Nuances d'Olivine.

CARACTÈRE
- Comment tu décrirais le caractère de ton perso ? N'oublie pas ses qualités et ses défauts : Douce de manière générale, elle est très appréciée de ceux qui l'entourent & la connaissent un peu, adorée par les chatons avec qui elle va souvent jouer ou raconter des histoires de chasse pour les occuper ▬ Présente en toutes circonstances pour ceux qui lui sont proches, ou même pour ses camarades de l'Astre qu'elle connaît le moins bien, elle est un appui sur lequel on peut compter, une oreille attentive & des paroles apaisantes pour tous ceux qui auraient besoin de se confier ou d'être encouragés ▬ Loyale & dévouée à l'Astre & à ses proches, elle chasse souvent plus longtemps que nécessaire pour ramener un nombre de proies la satisfaisant un tout petit peu, elle aide souvent les Soigneuses à rassembler des remèdes pour que la tribu n'en manque pas aux périodes les plus rudes, elle fait de son mieux pour aider son prochain dès qu'elle le peut ▬ Courageuse, elle n'hésite pas à se jeter dans toutes les batailles pour protéger les siens ou pour protéger l'Astre bien qu'elle n'aime pas les batailles inutiles, à affronter les flammes si nécessaire si elle peut en sortir un chaton paniqué ▬ Forte, du moins elle le semble car il est certains points sur lesquels elle est aussi fragile qu'une fleur délicate, d'une sensibilité peut-être assez déconcertante au vu du reste de sa personnalité ▬ Un poil étrange aux yeux de certains, mais elle s'en contrefout, le principal est qu'elle s'assume entièrement telle qu'elle est dit-elle lorsqu'on lui demande si ça ne la gêne réellement pas ▬ Méfiante envers les chats des Clans, qu'elle considère comme de stupides boules de poils passant leur vie à guerroyer pour des futilités alors qu'une entraide serait souvent plus simple, & réglerait bien des problèmes ▬ Méfiante envers les inconnus aussi, bien qu'elle soit d'un naturel altruiste & toujours prête à aider dans la limite de ses capacités ; elle ne tient pas à se faire rouler par un chat mal intentionné ▬ Chaleureuse envers la grande majorité des chats de l'Astre, ses camarades qui sont pour elle presque une famille, & plus chaleureuse encore avec ses proches ▬ Très affectueuse de manière générale, bien que ses démonstrations aient une tendance somme toute assez logique à se limiter à ses proches ▬ Dotée d'un grand sang-froid, elle peut encaisser longtemps & intérioriser sa colère sans paraître s'énerver même un tout petit peu ▬ Tant qu'on s'en prend à elle, elle ne répond même pas, par contre elle a toujours défendu sa mère & fait taire les quelques imbéciles qui ricanaient en la voyant sombrer au fond du gouffre dont elle ne sortirait jamais ; Olivine a même une fois été si excédée d'en voir un rester insultant sans en démordre, qu'elle a perdu son calme & qu'il en garde une vilaine balafre à l'oreille gauche ▬ Capable de devenir d'une impulsivité déconcertante lorsque les limites de son implacable sang-froid sont atteintes, elle ressemble sur ce point à sa mère car il s'agit souvent du calme avant la tempête ▬ Hormis s'il s'agit d'une faute grave ou d'un manque de respect envers des félins qu'elle aime, elle n'est pas trop rancunière & pardonne plutôt facilement ; par contre dans l'un des deux cas cités, ne comptez surtout pas sur son pardon ▬ Franche, elle dit toujours clairement les choses comme elle les pense, sauf à être tenue au silence par un secret qu'on lui a confié ; franchise ne rime cependant pas avec insolence ni paroles blessantes, & elle fait tout de même toujours attention à formuler ses paroles de manière à rester dans les limites du raisonnable, sauf à vouloir se montrer cassante ▬ Respectueuse par nature, il en faut beaucoup pour qu'elle se départisse de son respect envers un chat, à peu près autant qu'il en faut pour que sa colère ne déborde en fait ; il faut réellement avoir commis une faute grave ou manqué énormément de respect à un de ses proches, auquel cas il est aussi rude de regagner son respect que d'obtenir son pardon ▬ Réfléchie dans la majorité des cas, elle fait attention aux actes qu'elle accomplit, à la manière dont elle prononce ses paroles, afin que cela ne desserve pas ni l'Astre, ni ses proches, ni les secrets qui peuvent lui être confiés ▬ A des opinions assez tranchées de manière générale, & même si elle écoute toujours les arguments qu'on lui avance avec attention lorsqu'on la contredit, il n'est pas facile de la faire changer d'avis ; à moins bien sûr que ce soit un point sur lequel elle n'avait jamais vraiment réfléchi avant.

- Quels sont ses projets ? Elle n'en a pas vraiment. Elle ne cherche pas à se faire aimer comme certains autres qui ont absolument besoin d'un public perpétuel -elle n'apprécie d'ailleurs que peu ce genre de comportements-, & si elle tient à être une Rôdeuse efficace il lui importe peu d'être la meilleure. Les rôles de Conseiller & de Guide sont des responsabilités qu'elle pourrait probablement assumer vu son sang-froid & sa capacité à être si réfléchie, mais elle se juge bien trop jeune pour l'être, & si cela doit lui arriver un jour ce ne sera pas parce qu'elle aura à tout prix voulu cette place ; ce n'est pas une ambitieuse invétérée. Peut-être aura-t-elle des chatons un jour, demain ou dans vingt-six saisons, elle n'en sait rien & ne cherche pas à tout prix à planifier le meilleur moment pour sa première portée comme d'autres le font. En fait, elle vit au jour le jour, elle prend la vie comme elle vient, & cela lui convient parfaitement!

- Et au contraire, sa plus grande peur ? De la même manière que précédemment, elle vit au jour le jour sans trop s'inquiéter de demain. Malgré tout, tout au fond d'elle, elle craint le moment où le souffle de sa mère s'éteindra, car elle sait que ce jour-là, malgré l'existence de ses deux soeurs aînées dont elle est pourtant relativement proche, elle sera réellement seule. Car si sa mère a été telle une ombre durant pratiquement toute la vie de la jeune chatte, elle est néanmoins demeurée présente pour elle, rassurante aux yeux de son enfant qui peine encore plus à imaginer une heure sans qu'elle ne vive qu'à se forcer à imaginer de quoi pourrait être fait son propre avenir.

- A-t-il un point de vue sur les rivalités claniques ? Ca, c'est l'affaire des Clans. Elle-même n'en a rien à carrer ; elle ne se sent pas concernée par leurs disputes futiles pour un petit lopin de terre, ou pour la souris qui aurait pourtant pu servir à sauver le vieux chat malade du Clan qui a eu le malheur de la pourchasser encore sur deux longueurs de queue après qu'elle ait passé une frontière invisible.

- Quel est son point de vue sur le Clan des Étoiles ? Elle y croit, dur comme fer, à ces histoires d'ancêtres que sa mère lui a contées avant que sa voix ne meure, que sa soeur aînée Emeraude Céleste a perpétrées ; en partie peut-être parce qu'elle ne peut que son frère jumeau Béryl ou son oncle Sombre Incendie se soient simplement évaporés dans le néant, qu'ils n'aient pas trouvé de meilleurs terrains de chasse après avoir rendu le dernier soupir. Tout comme elle est incapable d'envisager que sa mère ne puisse trouver un véritable repos lorsque finalement la maladie l'emportera, qu'il n'y ait pas un lieu où son coeur visiblement brisé depuis bien longtemps puisse enfin se reconstituer!

- Et sinon, quelle réputation a-t-il : au sein du clan, dans l’ensemble de la forêt ? Sa tribu la trouve parfois un poil étrange sur les bords, surtout que le fait qu'elle parle parfois à son frère défunt comme s'il lui répondait lorsqu'elle est seule, lui racontant sa journée ou philosophant au calme sur certaines questions la taraudant, n'est pas un secret qu'elle a farouchement gardé ni dont elle a eu honte lorsque certains membres de l'Astre ont pu la voir. Mais somme toute ils la pensent surtout comme une jeune chatte adorable, toujours prête à offrir son aide pourvu qu'elle soit en capacité de la fournir, que ce soit physiquement, par des patrouilles de chasses, ou simplement moralement en restant un soutien pour ceux qui en ont besoin. Quant au reste de la forêt, comment dire qu'en vivant à l'écart des traditions incompréhensibles des Clans, il est difficile d'être connu des Guerriers les composants?
   

PHYSIQUE
   - Ton personnage, il a quel type de pelage ? Une fourrure sombre parsemée de poils & de taches rousses, de nuances brunes, un pelage doux & soyeux à la limite entre le court & le mi-long, qu'elle entretient assidûment sans pour autant chercher la coquetterie perpétuelle ; bien au contraire, son apparence elle s'en fout! Elle n'aime juste pas avoir la fourrure sale ou emmêlée, tout en étant parfaitement consciente que c'est inhérent à ses tâches de Rôdeuse, & qu'elle ne peut donc s'occuper d'y remédier qu'une fois rentrée au Camp pour ses périodes de repos. De même, elle ne s'inquiète pas de se salir ou de s'ébouriffer la fourrure en jouant avec les chatons, c'est également assez normal & ce ne serait pas amusant pour eux s'il leur fallait faire attention à ce qu'elle reste impeccable ; & de toute manière dans ce cas-là aussi, elle peut bien s'occuper de soigner son pelage après!

- Et il a de beaux yeux ? Deux perles d'un vert soutenu, qui varient au vert-pâle ou vert-doré voire plus rarement au jaune-opalin, le tout selon la luminosité & ses humeurs. Magnifiques sans nul doute, & très expressifs la majorité du temps ; sauf à ce qu'elle soit indécise, ou en train de lutter pour contenir une colère presque trop attisée.

- Il est plutôt grand, de taille moyenne, ou petit pour son âge ? D'origine Lunatique par sa grand-mère maternelle, elle n'a pourtant pas hérité la petite taille qui fait la réputation des chats de ce Clan, juste de leur agilité ; pour le reste, elle est de taille plutôt moyenne pour une jeune adulte.

- Et au niveau de sa corpulence ? Svelte & plutôt jolie, elle pourrait sembler fragile si une fine mais indéniable musculature ne se trahissait pas sous sa fourrure, particulièrement au niveau de ses pattes où les poils sont bien sûr plus courts.

- Quant à ses habilités, il est plus ou moins bon en quoi ? Ladite musculature de ses pattes vient de ses aptitudes à la course, des aptitudes d'endurance plus précisément. En effet, la jeune chatte peut courir longtemps en petites foulées sans s'essouffler, & est bien meilleure à ce jeu qu'à celui du sprint d'ailleurs ; bien qu'elle soit capable de faire preuve de vitesse sur de très courtes distances, lorsqu'elle cherche à prendre une proie surtout. Elle est également capable de battre la majorité de ses adversaire en combat singulier juste sur la durée, car elle tient de fait beaucoup mieux le coup que ceux qui font plutôt confiance à leur puissance brute ou qui n'ont pas plus que ça travaillé leur durabilité. Elle est comme de par ses origines Lunatiques plutôt agile, & dotée d'une souplesse légèrement au-dessus de la moyenne, capable d'effectuer des sauts plus que corrects, mais sa force brute est complètement dans la moyenne par rapport aux félins de sa corpulence.. Voire en fait légèrement en dessous, puisque comme nous le disions elle d'avantage taillée pour l'endurance, tant nativement que du fait qu'elle a surtout travaillé cela. Car selon elle être capable de terrasser un adversaire en deux temps trois mouvements c'est bien, mais si l'on ne peut pas assumer d'en affronter un second juste après, c'est inutile. Elle sait aussi reconnaître une bonne partie des plantes médicinales & saura toujours se dépatouiller si elle ou un de ses camarades se blesse hors du Camp, afin de panser un minimum la blessure pour qu'elle ne s'aggrave pas en rentrant rejoindre les chats qui savent vraiment quoi faire.. Mais bon, avoir une mère Conseillère-Soigneuse & une soeur Apprentie-Soigneuse auprès desquelles elle a grandi & qu'elle a toujours aidées volontiers aide énormément sur ce point. Par contre elle s'est déjà essayée à la pêche dans le ruisseau qui court dans les Hautes Terres, comme une partie de ses camarades, & c'est définitif : là-dessus, elle est une véritable plaie, & malgré les tentatives de ceux ayant trouvé des techniques adéquates, elle est définitivement incapable de sortir le moindre petit poisson de l'eau! Ce qui est assez frustrant l'hiver, quand les proies se font rares & qu'elle ne peut donc être satisfaite d'avoir ramené assez à manger au Camp..

- Pour finir, a-t-il des signes particuliers ? La particularité de ses yeux déjà, puis sa mentalité qui l'a faite choisir de travailler avant tout l'endurance, sans pour autant négliger la technique bien sûr histoire que cela serve à quelque chose -si elle est à la ramasse pour tout ce qui est de savoir se battre, avoir appris à tenir le choc de longues batailles serait inutile!-. On pourra aussi mentionner le carillon chantant de sa voix, hérité directement de sa mère dont il faisait la réputation ; après tout, c'est de son timbre si particulier que Musique a obtenu son nom.

HISTOIRE
- Ton perso est-il de sang pur ou de sang mêlé ? Difficile à dire, au sein d'une tribu telle que l'Astre, qui en plus d'être jeune se constitue de solitaires & ne refuse que rarement un chat souhaitant les rejoindre. Mais si la question est : est-ce que ses parents appartenaient à l'Astre au moment de sa conception, la réponse est oui.

- Et ses parents, ils venaient d'où ? Sa mère appartenait à la Meute de Tache de Sang, après avoir connu la Meute avant même ses dissensions. Lorsque les deux Meutes ont été détruites au moment de l'Apocalypse, elle fut l'une des seuls survivants de la sienne ; une chance pour elle, qui malgré toutes ses qualités pour le groupe n'y avait jamais été acceptée. Elle a alors trouvé Agonie, de l'autre Meute, souhaitant comme elle relever la tribu. D'autres félins les ont rejointes, & au lieu d'une Meute est finalement né l'Astre, regroupement de félins bien plus pacifiques & bien moins sanguinaires. Requiem, son père anciennement solitaire, est un des premiers félins à avoir rejoint cette nouvelle tribu.

- Les liens familiaux de ton perso :
Musique Déchue - Mère.
Requiem - Père, presque un inconnu.
Sombre Incendie - Oncle maternel, défunt.
Coeur Damné - Véritable amour de sa mère & père de ses aînés, inconnu car défunt depuis longtemps.
Saphir - Aîné de la première portée de sa mère, défunt.
Emeraude Céleste - Cadette de la première portée de sa mère, Rôdeuse.
Pierre de Lune - Dernière-née de la première portée de sa mère, Apprentie Conseillère Soigneuse.
Béryl - Son frère jumeau, qui n'a vécu que quelques jours. Souvent, quand elle va mal ou se sent seule, ou juste quand elle a envie, elle lui parle. Comme s'il était à côté d'elle. Car pour elle il ne l'a pas quittée un seul instant, il a toujours été à ses côtés.

- Pourquoi porte-t-il ce nom ? Petite, elle fut appelée Olivine en raison de la couleur vert pâle de ses yeux, & du fait que sa mère avait choisi de nommer tous ses petits selon des noms de gemmes. Lorsqu'il s'est avéré, plus tard, que la couleur de ses yeux changeaient variait selon la lumière & ses humeurs, il a été décidé qu'elle ferait partie de ceux prenant un nouveau nom à l'âge adulte. Ainsi est-elle devenue Nuances d'Olivine, tout en rapport avec ses yeux si particuliers.

- Raconte-nous un ou des événement(s) particulier(s) de sa vie (naissance, baptême, cérémonie, ...) : Olivine & Béryl sont nés, en quelques sortes, d'une erreur. Pas comme lorsqu'on est pris d'un coup de folie regretté au lendemain, ou qu'on subit impuissant la conception de son propre enfant ; plutôt une erreur de sentiments, une tentative désespérée d'oublier un passé trop douloureux & encore bien trop à vif. Huit lunes avaient passé, depuis l'Apocalypse. L'Astre s'était bien installé en son nouveau camp, les choses commençaient à se rôder peu à peu entre les félins de cette tribu bien jeune, & leur rythme commençait à se trouver peu à peu. Une première portée était née, six lunes plus tôt, sans beaucoup d'assistance pour la nouvelle mère puisqu'il s'agissait ni plus ni moins que de celle qui avait choisi d'endosser le rôle de Soigneuse. Son frère jumeau avait fait tout son possible, guidé par elle-même, mais il n'avait jamais porté de soins auparavant ; aussi la naissance d'Emeraude, Saphir & Pierre de Lune avait été un peu compliquée à gérer. Mais les trois chatons étaient finalement venus au monde sans complications. & leur mère si sombre & froide malgré sa voix enchanteresse, avait pris soin d'eux comme de la prunelle de ses yeux. Car ils étaient tout ce qu'il lui restait de Lui, & qu'elle avait fini par s'avouer à elle-même -même si nul ne lui ferait avouer oralement, jamais!-, les sentiments qui l'animaient toujours à Son égard. Malgré son départ définitif pour l'autre monde. Elle avait cru mourir de désespoir, lorsque son fils Saphir avait perdu la vie, & que malgré tous ses efforts sa fille Pierre de Lune n'avait pas pu retrouver l'usage d'une de ses pattes ; le tout dans un même accident, qu'elle aurait dû être là pour empêcher. Mais elle était restée droite & inébranlable, pourtant. De l'extérieur, en tout cas. Car ses deux filles, ayant survécu à leur frère bien que l'une soit mutilée à jamais, avaient besoin de sa force. & elle la leur avait donnée. Malgré ce vide intérieur qui se faisait de plus en plus présent, oppressant, étouffant même. Elle avait tout donné à ses filles. Puis elles avaient grandi. Pierre de Lune demeurant dans sa tanière, & Emeraude devenant novice. & alors qu'elles avaient petit à petit un peu moins besoin d'elle, le vide grandissait encore plus vite. Comme si toute raison de vivre s'évaporait peu à peu.

Puis un jour, elle avait partagé son dîner avec Requiem. Oh ce n'était pas la première fois que cela arrivait, bien qu'elle semblait distante & fort peu sociable, la Conseillère-Soigneuse prenait souvent son repas avec divers membres de l'Astre, ne serait-ce que par respect envers son propre rang. Mais ce fut la première fois qu'elle envisagea d'oublier grâce à lui. Allez savoir pourquoi cette idée lui était venue, pourquoi maintenant, pourquoi ce félin-là en particulier alors que cela aurait pu remettre en cause un des rares vrais semblants d'amitié qu'elle avait réussi à nouer ; à ces questions, elle-même ne saurait y répondre. Mais c'est ce qui lui traversa l'esprit, de manière plus ou moins consciente. L'idée qui revint quand ils discutèrent le lendemain, alors qu'il revenait d'une longue journée de chasse lors de laquelle il s'était foulé une épaule, des suites d'une mauvaise chute. Qui revint encore quand il l'accompagna pour l'aider à porter des remèdes, quelques aubes plus tard. & qui disparut finalement de manière brutale & radicale, lorsqu'elle s'aperçut après avoir été trop loin qu'il s'agissait d'une grossière erreur, qu'elle ne pourrait pas oublier si aisément avec le "premier venu" un amour qui faisait encore battre son coeur si fort six lunes après sa mort. Mais le faux pas avait déjà été commis, & même si elle coupa nette cette brève relation, cela n'empêcha pas son ventre de s'arrondir de nouveau peu à peu. & deux lunes plus tard naissaient Béryl & Olivine, lors d'une mise bas assistée par leur propre soeur aînée, Pierre de Lune ; car faute de pouvoir chasser & se battre, celle-ci avait suivi la même voie que sa mère. & même s'ils étaient au fond le fruit d'une erreur, d'une relation qui n'aurait jamais dû exister, dénuée de l'amour vrai qu'elle avait eu pour le père de sa première portée, Musique Déchue les aima profondément dès l'instant où elle les vit blottis contre son ventre. Il lui sembla qu'une partie du vide venait malgré tout de se combler grâce à eux, comme si elle avait de nouveau une raison de vivre ; comme lorsque leurs aînés étaient venus au monde, en somme. & cela serait éphémère aussi sans doute, jusqu'à ce qu'ils ne soient plus autant dépendants d'elle.

Hélas ce vide apparemment partiellement comblé ne le fut pas bien longtemps. Oh qu'elle pleura amèrement, lorsqu'âgé de quelques aubes à peine, Béryl rendit son dernier souffle bien avant d'avoir eu l'occasion de vivre, déchirant une fois de plus son coeur qui avait déjà été bien malmené. Ni elle, ni sa fille Pierre de Lune, n'avaient pu faire quoi que ce soit pour sauver le chaton gris & noir aux yeux bleu-vert. & Olivine avait été, si jeune, condamnée à vivre avec la douleur d'avoir perdu un frère. Quel déchirement que de perdre son second fils! La Soigneuse qui déjà ne s'était jamais remise ni de la perte de son amour, ni de celle de son premier fils, n'en fut que plus profondément dévastée ; & un vide plus grand encore que précédemment s'ouvrit en elle. Elle devint plus distante encore avec le monde l'entourant, les vivants, ne restant attentive qu'aux blessés & malades à soigner, qu'à ses filles vivantes & son frère Incendie qui étaient tout ce qu'il lui restait ; la prunelle de ses yeux, qu'elle aurait défendu farouchement si elle l'avait pu. Elle s'éloignait même du Conseil dirigeant la tribu, dont elle était pourtant une membre importante en tant que Soigneuse ; laissant de plus en plus la place à sa fille Pierre de Lune censée lui succéder un jour. & puis ce maudit blaireau avait créé une déchirure de plus dans son coeur meurtri, alors que sa fille Olivine atteignait les quatre lunes sans soucis. La petite se développait tout à fait normalement, douce & enjouée même si elle grandissait dans l'Antre de sa mère plutôt que dans celle des Mères ; elle ne s'en plaignait pas, & acceptait parfaitement sa situation qu'elle n'aurait échangé pour rien au monde. Pourtant, elle s'inquiétait souvent beaucoup pour sa maman qui semblait si malheureuse. Qui atteignit probablement le fond du gouffre ce jour-là, lorsque sans savoir pourquoi elle eu l'impression soudaine qu'on lui arrachait ce qu'il restait de son coeur avec une violence inouïe. Sombre pressentiment qui la laissa presque à terre toute la matinée ; jusqu'à ce qu'un Rôdeur ramène au milieu du camp la dépouille ensanglantée d'un autre Rôdeur, au pelage de flammes. Le cri de désespoir qui lui échappa résonna longtemps aux alentours, & résonne aujourd'hui encore dans la tête de sa fille benjamine qui la revoit encore très distinctement se jeter contre cette fourrure devenue écarlate, tentant de ranimer le félin indéniablement mort avec tout le peu d'énergie qu'elle possédait encore.

A partir de ce jour-là, Musique Déchue n'avait plus été que l'ombre d'elle-même. Ses seuls & rares sourires allaient à ses filles. Mais même ses filles ne parvenaient pas à la consoler, même un tout petit peu, même pour un tout petit instant. Elle se nourrissait encore, poussée par ce qu'il lui restait de désir de veiller sur ses filles, de les protéger ; mais juste à peine pour ne pas dépérir. Du moins, pas pour des raisons alimentaires. Car chaque jour, la déprime grignotait un petit peu de terrain. Chaque jour, son coeur meurtri se flétrissait un peu plus. & le jour où elle s'aperçut que sa dernière fille parlait depuis toujours avec son frère défunt, comme s'il était toujours là, n'arrangea probablement rien. Crut-elle, l'espace d'un instant, qu'Olivine parvenait à voir l'esprit de Béryl? Que celui-ci se montrait à la jeune chatte alors novice depuis peu car elle était innocente de tout, & qu'il refusait de la voir elle qui avait pourtant par son rang plus de dispositions à cela, car il lui en voulait de ne pas l'avoir sauvé? Nul ne pourrait le dire, car elle ne le dit à personne. Dès ce jour, elle se renferma définitivement sur elle-même, & ne prononça plus jamais un mot. La jeune chatte ne sut jamais, une chance sans doute, que juste avant cela sa mère fragilisée avait finalement compris à qui s'adressaient les phrases qu'elle lançait parfois dans le vent depuis son plus jeune âge ; elle tirerait plus tard d'autres conclusions, peut-être plus proches de la réalité que cette futilité. Peut-être au fond que son repli définitif n'avait rien à voir avec cela, qu'il s'agissait d'un hasard pur que ces deux faits se soient produits au même moment. Mais à partir du jour où, par hasard, elle avait fait cette silencieuse constatation, elle-même ne tenta plus jamais de prononcer un mot. Elle se contenta de mener à bien ses tâches de Soigneuse à la perfection, autant que possible du moins, dans un mutisme parfait. D'être une ombre présente pour ses filles, dans les quelques cas où elles semblaient avoir encore besoin d'elle. Si seulement elle s'était doutée que ses filles auraient toujours autant besoin d'elle.. Peut-être que le vide n'aurait pas eu petit à petit raison de son être. Peut-être ne se serait-elle pas fragilisée autant, elle qui était si forte & combattive par le passé, si fière de sa puissance & de sa rage de vaincre, au point de devenir aussi frêle qu'une feuille ballotée par le vent. Peut-être qu'elle aurait tenu le choc pour elles, qu'elle se serait accrochée un peu plus à elles lorsque la dépression avait commencé à prendre de plus en plus d'ampleur dans son petit coeur émietté, fragilisant sa santé toute entière, comme elle l'avait fait d'une certaine manière en ne cessant jamais de se sustenter. Mais avec des peut-être & des si, on rentrerait probablement la forêt entière dans une coquille de noix, n'est-ce pas?

Un jour, elle félicita d'un de ses frêles sourires sa fille benjamine venant de recevoir son nom d'adulte, sa fille qui vint se presser contre elle avec chaleur & tendresse en la remerciant pour tout d'une voix mi serrée mi émue. Sur la fin de cette journée, elle sembla presque aller un peu mieux. Le lendemain au réveil, une toux tenace l'avait prise, & son souffle se faisait difficile à trouver. Cette maladie latente qui se cachait sous sa dépression, toute aussi dévastatrice, avait fini par faire surface désormais qu'elle ne pouvait plus la cacher de manière plus ou moins consciente. Une maladie qui la rongeait & la rongerait de l'intérieur jusqu'à son dernier souffle, que son corps fragilisé à mesure que son esprit & son coeur l'étaient ne pourrait pas affronter ; quand bien même il y aurait eu une manière de la combattre à l'origine. Désarmée devant les symptômes qui apparaissaient subitement, comme si la mère n'avait combattu en son fort intérieur que pour avoir le temps de voir la dernière de ses enfants passer le cap de l'âge adulte, Pierre de Lune ne parvint ni à identifier le mal, ni à le traiter. & de toute manière, Musique Déchue refusa catégoriquement tout ce qui ne servait pas juste à apaiser ses souffrances. Non pas qu'elle souhaitât mourir, lui fit-elle comprendre, même si en un sens ce serait probablement une délivrance. Mais s'acharner à soigner un mal incurable risquait de lui faire perdre le peu de temps qu'il lui restait pour faire ses adieux à ses filles. Silencieusement, puisque sa voix si mélodieuse l'avait quittée depuis bien longtemps. Peut-être bien tout simplement à cause de ce mal qui la rongeait de l'intérieur, finalement.