiter de la forêt giboyante pour lui-même. Salut quelques chats prenant le soleil près du Tas de Gibier, Masque de Jais sorti du camp et s’aventura entre les arbres verdoyants, de ce territoire qu’il avait tant de fois foulé.
Le matou noir et blanc laissa ses pattes l’emmener vers la rivière delta, bien qu’il ne voyait plus bien le monde qui l’entourait, il connaissait par coeur chaque arbre, chaque pierre et chaque feuille de la forêt, lui permettant de se déplacer dans celle-ci sans mal. Cela faisait bien des lunes qu’il n’était pas allé écouter le doux clapotis de la rivière se déversant au travers de la forêt. Si il y avait bien un avantage à ne plus être un guerrier plein de responsabilité, c’était bien de pouvoir profiter de la forêt sans stress, de prendre le temps de profiter de celle-ci sans devoir absolument ramener du gibier au camp. Bien que ce temps révolu lui manquait, Masque de Jais avait appris à apprécier le temps qu’il traversait, à savourer la chance qu’il avait de vivre si vieux, et de pouvoir encore se délecter de ce que la forêt avait encore à lui offrir.
Mais alors qu’il se rapprochait de plus en plus de la rivière, un bruit attira son attention dans les fourrées. Du gibier ? Ne voyant pas à plus de quelques longueurs de queue de renard devant lui, l’ancien leva la truffe, attentif à toutes les odeurs qui venaient jusqu'à ses narines. Bien qu’il espérait sentir le fumet d’un campagnol - sa proie favorite -, il ne fut que déçu lorsqu’il sentit l’effluve d’un chat du Clan du Tonnerre. Avec sa vue qui baissait de plus en plus, l’odorat de Masque de Jais s’était encore plus développé que lorsqu’il était dans sa jeunesse. Humant bruyamment l’air, il reconnut l’odeur d’un des chatons du Clan du Tonnerre, plus particulièrement celle de Petit Thym. Mais que faisait ce chaton, seul en dehors du camp ? Les chatons n’avaient pas le droit de sortir seul du camp ! C’était dangereux pour eux, la forêt regorgeait de dangers, comme les renards ou les hiboux.
Dévient de sa trajectoire, le vieux matou accéléra le pas en suivant du museau l’odeur du petit chaton, remontant sa piste, jusqu’à finir par apercevoir une tâche beige non loin de lui. Petit Thym se trouvait bien devant lui, et Masque de Jais se grandissa tout en se penchant au dessus du chaton, révélant ses croc jaunis par l’âge, et prenant sa voix la plus effrayante :
“Que fais-tu ici Petit Thym ?! La forêt n’est pas un lieu sûr pour les jeunes chats en ton genre ! Dois-je te rappeler que tu n’as pas le droit de sortir du camp, ni même de surveiller ta chère mère avant d’avoir été fait apprenti ?! Ne serais-tu pas une cervelle de souris ? Aah la jeunesse ! Ce n’est plus ce que c’était, croyez moi Ô Clan des Etoiles ! Alors ? Qu’as-tu à dire pour ta défense jeune chat ?!”
Accueil 
Sujet: Un vent de liberté || Ft Masque de Jais 
Lun 22 Avr 2024 - 11:27
