Entre deux mondes | Murmure et Corbeau ♥

C'était une de ces nuit qu'on ne voit que trop rarement. Une de ces nuits unique ou les nuages étaient absents à l'appel et où la lune et les étoiles brillaient de mille feu. Une petite brise douce et légère faisait frémir les branches minces des arbres et danser l'herbe verte. Le monde était recouvert d'une fine couche de verglas, et le reflet de la nature sur celui ci était à couper le souffle. Oiseaux, écureuils, souris, et tout autres animaux se préparaient à l'hiver avec rapidité, redoutant l'arrivée des grands froids. La Lune n'était pas prête à céder sa place au soleil : il devait être aux alentours de minuit. Sous la lueur argentée de l'astre Lunaire, le monde paraîssait faux, comme dans un rêve. Les fleurs presques mortes paraîssaient d'argent ; les arbres nus semblait fait de ténèbres ; et les étoiles de rubis. Mon souffle laissait une trace blanche dans ce ciel noir ; une trace semblable à celle de la fumée.

Mes yeux étaient perdus dans ce ciel si beau, si clair, si limpide... Chaque étoile était différente de l'autre, et je distinguais parfaitement les miens, dans toute cette immensitée brillante. Lueur Grise et Liberté Enjouée se trouvaient là, j'en était certain. Et bientôt moi, surement. La mort ne me faisait pas peur, ce n'était pas quelque chose que je redoutais. Au contraire, je voyais ça comme une libération, une sorte de clef pour ouvrir nos menottes. Là haut, ni guerres, ni massacres, ni peur, ni faim, ni froid... Là haut je retrouverais les deux seules femelles que je n'ai jamais aimé, et je vivrais pour le reste de l'éternité avec elles. Pourtant, il y avait Petit Loir. Je ne pouvais pas l'abandonner, je ne voulais pas qu'il vive la même vie que la mienne. Je soupirais, regardant mon souffle partir en fumée. Il ne fallait pas que je pense à ça maintenant, pas par cette si belle nuit. Ce soir, j'avais juste envie de m'échapper, de sortir de cette routine, de ce traintrain de guerrier qui finirait bientôt. 

Oui. Bientôt mes journées de chasses et de patrouilles seront remplacées par des journées de sommeil, de repos. Un repos dont je n'avais pas besoin. Je reffusais de devenir un ancien flétrit, un ancien sans âme, un ancien bon à rien. Pourtant, j'avais aussi besoin de réfléchir, réfléchir sur tout ce que j'avais put faire. Il y a quelques lunes a peine, je me lamentais en repensant à ma vie. Mais après cette discussion avec Ombre Fantôme je... Enfin. Je secouais la tête, et continuait a fixer les étoiles, avec la sensation d'être un peu perdu dans ce grand monde. Les étoiles et leur Clan étaient mon seul point de repère, il ne fallait pas que je les perde. Alors, chaques nuits, je continuait à les fixer, de peur qu'elles ne s'en aillent. Les nuits sans Lune m'effrayent, je suis inquiet d'un mauvais présage.... Mais je retrouve toujours mes astres avec le plus grand plaisir... Que le ciel est beau. 

Une petite raffale de vent me décrocha un frisson. Il allait commencer à faire vraiment froid, et je risquais d'attraper la mort. Pourtant, l'envie de retourner voir les autres dans mon camp ne me disait guère. Peut-être pourrais je trouver quelqu'un encore debout à cette heure ci ? Je descendis de mon rocher, et commençais à marcher, guidé par la seule lueur de la Lune. La forêt avait l'air magique, avec ces arbres si grands, si imposants... Mais nus comme ils l'étaient, ils me faisaient peur, surtout. Leur ombre se découpait parfaitement sur le verglas qui envahissait le sol, et je frissonais dès que je les voyais. Je sentais au loin l'odeur âcre des marécages, et celle insuportable des autres de clans. Ce mélange ne me plaisait pas. Les autres claniques ne pouvaient pas s'approrier nos senteurs, bien qu'elles ne soient pas agréables, c'était les notres. Je n'ai jamais aimé les autres. 

Comment peut t'on vivre dans un autre Clan que celui de l'Ombre ? Clan si fort, si beau ? C'est souvent ce que je me demandais. Lors du grand voyage en direction de Valeemar, nos groupes furent rassemblés, n'en formant qu'un seul grand. Cela ne m'avait pas plut. J'avais du fréquenter des chats aux odeurs différentes, venant de clans différents, avec des traditions différentes... Il a fallu que chacun de nous s'y habitue, et ce fut compliqué, très compliqué. Comment était-ce possible de coopérer, de vivre avec des chats qui nous avaient fait la guerre ? J'avais eu du mal, mais on m'avait rabroué, dit qu'il fallait que je m'ouvre. S'ouvrir ! Plus facil à dire qu'à faire... Je ricanais tout en marchant. Je détestais les autres clans, et leurs idées de rassemblement et de réconciliation. Nous étions cinq, et pas un. C'était ainsi, et rien ne pourrait le changer, du moins je l'espérais. 

Alors que je me concentrais sur des idées toujours aussi ouvertes, je continuais à marcher. C'est soudain q'une odeur familière me prit à la gorge. L'odeur d'un chat de mon Clan. Puis vint ensuite une deuxième senteur, celle du Tonerre. Je sortis de ma tête mes pensées, puis regardais autour de moi. Je me trouvais à la frontière de ce Clan qui se prends pour la foudre, pour les plus forts. Je crachais sur la ligne invisible, dégouté de m'être rendu sur ces terres. C'est soudain que j'apperçu une silhouette imposante,celle dont émanait l'odeur de mon clan. Je me tournais, les sourcils fronçé, et reconnu Murmure Eternel. Je n'avais jamais aimé ce chat. Il avait osé quitter son Clan, il avait commis la plus haute des trahisons, puis était revenu comme si de rien n'était. Comment pouvait t'on.... Je soufflais, désespéré de l'idiotie de ce monde. 

Je le toisais d'un regard moqueur.