Vestiges du Temps. ♦

CARACTÈRE
   - Comment tu décrirais le caractère de ton perso ? N'oublie pas ses qualités et ses défauts :

Elle est de ceux que l'on remarque à peine. Ceux qui observent sans jamais s’immiscer dans les conversations, qui ne sont ni les têtes pensantes ni les trouble-fêtes. Ses opinions sont fortes mais elle ne trouve pas nécessaire de les énoncer à voix haute et elle aurait bien trop peur de blesser avec ses mots. Vestiges du Temps se sait maladroite dans ses paroles, parfois trop franches ou trop irréfléchies ; elle est comme un chaton qui n'a encore aucun filtre ni aucun tact. Alors elle préfère écouter et rester discrète en toutes circonstances. Pourtant ce ne sont pas les idées qui lui manquent, son esprit toujours encombré par des dizaines de conceptions nouvelles qui pourraient faciliter la vie de ses camarades. L'imagination de la féline n'a aucune limite et elle se retrouve souvent prisonnière de ses pensées et de ses rêves, plongée dans une nouvelle vie plus joyeuse et ambitieuse. Elle n'est pas tête en l'air pour autant car c'est seulement la nuit et lorsqu'elle est seule qu'elle autorise son esprit à vagabonder librement. Elle reste autrement toujours disponible pour son clan, pour effectuer ses taches de guerrière mais aussi pour discuter avec ses camarades, pour les écouter, prendre de leurs nouvelles et les faire rire.

Car avant toute chose Vestiges du Temps est une féline au cœur d'or. Elle a toujours un mot gentil, le sourire aux lèvres. Elle est un peu plus douée pour réconforter que pour exprimer ses opinions et cela fait d'elle une amie de taille. Son humour est simple, candide et enfantin, un rien l'amuse et ses blagues ont souvent du succès. Elle sait motiver les siens dans les circonstances les plus difficiles mais elle sait aussi quand abandonner ; elle ne veut pas être salvatrice de toutes les âmes et parfois, égoïstement, elle peut renoncer à aider un de ses camarades. Tempi n'est pas hypocrite, elle n'apprécie pas tous les chats de la forêt et si la politesse et l'amabilité l'accompagnent toujours, elle ne fera pas semblant juste pour faire plaisir. Elle a accepté le fait que tous les félins ne sont pas faits pour s'entendre, que certains vont la détester et qu'elle a le droit à son tour de ne pas accorder sa confiance à tout le monde. Elle a tendance à toujours se méfier aux premiers abords, mais la rouquine laissera toujours une chance à l'autre de se prouver digne de confiance ou au moins amical ; elle n'engagera jamais le combat la première, ni les hostilités.

Cette nature bienveillante se retrouve souvent mise à l'épreuve et la féline lutte tous les jours pour ne pas devenir un peu plus sévère et fermée. Elle veut voir du bien en chacun même si certains lui compliquent un peu la tâche. Les chats mauvais au caractère trop malsain n'ont pas la chance d'obtenir sa compagnie et à vrai dire Vestiges du Temps a la rancune plutôt tenace, on ne brise sa confiance qu'une seule fois. Elle peut même s'avérer très agressive envers ceux qui lui ont fait du mal et dans ses très rares éclats de colère on lui découvre une répartie cinglante, douloureuse. Mais elle culpabilise bien vite car s'énerver n'est simplement pas dans son caractère et elle cherchera toujours à s'excuser même si ce n'est pas mérité.

Si elle ne juge pas ses camarades, elle est cependant très critique envers elle-même et elle a tendance à porter le poids du monde sur ses épaules. Son plus gros fardeau est sa culpabilité, celle de ne pas avoir été assez forte pour protéger ses chatons. La douleur de leur perte la ronge à chaque instant, comme de l'acide qui serait lentement en train de la consumer. Peu de félins savent vraiment son histoire, et ce n'est pas à son sourire omniprésent qu'on pourrait le deviner, mais Vestiges du Temps cache au fond d'elle une profonde souffrance et une solitude certaine. Elle l'accepte comme une punition, en vérité elle ne veut pas vraiment guérir car elle a peur d'oublier les visages de ses enfants si elle le fait. Elle est persuadée ne pas mériter l'accès au bonheur et elle redouble d'efforts dans ses corvées de guerrière quitte à être épuisée pour ne jamais se laisser de repos.

   - Quels sont ses projets ?

Pour le moment, aider son clan du mieux qu'elle peut, être une guerrière exemplaire et leur faire oublier à tous qu'elle est une ancienne solitaire. A long terme, son jeune âge lui permet encore de rêver au prince charmant ou à la princesse charmante même si elle n'est pas prête à accepter qu'elle mériterait ce bonheur.

   - Et au contraire, sa plus grande peur ?

Être abandonnée par son clan, se retrouver seule à nouveau. Elle n'est pas certaine de supporter la vie en solitaire et le rejet du clan du Tonnerre serait pour elle un coup fatal.

   - A-t-il un point de vue sur les rivalités claniques ?

En toute honnêteté Vestiges du Temps ne comprend pas très bien la nécessité de ces rivalités et elle a du mal à différencier les chats de son clan et ceux des autres qui ont au final une mentalité très similaire. Cependant, elle se pliera toujours aux volontés du Tonnerre et en cas de guerre elle n’aura aucun problème à défendre son clan d’accueil.

   - Quel est son point de vue sur le Clan des Étoiles ?

Difficile de s’accommoder à de telles coutumes lorsque l’on vient de l’extérieur, Tempi est très sceptique quant à l’existence de ces guerriers étoilés. Ses parents lui ont inculqué une toute autre foi, celle des divinités de la nature, et elle a bien des difficultés à se dire que des étoiles cohabitent avec les esprits du vent et l’eau. Elle fait un effort malgré tout en s'imprégnant des traditions même si elle préfère éviter le sujet.

   - Quel est son point de vue sur les terres de Valeemar ?

Elle est née ici et ne quitterait ses racines pour rien au monde. Ses pattes ont toujours foulé ce sol qu'elle chérit par dessus tout et même les mauvais souvenirs ne parviennent pas à atténuer l'amour qu'elle porte à ce territoire. Lorsque les chats des clans lui parlent de Cerfblanc, Tempi les plaint de ne pas avoir connu la beauté de l'océan plus tôt.

   - Et sinon, quelle réputation a-t-il : au sein du clan, dans l’ensemble de la forêt ?

En tant qu'ancienne solitaire certains membres du clan peuvent avoir des réticences envers elle même si le clan du Tonnerre est très tolérant. Elle fait de son mieux pour ne froisser personne et sa gentillesse naturelle devrait l'aider à bien s'intégrer. Même lorsqu'elle croise d'autres félins qui ne sont pas du Tonnerre, elle ne cherche jamais à se battre et la conversation lui vient toujours facilement.
   

PHYSIQUE
   - Ton personnage, il a quel type de pelage ? Un pelage entièrement fait de roux sans aucune exception. Tempi est tigrée, ses rayures sont donc d’un roux plus foncé pour contraster avec la base très claire de sa fourrure. Ses poils sont courts et elle possède de jolis coussinets rose.  

   - Et il a de beaux yeux ? D’un simple marron qui tend vers l'émeraude lorsque le soleil s’y reflète.

   - Il est plutôt grand, de taille moyenne, ou petit pour son âge ? Tempi est toute petite, même les apprentis la dépassent en général.

   - Et au niveau de sa corpulence ? Fine mais musclée malgré sa petite taille, Vestiges du Temps n'a rien d'une féline fragile et courte sur pattes. Elle est imposante à sa manière.

   - Quant à ses habilités, il est plus ou moins bon en quoi ?

La rouquine est une excellente chasseuse : elle a dû se nourrir seule pendant des lunes et ses positions sont réalisées à la perfection. Ses talents en combat sont bien moins louables puisqu'elle n'a jamais eu à se défendre réellement mais elle trouve toujours le temps d'observer les entraînements des apprentis pour s'améliorer. Son endurance est plutôt bonne mais Tempi s'avère assez maladroite et son équilibre est mauvais. Elle a également quelques connaissances médicinales et son ouïe est très développée au détriment de son odorat puisqu'elle ne parvient toujours pas à distinguer les différentes odeurs des clans.

   - Pour finir, a-t-il des signes particuliers ? Trois cicatrices sont visibles sur sa patte droite, chacune symbolisant un de ses petits.
   

HISTOIRE
   - Ton perso est-il de sang pur ou de sang mêlé ? Pour elle son sang est pur puisqu'elle est née à Valeemar, ses terres, mais aux yeux des clans elle n'atteint même pas le statut de sang-mêlée.
    - Et ses parents, ils venaient d'où ? De Valeemar.
   - Les liens familiaux de ton perso : Ses parents ne font plus partie de sa vie, elle ne sait même pas s'ils vivent encore et c'est la même chose pour son frère jumeau. Ses trois chatons ont eux rejoint les cieux, elle est donc sans famille.
  - Pourquoi porte-t-il ce nom ? Pour tirer un trait sur son passé sans pour autant l'oublier.
   - Raconte-nous un ou des événement(s) particulier(s) de sa vie (naissance, baptême, cérémonie, ...) :

Le temps est une variable constante qui n'a pour maîtresses que les humeurs de la lune. Une lune si elle n'est pas capricieuse compte environ vingt-neuf jours, juste assez pour que le satellite puisse faire le tour de la Terre et reprendre sa position. Le jour et la nuit se succèdent et c'est ainsi que nous savons quand dormir, quand manger et combien de lunes sont passées depuis tel événement. Le temps qui passe d'un point de vue scientifique est donc exactement le même tous les jours, toutes les lunes. Pourtant, j'ai l'impression que des périodes de ma vie ont duré deux jours au lieu de dix, et que d'autres sont restées figéss dans l'éternité. Je regarde l'avenir se dessiner devant moi avec appréhension mais j'ai à peine fermé les yeux que demain est devenu hier, que l'enfance qui me paraissait interminable est déjà loin derrière moi. Ne restent alors que les vestiges du temps, ce que nos souvenirs veulent bien nous raconter, les visages et les paroles que l'on refuse d'oublier.

Je suis née à la saison des feuilles nouvelles après un terrible hiver, et pour célébrer ce nouvel espoir mes parents ont décidé de me nommer Âge d'Or. Dès ma naissance j'avais ainsi tout pour réussir, comme si un nom seulement était suffisant pour forger un avenir. J'étais bien naïve de penser cela, mais on ne peut pas attendre plus de réflexion de la part d'un chaton entouré par sa famille. Je n'ai connu pendant cinq lunes que la joie et les éclats de rire ; ni la faim ni la terrible chaleur de la saison des feuilles vertes ne parvenaient à m'enlever ce cocon que je pensais ne jamais quitter. Mes parents et mon frère étaient les seuls félins que je connaissais mais je n'avais pas besoin d'amis car ils me suffisaient. J'ai évolué avec mes propres croyances, j’idolâtrais les esprits qui selon mes parents se trouvaient dans chaque élément de la nature. Avec eux à mes côtés, rien semblait-il ne pouvait m'arriver. Cette période est passée à une vitesse folle et j'aurais aimé que ce ne soit pas la plus rapide, car c'était la seule fois que l'insouciance et le bonheur m'enveloppaient complètement.

Je n'ai jamais su la vérité derrière la disparition de mes parents. Je me souviens de ce jour comme je me rappelle de l'odeur fruitée de ma mère. Je sais que je n'oublierai jamais ni l'un, ni l'autre. Ce sont les cris affolés de mon jumeau qui m'ont réveillée, et je me souviens avoir attendu blotti contre lui que nos parents rentrent pendant toute la matinée. C'est la première fois que je me rendais compte du poids du temps qui passe, qu'il n'est pas toujours aussi clément avec ses sujets et que l'attente peut s'avérer insupportable. Même aujourd'hui encore j'ai toujours l'impression d'attendre quelque chose, mais je sais qu'ils ne reviendront jamais. J'expliquais à mon frère qu'ils avaient certainement eu un problème, je lui inventais le soir des histoires en les mettant face à un blaireau, leur imaginant une mort héroïque pour nous sauver - pourtant en moi je ne ressentais que le poids de l'abandon ; car où étaient les traces d'une telle bataille ?

Mon frère est parti, lui aussi. Huit lunes, c'est un grand âge et cet être que j'ai chéri m'abandonnait à son tour pour vivre ses propres expériences. Je n'ai plus en tête les traits exacts de son visage mais c'est son rire si particulier qui me revient à chaque fois que je pense à lui. Nouveau Jour s'appelait-il, et j'espère sincèrement que son expédition l'aura mené à un parfait renouveau. Parfois je l'imagine auprès d'une montagne, avec une jolie femelle et des petits qui lui ressemblent. Et dans mes moments les plus sombres j'ai l'impression de voir son corps au fond de chaque fossé. J'avais perdu foi en les esprits de la nature car ils n'ont pas réussi à me protéger de l'abandon. A quoi servent mes prières si elles ne sont jamais exaucées ? Je refuse désormais de placer mon destin entre les pattes de divinités, et c'est peut-être pour ça que j'ai tant de mal à croire au clan des Étoiles.

J'ai passé deux lunes seule et je n'ai jamais trouvé le temps aussi long. La lune jouait avec moi j'en étais certaine, elle ne pouvait pas être aussi lente à faire le tour de la Terre, elle ne l'avait jamais été avant. Ce n'était pas une solitude agréable, plutôt celle qui vous empêche d'avancer et vous épuise. J'ai croisé plusieurs autres solitaires mais aux aimaient cette vie et ils ne voulaient pas de moi plus de quelques jours. J'étais en colère contre le temps, les esprits, la lune et même ce caillou qui gisait devant moi. Je ne savais pas quoi faire de mes journées, mes techniques de chasse étaient déjà particulièrement développées pour une jeune féline de dix lunes. Ce n'était pas comme si il y avait beaucoup d'occupations et une fois la vallée explorée, l'ennui n'était plus qu'une certitude.

Puis je suis tombée amoureuse. Je le crois, même si en y repensant aujourd'hui je ne sais pas si c'était vraiment de l'amour ou le désespoir créé par ma solitude. Mais c'était un beau mâle, il n'était pas très âgé pourtant sa maturité dépassait largement la mienne. J'étais une enfant qui avait grandi trop vite mais lui n'avait pas eu d'enfance du tout, comme s'il n'avait jamais été chaton, qu'il était né en murmurant des poésies. Beau parleur et séduisant, il aurait pu m'amener jusqu'au bout du monde et j'aurais dit oui. J'avais l'impression de revivre ; je me sentais aimée, écoutée. Le temps avec lui passait lentement mais c'était agréable, on ne faisait pas grand-chose de nos journées à part chasser et s'amuser. C'était une idylle qui aurait pu durer une éternité si seulement je n'étais pas tombée enceinte. Le temps qui filait s'est brusquement arrêté ce jour où je lui ai dit qu'il allait être papa, et qu'il m'a répondu qu'il n'en avait pas l'intention. Alors j'ai gardé ces petits et je l'ai regardé partir.

Aujourd'hui je me demande encore ce qu'aurait été mon avenir si je l'avais gardé lui, et pas eux. Au final, je me rends simplement compte que je les ai perdus tous les quatre.

Deux lunes de gestation, c'est ce que mes parents m'ont appris. J'ai l'impression que ça a duré une éternité et la solitude était revenue sans s'excuser. La vallée elle connaissait une agitation particulière qui avait fait fuir la plupart des solitaires : voir peut-être une centaine de chats débarquer en une journée, il y avait de quoi être terrifié. Et sans même se soucier de savoir s'ils avaient le droit de vivre ici, j'ai regardé de loin les clans s'installer dans ma vallée. Au début, j'étais révoltée. Puis je les ai observés, longtemps, et j'ai appris à les apprécier sans jamais les approcher. J'ai assisté à leurs assemblées, j'ai posé mon museau contre leurs cristaux de lune sans que rien ne se passe. J'ai appris les noms des chefs, leurs hiérarchies. Au final, je les admirais. Je les enviais un peu aussi, car la solitude pour eux n'était pas une option.

J'ai eu mes petits un soir de saison des feuilles mortes. Je pensais ne pas survivre tant la douleur était forte, mais ces trois boules de poils m'ont enfin donnée une raison de vivre. Je ne pouvais pas mourir alors qu'eux avaient besoin de moi. Vent, Eau et Terre étaient trois mâles roux et blanc et je pensais que les nommer d'après les esprits de la nature leur donnerait toute la force pour mener une vie paisible. Mais j'aurais dû savoir qu'un nom ne forgeait pas une destinée. J'ai attrapé une violente fièvre peu après leur naissance, je n'étais plus assez forte pour me nourrir et même avec toute la volonté du monde je n'avais plus assez de lait pour les nourrir. Ma fièvre a duré assez longtemps pour les tuer et j'ai seulement eu assez de force pour les enterrer auprès d'un arbre. Avez-vous seulement idée de la lenteur du temps qui passe lorsque l'on regarde ses petits mourir ? Je le sais, et je souffre chaque minute depuis.

Je dois ma survie au clan du Tonnerre et à sa lieutenante, Épopée des Lucioles. Elle m'a trouvée un jour alors que je somnolais près de leurs terres et alors que j'étais préparée à périr sous ses griffes elle a décidé de me sauver. C'est grâce à elle que j'ai intégré les clans et depuis cinq lunes je me démène pour ne pas les laisser tomber. Âge d'Or cependant ne pouvait plus être mon nom, car jamais plus je ne connaîtrais le bonheur d'avoir été au sommet, d'avoir été aimée par des parents, un frère, un compagnon et mes chatons. Désormais je ne suis que les vestiges de ce que le temps m'a infligée, et je n'aspire qu'à la paix dans ce clan que j'espère un jour intégrer complètement.