FREUX DU NORD

CARACTÈRE
    - Comment tu décrirais le caractère de ton perso ? N'oublie pas ses qualités et ses défauts : Freux du Nord, l'affreux comme l'appelait affectueusement Pluie d'Azur, et plus méchamment les petits de son âge, est avant tout, et à son plus grand dam, gentil. Un bon bonhomme, affectueux, qui se laisse faire, voire manipuler facilement. Freux n'est pas réputé pour son intelligence, son sens de la stratégie, une espièglerie astucieuse ou de quelconques traits d'esprit bien placés. Pas de piques, pas de répartie. Juste des yeux écarquillés devant la cruauté, un museau plein d'incompréhension sous les insultes, des oreilles couchées par l'angoisse lorsqu'il subit une attaque verbale, une critique, la plus infime remarque. Ce n'est qu'à la nuit tombée, terré dans son nid de mousse qu'il trouve enfin l'inspiration, la réplique qui aurait tout changé, ce qu'il aurait pu, dû dire. Il devrait se défendre, sortir les griffes, et pourtant jamais ne le fait si ce n'est en bataille rangée, à la chasse. Même à la chasse d'ailleurs, il a tendance à plaindre les petites créatures qu'il tue, à penser à ce qu'elles auraient pu faire pour s'en sortir. Dans ses rêves les plus fous il leur apprendrait.
Mais l'affreux n'est pas un trouillard, loin de là, il ne supporte simplement pas la cruauté, surtout gratuite. Le courage il le sent dans ses veines lorsque l'affrontement approche, quand la rage gronde et se cabre dans les gorges. Il le sent lorsqu'il observe le chemin du tonnerre et les monstres d'acier qui fendent l'obscurité. Il le sent quant il doit sauver un camarade, même celui qu'il l'a dédaigné.
Il n'est pourtant pas un rebelle. Il ne déroge pas aux règles, aime le Code du Guerrier comme sa vie, une petite Bible mentale qu'il emmènerait partout avec lui, jusque dans son sommeil. La liberté n'est pas la panacée pour lui, ce n'est ni son rêve, ni son idéal absolu, il sait que certains chérissent la notion, mais appartenir à un Clan le rassure, obéir à des ordres le conforte dans son questionnement constant qu'on pourrait résumer par : pourquoi suis-je en vie, à quoi je sers dans ce chaos des cœurs et des âmes ? Le plus grand souhait de Freux ? Il y en a tellement... tout comprendre, tout voir, mais pas tout vivre, tout imaginer oui, s'aventurer par procuration mais avec un plaisir tant coupable que décuplé, un frisson d'excitation en sécurité. Il voudrait s'aimer, pour aimer. Etre capable de se dire qu'il compte, que sa mort changerait quelque chose, laisserait un vide, qu'il n'a rien de particulièrement laid contrairement à ce qu'il croit, il aimerait penser qu'il n'est pas idiot, qu'il est drôle et parfois qu'il a les mots, même si c'est le soir, quand tout le monde a déjà oublié. Il n'est peut-être pas le plus malin mais réfléchit énormément, et cela, se dit-il parfois avec un soupçon d'espoir mais une tonne de doute, cela doit bien valoir quelque chose, c'est tout à mon honneur non ? Mais cela n'est pas suffisant, cela ne le rend pas moins insignifiant, invisible. Il aimerait qu'on le regarde, vraiment, lui, pas la montagne de muscles et de fourrure. Il aimerait qu'une reine l'observe pense à lui, réfléchisse à une discussion, à une vie ensemble. Mais il sent que c'est impossible, qui voudrait de ça ? Et si la cruauté le rebute il est pourtant impitoyable avec lui-même, si les autres l'insultent il redouble de grossièreté concernant sa personne. Pauvre personne, pauvre âme. Il ment parfois, mal, pour éviter les questions, éviter l'attention, lui qui mourrait pour un sourire. Il grommelle, parle peu, parle trop, ne sait plus que faire et fuit, et son cœur blessé pleure des larmes de sang, et le guerrier se demande si un jour ce cœur le laissera en paix, s'il se videra pour de bon. Il espère. Il tremble de perdre ses émotions, elles qu'il déteste tant. Il écoute plus qu'il ne s'exprime, observe en poète silencieux, compare, invente. Il rêve, un peu trop peut-être mais il aimerait qu'on ne lui en veuille pas. Si seulement quelqu'un de plus téméraire, de plus fou que lui pouvait ériger ce Royaume des Rêveurs, cet havre de paix où l'imagination serait reine et où oser serait simple. Mais Freux du Nord a les pattes sur terre, et ses songes et son lui crevant d'angoisse à l'idée de mourir seul appartiennent à la nuit. Le jour le veut, et le voit, efficace, concentré, timide, susceptible et même acariâtre car tant de fois agressé, probablement ennuyeux. S'ils savaient.  
    - Quels sont ses projets ? Freux du Nord aimerait par dessus tout être apprécié réellement, pour ce qu'il est. Il souhaite ardemment fonder une famille bien qu'il pense la chose impossible, le regard des autres compte énormément pour lui et il lui semble qu'il restera seul. 
    - Et au contraire, sa plus grande peur ? Freux du Nord est plutôt courageux, mais pas téméraire, ce n'est pas une tête brûlée, son instinct de survie est bien développé et il fuira comme n'importe qui devant un bipède par exemple. Cependant sa seule peur réelle, une peur psychologique, comme un poison qui souille ses veines en permanence est celle de ne pas être aimé. Son manque de confiance en lui lui murmure toujours que personne ne peut l'aimer, que c'est impossible, qu'il ne sera jamais assez bien pour ça, pour quelqu'un d'autre. Ce qui contrarie son projet.
    - A-t-il un point de vue sur les rivalités claniques ? Freux du Nord est très loyal envers son clan, dans le contexte actuel il s'inquiète pour l'ensemble de la forêt mais la Rivière restera à jamais sa « maison », sa famille. Il ne déteste pas les autres clans, il les considère seulement comme des congénères avec lesquels il ne vit pas, de lointains cousins avec de drôles de mœurs, de drôles d'odeurs.  
    - Quel est son point de vue sur le Clan des Étoiles ? Sa foi envers le clan des étoiles est puissante, elle le rassure dans les heures sombres, on le trouve très souvent priant en silence. C'est très important pour lui, pour son équilibre, c'est peut-être la seule chose en laquelle il ait confiance pour l'instant, aussi les derniers événements l'ont beaucoup perturbé et il craint pour leurs ancêtres.
    - Et sinon, quelle réputation a-t-il : au sein du clan, dans l’ensemble de la forêt ? Freux du Nord n'a pas, à ses yeux du moins, une réputation très agréable. Tous, dans et hors du Clan, le considèrent comme un guerrier gentil, pas forcément très malin, pas agressif mais capable de se défendre au besoin. Freux de son côté aurait préféré être admiré, être complimenté, et au fond de lui être craint, plutôt que de supporter cette réputation de gentil chaton docile au poil doux. Quelques moqueries durant son jeune âge eurent raison de sa confiance en lui. 
    

PHYSIQUE
    - Ton personnage, il a quel type de pelage ? Freux a un pelage typique de chat sauvage, il est dense, épais, bien fourni. Ceci lui confère une bonne résistance au froid, en été il souffre quelque peu malgré le changement naturel de pelage. Sa robe fauve rayée de noir par endroits se fond à merveille dans le paysage. Il a une petite tâche blanche sur le poitrail et le bout de son museau, ou ce qu'on pourrait appeler un menton est également plus clair que le reste de son corps. Sa queue se termine en de gros anneaux noirs, comme celle d'un raton-laveur.
    - Et il a de beaux yeux ? Freux a les yeux vairons, un œil est vert pâle l'autre est bleu, ils sont cerclés de fines lignes noires qui rehaussent cette pâleur et donne à son regard un peu plus d'intensité.
    - Il est plutôt grand, de taille moyenne, ou petit pour son âge ? Freux du Nord, contrairement à ce que son minuscule corps annonçait à sa naissance, est grand. Son museau est large, ses oreilles plutôt petites.
    - Et au niveau de sa corpulence ? Freux est mince mais très musclé, ses épaules sont bien bâties, son corps est massif, comme celui des premiers chats sauvages, il a de grosses pattes, très larges et épaisses qui cachent des griffes redoutables. Rien n'est fin chez lui et surtout pas sa queue très touffue.
    - Quant à ses habilités, il est plus ou moins bon en quoi ? Comme on peut se l'imaginer, Freux est un très bon guerrier, il excelle dans l'art du corps à corps. Son physique lui permet d'asséner de terribles coups, et son museau large assure une bonne prise lorsqu'il mort ses adversaires. Ce physique impressionnant l'empêche d'être un bon grimpeur et il est plus lourd que rapide, il rate très souvent ses proies, ce qui lui a valu de très difficiles évaluations pendant son apprentissage.
    - Pour finir, a-t-il des signes particuliers ? Freux a quelques cicatrices impressionnantes sous le ventre qu'il doit à une vieille querelle d'apprentis. Autrement l'épaisseur de son pelage est notable.
    

HISTOIRE
    - Ton perso est-il de sang pur ou de sang mêlé ? Sang pur.
     - Et ses parents, ils venaient d'où ? Ses parents venaient tous deux de la Rivière, aujourd'hui ils sont morts, sont père était déjà vieux lorsqu'il assista à son baptême d'apprenti, il mourut peu de temps après. Sa mère mourut des griffes d'un renard, paraît-il. On ne peut pas dire qu'il ait été très affecté par ces événements, ses parents lui donnèrent naissance pour le livrer au monde et accomplirent cette mission avec brio. Freux a pourtant été élevé par quelqu'un me direz-vous : oui la mère de Corneille, sa demie-soeur. L'ironie du sort veut que cette reine, Pluie d'Azur avait rejeté sa fille, pourtant elle n'hésita pas à prendre Petit Freux sous son aile, peut-être par amour pour son père, peut-être pour expier ses fautes en tant que mère. Ils tissèrent un lien très fort, elle le protégea certainement trop... Pluie d'Azur finit par disparaître en forêt, il ne sut jamais ce qu'il était advenu d'elle.
    - Les liens familiaux de ton perso :
PNJ : demie-soeur, ils n'ont pas la même mère → Vision des Corneilles – guerrière de la Rivière, aujourd'hui ils s'ignorent cordialement, leur lien de sang n'est pas visible autant dans les relations que dans le physique. Freux avec son apparence de chat antique jure près de sa sœur au poil de jais.
Décédés :
→ Vol de Colombes : mère
→ Museau de Renard : père
→ Pluie d'Azur : mère de sa demie-soeur
   - Pourquoi porte-t-il ce nom ? La mise bas fut difficile pour la génitrice de Freux du Nord. Des trois chatons que le soleil éclaira ce jour-là, seul notre ami survécut. Les deux autres étaient morts-nés. Mais comme on l'a dit, l'accouchement fut difficile, même pour notre survivant, il était si petit que le guérisseur eut du mal à l'extraire, la mère s'étant déjà crispée irrémédiablement. Elle crut apercevoir un éclair de fourrure noire et lança : « Petit Freux, si je meurs je veux qu'il ait un nom, Petit Freux, comme un corbeau, comme son autre sœur ». Finalement on se rendit compte que seule la queue de Freux était réellement noire.
    - Raconte-nous un ou des événement(s) particulier(s) de sa vie (naissance, baptême, cérémonie, ...) : La terre gronde. L'obscurité ne l'apaise pas, elle est déchirée d'éclairs blancs, comme les doigts d'un géant qui s'y débattraient. Même les géants ont peur, pas vrai ?
Des éclairs de lumière qui disparaissent aussi vite qu'ils sont apparus.
Un corps si grand, ce soir minuscule, s'approche à pas lents du Chemin du Tonnerre.
Sans peur, sans tremblements aucuns. Les griffes sagement rangées dans leurs fourreaux. On est tout près de la ville, des hommes, de leurs membres longs et inhabiles, de leurs voix tempétueuses. Du danger.
On est tout près du monde des lumières.
Il se poste au bord du ruban noir qui fait comme une rivière sur le sol. Une rivière d'encre que la lune peine à enchanter. Il a plu la nuit dernière et sur l'asphalte des milliards de gouttes rêvent encore de retourner au ciel. Mais ces gouttes sont des miroirs, toutes les couleurs du monde s'y reflètent. Le bleu, le rose, le vert, le rouge des néons. Les monstres s'arrêtent, le sol se couvre de sang. Les monstres repartent, voilà un océan d'herbe ou un champ de feu. Et parfois le noir reprend ses droits, quand aucun monstre ne passe, que le tonnerre se tait. Puis en voilà un qui revient, à toute allure, les gouttes sont rouges, rouges comme quand ils s'arrêtent, rouge comme quand ils ralentissent. Alors l'affreux se penche au maximum il veut sentir sa chaleur contre son pelage. Il se sent si froid, glacé de l'intérieur, son cœur s'est presque arrêté. Il se sent tellement seul. Sa seule amie n'est plus. Morte ce matin. La Pluie d'Azur a cessé ce matin. Il a fait très beau et il ne sait plus s'il aime le soleil. Il se penche, se penche, se penche mais le monstre de métal hurle, ne ralentit pas et pourtant il y a tellement de sang sur le ruban sombre. Son cœur mort repart au quart de tour, le ruban est vert, le sang bat à ses tempes. Le monstre est trop prêt, c'est trop tard, il a les deux pattes sur la route. Il veut fermer les yeux pour ne pas voir son corps encaisser l'impact, il ne veut pas briser le miroir des gouttes en tombant. Pourtant quelque chose le tire en arrière, de toutes ses forces, quelque chose qui a la même odeur que lui, ou presque. Des griffes, comme celles du géant, s'enfoncent dans la chair de ses épaules et il couine comme un enfant.
Dans le noir on voit à peine sa sœur.
Et elle lui dit qu'il est idiot, que personne ne l'aimera s'il broie toujours du noir, qu'elle ne sera pas toujours là pour le sauver, qu'elle n'en a même pas envie. Elle a juste eu pitié. Elle ne comprend pas ce qui lui plaît tant dans ce lieu. Les lumières dit-il, la vie dans les lumières. Elle dit qu'elle s'en moque, elle dit qu'elle en a assez et pourtant elle l'a suivi, et elle l'a sauvé. Mais il ne dit rien, elle se vexerait, elle nierait. Elle soupire beaucoup, feule, crache une fois. Il parle à peine, les couleurs dansent sur le pelage de Vision des Corneilles, comme sur le ruban noir. Pourquoi est-ce elle qui a le droit à cela ? Son pelage humide scintille atrocement, même la lune la caresse de ses mains d'argent. Et puis avant de s'en aller elle lui dit autre chose, quelque chose qui compte.
T'es du clan, t'es de la Rivière, tu te dis peut-être que tout l'monde s'en fout, mais ce qui coule dans tes veines c'est nous tous.