watch the fathers with their little kids - ft. coeur de pluie

petite némésie & coeur de pluie - lune 1211

Quand Petite Némésie s'était réveillée ce matin, le nid de mousse décoré de myosotis au fond de la pouponnière était privé de la chaleur corporelle de sa mère. La reine a sûrement dû se lever aux aurores avec un besoin de s'échapper de ce que représentait la chatonne qui était sa copie même, mais voilà que l'astre solaire était bientôt à son zénith et toujours aucune trace de la jeune guerrière au poil clair. Privée de la présence de sa mère pour la matinée, Petite Némésie avait passé le début de sa journée près de l'entrée de la pouponnière, peu intéressée par les jeux de bagarre auxquels les chatons du clan avaient décidé de jouer aujourd'hui—ces jeux là étaient beaucoup trop violent pour sa précieuse fourrure !—et préférait observer le clan s'activer comme il le faisait chaque jour, avant de somnoler doucement sous la faible lueur du soleil de la saison froide. Bientôt la saison des feuilles nouvelles viendrait apporter plus de chaleur, et peut-être que sa mère se sentirait mieux.

Alors que midi approchait, Petite Némésie avait décidé de retourner dans l'obscurité de la pouponnière, assise sur son lit de fortune qui lui semblait bien froid sans la silhouette de sa mère. De ses prunelles bleues en amande, elle observait la vie dans la pouponnière avant d'apercevoir une silhouette sombre entrer dans l'antre et venir vers le nid de l'une des reines, Lune Givrée. C'était Coeur de Pluie, le lieutenant—on lui avait ordonné de le respecter, mais la petite se demandait bien pourquoi elle devait respecter quelqu'un qu'elle ne connaissait que de nom et qui n'a rien fait pour elle qui lui ferait gagner son respect. Intriguée, la petite chatonne observait ce portrait familial sur le nid voisin sans dire un mot, les yeux grands ouverts et les oreilles tournées vers l'avant pour écouter leurs paroles.

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Petite Némésie & Cœur de Pluie
Lune 1211


Cœur de Pluie nageait dans le bonheur. Lune Givrée se portait bien - quoique encore assez faible - ainsi que leurs deux filles, Petit Astre et Patte Nocturne. Les souvenirs de la mise bas chaotique venaient parfois s'immiscer dans son sommeil, changeant ses rêves en cauchemars, des visions horrifiques dans lesquelles ni Lune ni les petites ne s’en sortaient. Heureusement, ce n’était pas toutes les nuits, et chaque réveil dissipait aussitôt les réminiscences de ces atrocités oniriques. La réalité, c’était que tout allait bien, et que rien ne pouvait le rendre plus heureux que de voir ses filles blotties contre le ventre de leur mère.

La matinée avait semblé infiniment longue. Entre sa participation à la patrouille de l’aube, l’organisation des suivantes et une rapide session de chasse aux alentours du camp, il était épuisé alors qu’il n’était que midi. En même temps, s’il profitait de son temps libre pour se reposer plutôt que d’aller à la pouponnière, il n’en serait pas là mais c’était plus fort que lui : il ne pouvait pas laisser passer la moindre occasion d’admirer sa progéniture.

Les pattes lourdes après ses activités du matin, mais le cœur léger, il se faufila dans la pouponnière. Il croisa le regard vert d’eau de Lune et son pouls accéléra, comme à chaque fois que leurs yeux se rencontraient. Il ne savait pas par quel enchantement la reine au beau pelage perle le tenait captif, mais il n’avait jamais rien ressenti d’aussi fort auparavant, voilà une certitude. Il pressa son museau contre le sien, lui murmura quelques mots à l’oreille et s’enquit de son bien-être, avant de se perdre complètement dans la contemplation de leurs enfants. Elles étaient si petites, le tigré  avait du mal à croire qu’elles deviendraient un jour des apprenties, puis des guerrières. Il détailla leurs fourrures. Nocturne était noire, mouchetée de blanc. Si la couleur principale différait, le motif était le même que celui de Lune Givrée. Astre, elle, avait son pelage à lui, gris clair finement rayé de nuances de gris plus sombre et de noir. Les deux avaient hérité du motif en forme de lune si propre à leur mère. Nocturne sur l’épaule et Astre sur la cuisse. Pluie se demanda si la mère de Lune avait elle aussi ce motif sur son pelage. La reine perle parlait peu de sa mère, principalement parce qu’il n’y avait rien de spécial à raconter. Jusqu’ici, le guerrier savait qu’elle s’appelait Feuille de Chêne, qu’elle avait un tempérament assez doux et qu’elle avait rejoint le Clan des Étoiles. C’était à peu près tout ; il ne savait pas à quand remontait son décès, ni même à quoi elle ressemblait.

Il interrompit ses réflexions lorsqu’il eût l’étrange sensation d’être observé. Il tourna la tête, et croisa le regard bleu de Petite Némésie. Si ses souvenirs étaient corrects, elle était née il y a environ trois lunes, un peu avant qu’il soit nommé lieutenant. Cœur de Pluie esquissa un sourire à l’intention de la petite, puis chercha sa mère des yeux. Introuvable. Voilà qui était assez étrange ... Enfin, elle avait sûrement eu besoin de se dégourdir les pattes. Remarque, cela faisait un moment qu’il était entré, et il n’avait remarqué aucun aller-retour. Depuis combien de temps cette enfant était-elle seule ?

Le lieutenant se leva, passa quelques coups de langue affectueux sur les oreilles de ses filles, puis fit un clin d’œil à Lune Givrée, lui promettant de repasser plus tard. Il s’approcha du chaton au pelage clair, penchant légèrement la tête sur le côté. Il faut dire qu’il était assez intrigué par ses deux prunelles qui le fixaient avec intensité, brillant d’une lueur curieuse.

«Bonjour Petite Némésie ! Où est ta maman ? »

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Le regard bleu de la petite était toujours posé sur le lieutenant au poil gris lorsqu'il se leva, non pas avant d'avoir montré un signe d'affection à ses petites et à sa compagne. Petite Némésie pencha sa tête sur son côté droit, ses yeux grands ouverts étaient luisant d'une curiosité et d'incompréhension. Ne connaissant pas son géniteur et étant la seule survivante de sa portée, la petite n'avait pas l'habitude de voir un tel tableau, une famille complète et aimante. Son jeune âge faisait que de voir une scène pareille n'intriguait que de l'attention et de la bizarrerie, non sans ressentir un léger pincement à la poitrine dont elle n'arrivait pas à placer la raison, un pincement qui grandiras avec elle pour ouvrir une bouche béante dans son coeur lorsqu'elle obtiendra l'âge de comprendre.

Quand elle aperçut le lieutenant venir vers elle, la petite redressa la tête et bomba le torse, prête à offrir une image forte à son aîné, sans pour autant réussir à effacer la lueur qui brillait dans ses deux prunelles bleues. Le matou la regardait, la tête penchée sur le côté. Petite Némésie avait relevé la tête pour planter son regard dans le sien, n'offrant aucun signe d'embarras pour avoir zieuté la famille. « Bonjour Petite Némésie ! Où est ta maman ? » La petite remua les oreilles, cachant sa surprise. Était-il donc venu vers elle juste pour voir sa mère ? « Bonjour, dit-elle tout en gardant son regard fier sur le sien. Mama-Ma mère n'est pas là. Tu voulais lui parler ? » Elle se frappa mentalement pour avoir failli offrir un surnom enfantin à sa génitrice en face du lieutenant. Comment pouvait-elle gagner son respect si elle agissait comme une enfant ? Elle garda cependant toujours sa tête haute. Son regard s'échappa soudainement pour se poser un instant sur la reine et les deux chatons derrière eux. Des images de Coeur de Pluie rendant visite aux trois femelles lui revint en tête. Son coeur se pinça à nouveau ; Petite Némésie avait décidé qu'elle n'aimait pas cette sensation et se força à poser à nouveau son attention sur le visage du mâle pour l'éviter. Elle voulait se retenir de lui demander, mais sa curiosité prit le dessus. « Tu viens souvent ici. Tu n'es pas reine, pourtant. » La petite chatonne aux poils courts cligna des yeux, avant de se souvenir des dires de sa mère qui lui conseillait souvent de vouvoyer ses aînés, chose qu'elle oubliait souvent. Si elle voulait gagner le respect de son aîné, ne devrait-elle pas agir avec respect en retour ? « Vous. Pardon. » Petite Némésie baissa légèrement sa tête en signe d'excuse, non sans détourner le regard.

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Petite Némésie & Cœur de Pluie
Lune 1211


Alors que Cœur de Pluie attendait une réponse de la part de Petite Némésie, il ne put s’empêcher de remarquer une lueur fière briller dans le bleu de ses iris. D’où pouvait bien venir tant de hauteur à un si jeune âge ?

« Bonjour. Mama-Ma mère n'est pas là. Tu voulais lui parler ? »

Étrange. Combien de lunes avait-elle ? Trois lunes ? Quatre, peut-être ? Les apprentis faisaient souvent attention à ne pas référer à leur mère comme “maman”, pour paraître grands et matures devant les guerriers et les autres novices ; mais de mémoire, c’était bien la première fois que le lieutenant entendait un chaton parler ainsi de sa génitrice. Le plus intéressant tenait au fait qu’elle s’était reprise, il s’agissait donc bien d’une question d’apparence. Alors que Pluie réfléchissait, oubliant quasiment de répondre, Némésie enchaîna.

« Tu viens souvent ici. Tu n'es pas reine, pourtant. Vous. Pardon. »

Le guerrier resta un moment sans rien dire, interloqué. Puis, il se mit à rire ; non pas un rire moqueur, mais un rire doux, mêlé de surprise et de bienveillance. Il s’assit, se passa deux rapides coups de langue sur le poitrail puis releva la tête pour planter ses yeux dans ceux de la petite.

« C’était bien à toi que je venais parler, Petite Némésie. Je m’inquiétais juste de savoir où était Rage de l’Amour, parce que cela fait aussi partie de mon rôle de m’assurer du bien être des chatons, de tous les chatons. C’est pour cela que je viens souvent, ainsi que pour voir mes filles, et pour rendre visite à notre meneuse afin de recevoir des directives. »

Il ne savait pas à quel point la jeune Némésie comprenait les ramifications du fonctionnement du clan à ce stade de sa vie, mais il était prêt à prendre le temps de lui expliquer ce qu’elle ne comprenait pas.

« Tu peux me tutoyer, tu sais. Le respect se témoigne par des actes, et non par de belles tournures de phrases. Si tu me vouvoies mais que tu me regardes d’un air hautain, que dois-je en conclure ? »

Par là, il ne cherchait pas à dire que l’enfant lui avait manqué de respect, loin de là, mais c’était une discussion importante à avoir. Le lieutenant était curieux de savoir ce que Némésie en pensait, elle qui semblait déjà très perspicace pour son âge. Il sourit amicalement, pour bien appuyer sur le fait qu’il n’était pas vexé mais simplement enclin à discuter.

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Petite Némésie fut déconcertée quand le rire du lieutenant atteignit ses deux grandes oreilles triangulaires. Bien qu'elle pouvait sentir une pointe de douceur dans les éclats qui la rassurait que ce n'était pas un rictus moqueur, la petite écarquilla tout de même les yeux, ces derniers plantés sur le matou gris tigré qui passa deux coups de langue sur son poitrail. Elle retint de s'esclaffer—elle refusait que son supérieur puisse voir son étonnement, et que dirait Rage de l'Amour si jamais elle apprenait que sa fille a osé glousser devant le futur meneur du clan ? Lorsque Coeur de Pluie rencontra son regard à nouveau, la petite effaça toute trace d'étonnement pour reprendre une allure peut-être un peu trop hautaine. « C’était bien à toi que je venais parler, Petite Némésie. Je m’inquiétais juste de savoir où était Rage de l’Amour, parce que cela fait aussi partie de mon rôle de m’assurer du bien être des chatons, de tous les chatons. C’est pour cela que je viens souvent, ainsi que pour voir mes filles, et pour rendre visite à notre meneuse afin de recevoir des directives. » La petite ne put empêcher cette fois son étonnement—surtout en entendant le matou parler de ses responsabilités de père, quelque chose qui ne lui est pas familier. « Voir tes filles ? » laissa-t-elle échapper, un murmure presque inaudible mais qui aurait très bien pu arriver aux oreilles de son interlocuteur. « Tu peux me tutoyer, tu sais. Le respect se témoigne par des actes, et non par de belles tournures de phrases. Si tu me vouvoies mais que tu me regardes d’un air hautain, que dois-je en conclure ? » Son masque tombait. Pendant un instant, une once de honte résidait dans les prunelles bleues de Petite Némésie avant qu'elle ne baisse son regard sans pouvoir voir le sourire amical de l'aîné. « Je ne sais pas où est ma mère. » lança la petite entre ses crocs, toujours en compétition de regard avec le sol tandis que ses griffes labouraient nerveusement le sol. En voulant jouer la grande, elle avait peur de s'être attirée les foudres du mâle—elle devait se préparer pour une longue leçon de discipline de la part de sa mère si jamais elle l'apprenait. Il lui fallait rattraper le coup et être honnête pour éviter une correction de la part de sa copie adulte. « Je te respecte. » La petite lança un long soupir, tentant de remettre ses idées au clair. Assise, elle alternait son poids entre ses deux pattes avants avec nervosité. « Je veux pas que tu me prennes de haut juste parce que je suis un chaton. » La petite n'osait toujours pas relever le regard : le brin de poussière devant elle semblait bien plus facile à analyser sur le moment. « Et puis, les actions ça veut rien dire. On peut très bien se forcer à faire quelque chose pour bien paraître. » Son regard alterna pendant une seconde entre le visage du lieutenant et à nouveau le sol. « Je dis ça comme ça. »