Serment Solennel {finie}

CARACTÈRE
    - Comment tu décrirais le caractère de ton perso ? N'oublie pas ses qualités et ses défauts : La caractéristique première de Serment est celle qui compose son nom. Solennel. A la fois sérieux et critique. Sermy s'interroge sur tout. Un fait qui semble questionable ? Qui ne peut être prouver par des preuves concrêtes ? Soly le remettra en question, en posera tout autour de lui, pour essayer de trouver la vérité, de comprendre, d'être sûr. Il ne s'avancera jamais sur quelque chose dont il n'est pas certain à au moins 100 % Il ne vit que pour la vérité, la vraie.
Du fait de vivre pour la vérité, il a parfois un sentiment de supériorité. Puisqu'il est à la recherche du vrai, plutôt que de se fondre dans des rumeurs et des on-dit, il est forcément plus grand, plus méritant. Cela se sent parfois dans ces phrases, mais il ne s'en rend pas vraiment compte, puisqu'il prend cela comme un fait inaliénable. Après tout c'est ainsi que son père l'a élevé, pour être digne et fier de lui. Et il suit ce précepte comme un petit sa mère.
Il ne se rendra que pour des arguments justes. Ce n'est pas en lui disant que peut-être untel a fait quelque chose qu'il faut lui faire du mal. Il aime avoir des preuves et si possible en être témoin.
Il réagit très mal au mensonge. Lorsque quelqu'un prononce une de ces horreurs (un mensonge) devant lui (et qu'il le sait), sa réaction est vive. Pas dans le sens où il se jettera sur l'impudent, mais dans celui où son regard sera plus froid et que son estime pour le félin en question chutera dans le néant. Il préfère bien mieux et plus que tout qu'on lui dise la vérité, peu importe à quel point elle est blessante, triste ou insultante. Il est bien plus apte à pardonner ou comprendre cela que le mensonge. Par conséquent, lui-même ne dira que la vérité (ou du moins ce qu'il pense et croit être le vrai).
Niveau affectif, même s'il ne le montre pas, les émotions trompant bien trop souvent le jugement impartial, il aime sa famille et a été profondément bouleversé par la mort de sa mère et la mort toute récente de son père. Son frère et sa sœur lui ont énormément manqué, mais il a accepté d'être loin d'eux, du fait de l'argumentaire de son père.
Par les nombreuses lunes qu'il a passé en tant que Solitaire, il a du mal avec les foules et préfère la solitude ou être dans un petit groupe. Trop de gens lui donne la sensation d'étouffer, de ne plus pouvoir réfléchir.
Il met un long moment avant de prendre une décision, réfléchissant à tout ce que ça pourrait entraîner, mais une fois son choix fait il ne recule plus. Profondément buté, s'il est persuadé de son choix ou d'avoir raison, il ne supportera pas qu'on le remette en cause.
    - Quels sont ses projets ? établir la vérité d'après les preuves, questionner ce qui doit être questionner, trouver les réponses à toutes les questions qu'il se pose
    - Et au contraire, sa plus grande peur ? ne plus savoir ce qui est vrai
    - A-t-il un point de vue sur les rivalités claniques ? Plutôt pacifiste, ayant vécu en tant que Solitaire un bon moment il aura du mal à se remettre aux rivalités. Il est plutôt loyal, mais cela ne le caractérise pas, sauf sa loyauté envers la vérité.
    - Quel est son point de vue sur le Clan des Étoiles ? Son père lui en a souvent parlé. Petit, il y croyait,plus ou moins, mais en grandissant, il a commencé à douter, Il lui faudrait une preuve de leur existence pour y croire, une preuve autre que des j'y crois parce que c'est comme ça, ils existent.
    - Et sinon, quelle réputation a-t-il : au sein du clan, dans l’ensemble de la forêt ? (est-il apprécié, admiré, craint, détesté, méprisé, et pourquoi ? bien sûr ce n’est qu’un jugement général, chaque personnage rencontré dans un rp pourra se faire sa propre idée de votre personnage, il ne s’agit là que d’une idée directrice) Il peut être apprécié pour sa réflexion, pour son recul, pour le fait de ne pas prendre directement un parti, mais en règle général, les gens ont du mal à le comprendre. Sa distance et son recul le montrent comme un chat froid qui ne s'attache pas, et pourtant...
    

PHYSIQUE
    - Ton personnage, il a quel type de pelage ? un pelage un peu fluffy, lisse et doux au toucher (Sermy en prend grand soin) dont la majorité est blanche. Sur sa tête et sa queue, un roux pâle se détache nettement
    - Et il a de beaux yeux ? De beaux grands yeux d'un beau marron noisette, toujours ou presque teintés d'un air sérieux ou interrogatif. Voire les deux à la fois.
    - Il est plutôt grand, de taille moyenne, ou petit pour son âge ? Plutôt grand, il dépasse la moyenne des chats de la lune, mais de très peu.
    - Et au niveau de sa corpulence ? sans son épaisse fourrure, Sermy est plutôt fin ce qui le complexe un peu, mais heureusement sa fourrure fait de l'épaisseur
    - Quant à ses habilités, il est plus ou moins bon en quoi ? Théoriquement, en chasse, il est excellent, parfait... Il connaît les techniques sur les bouts des coussinets, il sait quels paramètres prendre en compte, comme la direction du vent, les mouvements sur le sol...Tout ça, c'est théorique. En pratique, c'est un peu différent. Il n'est pas mauvais, au contraire, mais il lui arrive de perdre une proie bêtement parce qu'il a trop attendu, se demandant s'il a bien tout les paramètres, qu'il a réfléchi à autre chose en même temps...
Niveau Combat, en théorie, c'est la même chose qu'en chasse, mais en pratique, c'est le néant. Sermy n'a quasiment aucun instinct, aucun réflexe, les ayant fait taire pour privilégier sa valeur propre. Il a des notions de défense par contre et il arrive plus ou moins à ne pas exposer de points faibles ou mortels, et arrive assez souvent à esquiver. Mais en ce qui concerne l'attaque... Mieux vaut ne pas demander.
Le point fort de Sermy est surtout dans son endurance. Son père l'ayant forcé à courir encore et encore, à s'entraîner pour cela. Pour lui donner des atouts pour la suite.
S'il n'est pas doué en combat, Sermy sait fuir. A cause des chiens présents non loin de chez eux, il a appris à fuir dès qu'ils arrivaient. Lié à cela il sait bien grimper dans les arbres, vu que c'est utile pour échapper aux chiens, c'est devenu vital.
Niveau nage, il sait nager... Sans plus. Il n'apprécie pas vraiment et n'est pas excellent nageur, il a juste les compétences pour ne pas se noyer.
Son équilibre est plutôt bon puisqu'il s'est entraîné à courir, mais pas en ligne droite, à esquiver les coups.
Niveau rapidité... Il est plus rapide qu'un escargot, certes... assez rapide pour chasser, sans pour autant avoir réussi une seule fois à rattraper un lapin...
En résumé :
doué en endurance, en fuite, en escalade, très bon équilibre
assez bon en chasse, bonne agilité
notions de défense et d'esquive (en combat), notions de natation
nul en combat (attaque), peu rapide
    - Pour finir, a-t-il des signes particuliers ? physiquement, non, sinon une tendance à tout remettre en cause et à poser beaucoup, beaucoup de questions.
    

HISTOIRE
    - Ton perso est-il de sang pur ou de sang mêlé ? Sang-pur
     - Et ses parents, ils venaient d'où ? de la lune
    - Les liens familiaux de ton perso :

Hiver Éternel – mère - Etoiles
Pelage de Pavot – père - Etoiles
Gardien des Flammes – frère – Guerrier (encore connu sous le nom de Gardien des Nuages)
Candeur d'Hiver – Soeur – Guerrière (encore connue sous le nom de Candeur des Nuages)
Vaillance Eternelle - frère - Guerrier Solitaire
   - Pourquoi porte-t-il ce nom ? Mes parents m'ont nommé Patte Solennel, afin que je garde un sérieux et un esprit critique à toute épreuve. Que je ne m'emporte pas en vain, que je me questionne sur le monde. Serment est le nom de Guerrier que mon père m'a donné, pour que je me rappelle toujours quel est mon devoir, le sens de ma vie.
    - Raconte-nous un ou des événement(s) particulier(s) de sa vie (naissance, baptême, cérémonie, ...) :

Je suis né avec Candeur, Gardien et Vaillance en pleine Saison des Feuilles Vertes. Une chaude journée pour des chatons aux couleurs toutes aussi chaudes. Ma famille... Elle était parfaite. Juste la perfection incarnée, la meilleure dont j'aurais pu rêver. Nos 5 premières se sont passées dans une ambiance aussi douce que le miel. Nos parents avaient choisi pour nous de grandes valeurs qu'ils espéraient grandement nous voir incarner et nous ont éduqués dans ce sens. Moi, il fut question de m'interroger sur le monde, de ne pas m'arrêter aux simples rumeurs, aux premières conclusions. Toujours réfléchir et aller au-delà, au-delà de ce que je vois. Tout se passait très bien, rien ne pouvait nous arriver dans ce Clan aussi parfait que notre famille. Et pourtant...

Peu après nos 5 Lunes, tout commença. Notre Guérisseuse commença à venir de plus en plus souvent pour voir notre mère. Ce fut le premier fait. Maman n'avait plus de lait à nous offrir, et bien qu'en âge de manger de la viande, nous fûmes confiés à une autre Reine, ce fut le deuxième fait. L'un dans l'autre, ces deux faits racontaient que Maman n'allait pas bien, mais j'étais persuadé qu'elle allait se remettre, c'est d'ailleurs ce que papa disait. S'il n'y avait eu que cela, je ne serais pas allé plus loin. Mais voilà, au lieu de s'éteindre doucement, la maladie de Maman semblait empirer chaque jour davantage. Cela commença par un sommeil entrecoupé de quinte de toux. Chacune nous réveillant. Cela continua par une fièvre qu'aucun remède n'arrivait à abaisser, au contraire, elle montait. C'était inquiétant, très inquiétant, et aux côtés des membres de ma portée, j'angoissais. J'essayais de réfléchir, de rationaliser, de croire les paroles de papa. Mais cela n'arriva pas. Je m'en rendis compte quelques jours avant. Les yeux vitreux, le souffle court, éloignée de la Pouponnière, Maman ne pouvait aller bien. Cela faisait un moment qu'elle était soignée, en vain. Que pouvais-je en conclure d'autre, moi qui avais été élevé pour réfléchir et comprendre? J'ai compris. Son calvaire continua encore un temps avant que le Clan des Etoiles n'ait pitié. Cela scella aussi ma relation avec les Ancêtres. S'ils étaient si puissants, pourquoi avaient-ils laissé Maman souffrir? S'ils ne pouvaient pas la sauver, ils auraient dû l'appeler plus tôt. Notre famille, ou ce qu'il en restait, tenta tant bien que mal de survivre à cette perte affreuse. Mais peu de temps plus tard, nous devenions des Nuages. Quatre Apprentis au service de leur Clan. Mon nom? Nuage Solennel, un nom que j'aimais. Un peu comme un lien avec Maman, puisque mes parents avaient choisi à deux mon nom. Je n'étais pas destiné à rester longtemps un Apprenti de la Lune.

Un soir, papa vint me chercher dans la Tanière des Apprentis, avec Vaillance, pour faire quelques pas. Cela ne me dérangeait pas, j'avais l'impression que Papa s'accrochait à nous pour continuer, qu'on était le dernier lien qui le maintenait ici. J'ai supposé, et je me trompais, qu'il allait parler à chacun de nous, que Candeur et Gardien auraient aussi leur conversation par la suite. Nous sommes sortis du Camp et avons marché un moment. Papa ne s'est arrêté qu'une fois à bonne distance du Camp. Il nous a regardé et lorsque son regard a croisé le mien, il me disait que ce moment allait être marquant dans ma vie. Mais je ne préférais pas m'avancer. Autant attendre que papa parle après tout, je serais fixé. Il nous fixa encore un moment avant de souffler ces deux petits mots. Je pars. Voilà ce qu'il disait. Et je n'avais pas besoin d'explication. Depuis la mort de Maman, Papa errait dans le camp, comme l'ombre du Guerrier formidable qu'il était. Il s'arrêtait à certains endroits que je savais être, par les histoires dans la Pouponnière, des lieux où Hiver Eternel avait été ou avait fait quelque chose. Il a continué en confirmant qu'il ne pouvait rester dans ce camp où à chaque pas qu'il faisait, l'odeur, la présence de son ultime amour étaient omniprésentes. Il avait l'impression à chaque instant que Maman était de retour, un espoir insensé palpitait en lui, jusqu'à ce qu'il voit le lieu, vide. Il avait essayé, pour nous, de passer outre, mais c'était trop dur. Je le comprenais facilement. Il avait passé tellement de temps à aimer Maman, il continuait toujours d'ailleurs. Puis il releva les yeux et dit qu'il avait une demande, une demande égoïste à nous faire. Il voulait que nous venions, Vaillance et moi, que nous l'accompagnions. Il ne voulait pas être seul, il ne pouvait le supporter. Je pensais alors à Candeur et Gardien, attendant qu'il m'explique pourquoi pas eux, en posant la question. Même si j'avais une idée, je préférai la vérifier plutôt que supposer vainement. Et il expliqua. Candeur était attachée à ce Clan, une véritable enfant de la Lune, jamais elle ne voudrait partir. En plus Candeur était ce que son nom indiquer, encore innocente, même si la flamme de sa pureté vacillait par instant, elle était toujours là. Lui imposer la dure vie et le froid de la solitude était hors de question, ce que j'approuvais. Candeur? Toute seule dehors, loin de la Lune? C'était inimaginable. Puis vint le tour de Gardien. Mon frère était d'une immense gentillesse. Un cœur généreux bien qu'un peu timide. Il n'était pas plus fait pour la rude loi des Solitaires que Candeur. Et comme notre sœur, il était profondément attaché à la Lune. Il pourrait aussi protéger Candeur. Moi? J'étais un des choix à faire. À mon grand regret, parfois, j'étais bien plus froid et détaché que Candeur ou Gardien, du fait de mon éducation. Apprendre à réfléchir, à remettre en question les choses, c'est aussi s'en détacher, pour voir le tout dans sa globalité. Ne pas sauter tout de suite aux conclusions, attendre avec patience, laisser venir. C'est sûrement pour cela que Papa m'a choisit. Pour Vaillance, s'entraîner loin du Clan lui donnerait une force bien plus grande de leur avis, de plus mon frère était bien trop attaché à notre père pour le laisser et repartir vers le camp. C'était logique, la solution qui conviendrait à tout le monde. Gardien soutiendrait Candeur et inversement. À deux ils sauraient continuer. Ensemble ils pourraient vivre. Papa ne pouvait plus vivre dans ce camp, mais il ne voulait pas non plus vivre seul. Alors j'acceptai et Vaillance accepta aussi. Sans un au revoir à mon frère et ma sœur, à mon mentor, à mon Clan, je suivis mon père et mon frère dans le froid de cette nuit. Un froid qui n'était pas près de finir. 

Le reste se passe entre lui, Vaillance et moi. Nous nous sommes isolés assez loin pour ne pas tomber sur un membre de notre Ancien Clan par inadvertance. Je frissonne en pensant à ce mot. Ancien. Nous n'étions plus des membres d'un Clan, plus des Guerriers ou futurs Guerriers. Nous étions devenus ceux dont la vie est récriée par les Clans, des égoïstes et lâches Solitaires, mais qu'importe. Nous avons marché très longtemps, vers les montagnes. Nous n'y sommes pas montés, bien sûr que non. L'hiver était là et nous n'aurions jamais survécu dedans. Nous nous sommes arrêtés juste avant, non loin de ces grosses bêtes aux très épaisses fourrures. Nous avons cherché un lieu assez abrité que l'on pourrait appeler un chez nous et nous y sommes installés. Dès le lendemain,papa continuait notre entraînement. Je ne savais pas pour Vaillance mais je n'étais pas resté Apprenti assez longtemps pour être bon en quoi que ce soit, que ce soit en chasse, en combat, ou en tout autre chose. Papa a séparé nos deux entraînements. Nous n'étions pas pareils, nous n'avions pas les mêmes forces ou faiblesses. Nous entrainer ensemble aurait été très difficile. Un jour je m'entraînais avec Papa, le suivant il était avec Vaillance et je continuais seul. Pour moi, papa a commencé par ce qu'il me fallait absolument savoir pour survivre en solitaire. Chasser. Il ne pourrait pas chasser pour nous éternellement, surtout avec la mauvaise Saison arrivant. 

Et ce fut intense. Ici, pas de patrouille, pas de devoir envers les Reines et les Anciens. Tout le temps était consacré à l'entraînement. Les premiers jours, papa chassa pour nous, m'apprenant les mouvements pour me mouvoir. Contrairement à ce que pouvait faire penser ma silhouette un peu bourrue, j'étais assez doué et agile. Il fallut plusieurs Lunes, mais je savais désormais chasser, du moins les méthodes de la Lune. A moi de les adapter à ce lieu. Mais étant proche des terres lunaires, le terrain n'était pas si différent. Avec la chasse, papa m'appris l'endurance, me faisant courir de longs moments chaque jour. Il y avait des chiens non loin, et sans Guérisseur, en si petit nombre, nous ne pourrions nous mesurer à eux. Il faudrait fuir et grimper. Je suis devenu un bon grimpeur. Après cela, vint la nage. Papa étais persuadé qu'un jour je pourrais en avoir besoin. J'avoue que je n'ai pas apprécié la sensation froide et mouillée de l'eau contre mon corps, de ne pas avoir de terre solide sous mes pattes. Mais ma raison me disait que c'était nécessaire. Quelle erreur ça aurait été, si un jour je mourrai noyé ! Alors j'ai appris. 

Quand tout cela fut assimilé, papa tenta de m'apprendre à combattre, et c'est là que les problèmes arrivèrent. De par la nature de mon nom et de mon éducation, je me posais bien trop de questions. Même si ça me posait parfois quelques problèmes en chasses, puisque je ratais de temps en temps le bon moment en réflexion, en me demandant si c'était le bon moment, si je ne devrais pas attendre. Par contre, en combat, ça posait bien plus de problèmes. Je n'arrivai pas à me décider à attaquer, essayant de réfléchir, mais se battre, c'est de l'action, de la réaction, des réflexes et de l'instinct. Des choses que j'avais volontairement bridées pour me permettre de réfléchir. Je ne participai que très très rarement aux petites bagarres de chatons. Aucun réflexe, aucun instinct si ce n'était une intuition purement intellectuelle. Papa était un peu embêté avant de trouver une solution. Comme il en avait convenu avec moi, m'apprendre à me battre ne serait qu'une perte de temps, autant renforcer mes points forts. Il tint quand même à atténuer mon immense faiblesse en m'apprenant un peu de défense. Si quelqu'un se jetait sur moi, esquiver, surtout s'il avait les griffes de sorties ou une expression hostile sur son visage. Cet argument était assez raisonnable et logique pour que je m'y rende. Savoir esquiver, qui ressemblait à  mes leçons sur la fuite, ne pas exposer ses points faibles comme le ventre, logique. Et ainsi nous continuâmes.

Régulièrement, nous nous rendions à la frontière des terres de la Lune, de nos anciennes terres. La première fois que je les ai revues, si proches et si lointaines, si familières et pourtant inconnues en même temps, mon cœur a fait un bond, ou du moins mon cerveau a généré un stimuli me donnant cette impression. Nous avions convenu d'une rencontre tous les quarts de lune avec Gardy et Candy. Tout comme revoir ces lieux qui avaient constitué mon enfance m'avait donné une étrange impression, revoir mon frère et ma sœur, que nous avions laissé derrière, était un fait très étrange. J'ai cru que nous nous étions quitté la veille, mais aussi que nous ne nous étions pas vus depuis des Saisons. Ils avaient changé. Est-ce à cause de notre départ soudain? Je l'ignore. Peut-être n'est-ce qu'une conséquence du temps qui passe et qui nous fait mûrir. Pendant ces rencontres, je ne me sentais pas à ma place. Gardy et Candy vivaient dans un monde que j'avais quitté, de mon plein gré, et duquel je ne ressentais aucune nostalgie. La seule chose qui me manquait un temps soit peu était la présence à mes côtés du reste de notre fratrie. Mais l'entraînement ne me laissait que peu de temps à la tristesse ou quoi que ce soit.

Concentré que j'étais sur mon apprentissage, je n'ai pas tout de suite remarqué que papa semblait s'affaiblir. Il semblait si fort et à chaque fois qu'il m'apprenait quelque chose, qu'il me voyait essayer voire réussir, il avait ce petit pétillement dans les yeux, cela ne durait qu'un instant, mais lorsque je voyais cette lueur, j'étais certain d'avoir pris la bonne décision, de suivre papa. M'entraîner, nous entraîner, lui donnait une raison de s'accrocher. Je voyais aussi cette lueur lors de nos rencontres avec Candeur et Gardien. J'avais bien compris que les deux lui manquaient, mais je savais au fond de moi que ni l'un ni l'autre ne viendrait nous rejoindre. Certains soirs, nous discutions de sujets divers pour entretenir cette valeur qu'ils avaient voulu me transmettre, me voir cultiver, Vaillance intervenant aussi dans nos débats. Il lançait un sujet, je devais m'interroger dessus, trouver ce qui était questionable, ce qui était douteux. Ne me rendre que devant des arguments justes, des preuves solides. D'autres soirs, nous avions des conversations plus légères, sur tout et sur rien. Papa ne parla qu'une fois des Etoiles Noires. Loin de tout, nous n'avions pas de nouvelles, mais avant de partir, un peu après notre naissance, s'était tenue la dernière assemblée. Il ne savait pas s'il y en avait eu de nouvelles, mais sur les lunes que nous étions au Clan, depuis cette Assemblée, il n'y en avait pas eu. Le problème était-il résolu? Il n'avait aucune preuve à me donner pour affirmer ou infirmer cette question. En cas de doute, je me suis dis qu'un jour je saurais.

Une nuit, alors que Vaillou et moi avions atteint les 12 Lunes, eut lieu notre habituelle rencontre à la frontière. Gardy et Candy n'étaient pas encore là. Estimant qu'ils pouvaient avoir du retard ou des obligations, nous avons attendu, immobiles, dans le froid. L'attente dura, longuement et s'étira lentement. Au bout d'un moment, nous convinrent qu'ils ne viendraient pas et sommes retournés à notre abri. Je m'inquiétais un peu, mais mon tracas n'était rien comparé à celui de Papa. Il semblait toujours inquiet, s'attendant presque à voir un mort. Depuis cette nuit, à chaque rencontre prévue, nous nous sommes déplacés, sans jamais voir ni Gardy ni Candy. Étaient-ils blessés? Nous ne pouvions nous permettre de pénétrer sur ces terres qui avaient été nôtres des lunes auparavant. Notre odeur avait changé, nous n'étions plus des enfants de la Lune et pouvions trop facilement être pris pour des ennemis. Pensant en plus à la peine que cela infligerait au reste de notre famille, si pour nous assurer de leur bien être, nous étions blessés, nous n'avons pas posé patte là-bas, quoi que cela nous coûtait, papa le premier.

Puis vint cette lune, la lune qui vint avec ma 13ème Lune. Papa m'invita à m'asseoir en face de lui tout comme mon frère. Son regard était très sérieux, mais je vis aussi autre chose. Une chose qui avait été sous mes yeux depuis longtemps. Mon père était maigre, et pourtant, même si c'était difficile, nous avions au moins une proie chaque jour. Nous n'avions pas tant souffert de la faim, malgré que la mauvaise Saison n'en finissait pas, ce qui était très étrange en soi. Pelage de Pavot avait maigri, très fortement, mais une lueur flamboyait dans son regard. Je n'oublierai jamais les paroles qu'il a prononcé ce jour. Il s'adressa tout d'abord à moi

"Approchez mes enfants. Vous l'avez sûrement compris, mais vous allez vous retrouver seuls. Je n'en ai plus pour longtemps, je le sais, je le sens. Je n'ai aucune preuve à vous montrer surtout à toi, Nuage Solennel, à part que je m'affaiblis de jour en jour, que je sens mes forces me quitter, que j'entends presque l'appel des Etoiles. Ne soyez pas triste, je m'en vais rejoindre votre mère, ma douce et tendre compagne. Je sais que tu doutes de l'existence des Etoiles Nuage Solennel, mais nous veillerons sur vous depuis là-haut. Je suis fier de ce que vous êtes devenus, des félins que tu êtes. Vous apprendre et vous faire grandir a été une joie et un honneur, la dernière chose que je pouvais faire. Alors quand je partirais, je serais heureux."

Il s'adressa ensuite à Vaillance, des mots pour lui. Je détournai le regard, voulant leur laisser ce moment. Puis mon nom se fit entendre et je repris patte à la réalité. 

" Nuage Solennel, je voudrais que tu me fasses une promesse , que tu cèdes à mon caprice. Sois toujours fidèle à cette valeur que ta mère et moi t'avons donné et que nous avons toujours cultivé, au Clan ou ici. Garde toujours cet esprit critique que nous t'avons enseigné, cultive la avec dignité et ne t'abaisse à rien. Tu n'as pas à rougir de ce que tu penses, sois en fier."

Je hochai la tête, conscient qu'il ne s'agissait ni plus ni moins de la dernière volonté de papa. Il n'était pas encore mort, bien sûr, ce n'était pas une volonté murmuré dans un dernier souffle, mais c'était logique. Il voulait me dire ça avant que la faiblesse d'une mort prochaine ne l'en empêche ou coupe ses pensées. Plus qu'un hochement de tête, je pris la parole.

"Je te le promets Pelage de Pavot. Sur ma vie et sur ma dignité, par mon cœur et ma raison, je jure de toujours vivre ma vie selon les principes que tu m'as enseigné, de toujours prendre du recul et réfléchir à tout ce qui peut être questionable, de ne jamais prendre pour acquis ou de croire quelque chose sans preuves ou arguments solide. Je resterai digne et fier de cette valeur que vous deux, mes parents, m'avez offerte. Je t'en fais le serment."

Papa hocha la tête, avant de devenir pensif. Il me regarda, regarda mon frère puis sembla se plonger dans une longue réflexion. 

"Nuage Vaillant, Nuage Solennel, je ne suis peut-être pas un chef de Clan, mais je vous connais plus que les autres, de par notre proximité. J'ai suivi vos apprentissages, vos progressions et aujourd'hui, je sais que vous êtes dignes de recevoir vos noms de Guerrier. Par la Lune qui éclaire cette nuit et par les Etoiles comme témoins, je te donne vos noms de chasseur. Dès aujourd'hui, Nuage Vaillant, tu te nommeras Vaillance Eternelle, en souvenir de votre mère. Blablabla. Nuage Solennel, tu te nommeras Serment Solennel, en référence à celui que tu m'as fait en ce jour et pour que jamais tu ne l'oublies. "

C'était peut-être une manière non conventionnelle, mais depuis lors je me présente sous ce nom et j'appelle mon frère Vaillance Eternelle. Les jours qui suivirent furent un peu étranges. Papa ne sortait plus et nous chassions pour lui, comme lui l'avait fait pour nous au début de notre vie à trois. Puis vint le moment où ses yeux prirent cette teinte vitreuse semblable à celle de Maman. Heureusement, il ne semblait pas souffrir comme Hiver Eternel avait souffert. Etait-ce le désespoir qui l'avait tué à petits feux, de par la mort de sa compagne suivie de la disparition inexpliquée de ses deux autres enfants? Une maladie indécelable? Je crois que personne ne le saura jamais. Mais en ces derniers instants, il trouva la force de nous voir chacun notre tour. Je ne sais pas ce qu'il a dit à mon frère, ça ne me concerne pas, de toute façon, mais je me souviens de ces mots, de ses mots pour moi. 

"Serment Solennel, mon enfant. Je vais pouvoir te rendre cette liberté que je t'ai volée. Je sais que tu ne regrettes pas, mais il ne reste peu de temps avant que tu ne sois complètement libre. Fais ce que tu veux maintenant. Tu peux rester ici et vivre en Solitaire comme ces dernières Lunes, tu peux retourner à la Lune ou dans un autre Clan, tu as le choix. J'aimerais te demander une autre faveur. Retrouve ton frère et ta sœur, vois comment ils vont. J'ai peur pour eux, mais je ne pourrais plus rien faire. J'aimerais que tu t'assures de leur santé et que tu leur apprennes la nouvelle, aussi triste soit elle, ils ont besoin de savoir. "

Il me lança un dernier regard et je passai un coup de langue sur son épaule. Peu de temps après ses yeux ne regardèrent plus que le vide. Comme les rituels claniques qu'il m'avait un peu enseigné, je restai à ses côtés, avec Vaillance, à le veiller toute la nuit. Au matin, je me levai, un peu engourdi. J'avais eu le temps de réfléchir et j'avais pris ma décision. Je voulais revoir Candeur et Gardien. De toute manière, je devais les prévenir de la mort de papa et effectuer ainsi la dernière requête qu'il m'avait demandée. Ensuite? Je ne sais pas. Resterais-je? Peut-être. J'en parlerai avec le Chef de la Lune. Aux dernières nouvelles, il s'agissait toujours d'Etoile Destinée, mais qui sait? En deux lunes beaucoup de choses pouvaient changer. Mais dans l'immédiat, j'avais une tâche à effectuer avec mon frère. Enterrer Pelage de Pavot. Il était hors de question que nous laissions son corps à la merci des chiens ou des charognards. J'espérais sincèrement que ses croyances étaient véridiques et qu'il se tenait aux côtés de sa Compagne, mais je ne pouvais que douter, n'ayant jamais vu un Guerrier Etoile. Nous avons choisis un lieu où notre père allait souvent. Il s'y recueillait, pensant à Maman. Un petit endroit isolé, assez loin du plan d'eau, où un petit rayon de soleil tombait dans la journée et le soir. Je m'acharnai avec Vaillance Eternelle sur la terre froide et gelée, souillant nos pattes de terre et de sang. Ca faisait mal, mais je n'abandonnai pas. C'était la dernière chose que je pouvais faire pour lui. Lorsque ce fut finit, j'allais me rincer les pattes, grimaçant lorsque l'eau glacée toucha mes blessures. Je me tournai ensuite vers mon frère, lui disant que ma prochaine destination serait le Camp de la Lune!

la suite inRp