Incendie.

• Physique du Chat (minimum 3 lignes complètes) ;
Tu me demandes à quoi je ressemble.. Mais t'as qu'à regarder, je suis devant toi. Quoi, comment ça tu veux quand même que j'en parle? T'es bigleux ou quoi? Pff.. Les faibles.. Faut toujours tout leur expliquer par le menu.

Bon. Nous ferons simple alors, j'ai pas tout mon temps moi. Alors, physiquement. Ma mère disait que je tiens beaucoup de mon père, un certain Souffle de Cristal appartenant à la Meute, en effet il semblerait que ma carrure se rapproche de la sienne (je ne suis pas spécialement grand, juste de taille moyenne, à peine plus imposant que mes sœurs, & je suis plutôt fin.. mais ne vous y fiez pas, pauvres fous), tout comme mon pelage lisse. Mais de son côté à elle, je tiens la couleur de ma fourrure & mes yeux. En effet, elle m'a un peu décrit sa mère : une chatte rousse comme le feu aux yeux de jade. Comme moi quoi. Oui, je suis un chat à la fourrure classique, "européen roux tabby" comme disent les Bipèdes avec leurs mots compliqués. Moi, mâle roux, ça me suffit. Quelques parcelles de ma fourrure, notamment au niveau de mes pattes & de mon poitrail sont blanches, mais on les mentionne rarement celles-là.
Sinon, de blanc j'ai aussi mes crocs, mes griffes. Hérités de mon père parait-il, une fois encore. Ma force & ma rage de vaincre sont un joli mélange de celles de mes deux parents réunis. Quand à ma vitesse & à mon agilité, c'est à ma mère que je les dois.

Au final, moi, peu m'importe. Je ne fais que répéter ce que disait Ciel de Couleur il y a bien longtemps. Peu m'importe, je suis fort, rapide & agile, je suis digne de ce qui va devenir ma Meute. Je suis un guerrier, un vrai. J'ai appris à me battre & à me défendre, à utiliser mon corps, à entretenir mes muscles puissants. J'ai appris à vaincre. Et cela, je ne le dois à ni l'un, ni l'autre de mes parents ou de mes ancêtres.


• Caractère du Chat (minimum 4 lignes complètes) ;
Sadique. Rageur. Rancunier. Tenace. Fort. Impulsif.
Voilà ce que je tiens de mon père, à ce que me décrivit ma mère. D'elle, je tiens d'autres traits de caractère, venant compléter ceux mentionnés ci-dessus..
Agile. Rapide. Intelligent. Rusé. Patient. Mesuré.
Une combinaison dangereuse, certes. Certains se demanderont comment je puis être à la fois impulsif & mesuré. C'est simple, je reste calme un temps.. Jusqu'à éclater, & là, la mesure cède à l'impulsivité. Sur ce point comme sur nombre d'autres, je ressemble à Musique, ma sœur. Mais j'ai le sang un peu plus chaud que le sien, & j'aurai tendance à céder avant elle.. l'entraînant presque invariablement avec moi. Quand l'un s'énerve, l'autre suit. J'en fais autant quand elle part avant moi, même si cela est plus rare (je le redis car je l'en admire sans doute un peu, elle a plus de sang-froid que moi). On se protège l'un l'autre ainsi. Je protège également mon autre sœur, Opale, mais autrement : en effet, elle est plus douce, plus gentille, elle s'énerve ou bouillonne plus rarement. *Mais elle mérite que l'on se batte pour elle*.
Sinon.. Je suis plutôt franc, je n'hésite pas à donner mon opinion, & je ne cherche pas spécialement à y aller avec des pincettes. Par contre, ne comptez jamais, je dis bien jamais, sur moi pour vous faire par de mes pensées. Là dessus, je garde le secret, & j'apprécie fort ce mystère. Personne ne me déchiffrera *sauf mes sœurs* & c'est fort bien ainsi! Je garde le silence sur le contenu de mon cœur, de mon esprit. De ma bouche ne sortent qu'avis & opinions.
En fait.. Je suis imprévisible. Personne n'est à même de savoir ce qui me fera exploser, ni quand. Personne n'est à même de connaître mes réaction. Bref, voilà qui ajoute au mystère. Et comme je le disais, c'est pas plus mal ainsi.
En résumé. Je suis franc, & même sec. Sadique, rancunier & tout le tintouin. Un vrai membre de la Meute, quoi. Imprévisible & rebelle. Mystérieux & sombre, voilà ce que je suis. Ni plus ni moins. Ne cherchez pas à en savoir d'avantage.

Pffft. Ça, c'est ce qu'il dit. Certes, il est farouche, rebelle, mystérieux, rancunier, & tout ce qu'il veut. Mais ce n'est qu'une partie de lui. Car oui. En vérité, c'est un dur au cœur tendre, mais ça, jamais il ne vous l'avouera. Il est bien trop fier pour cela. Il peut faire tout ce qu'il veut des apparences, entretenir toute la noirceur, tout le mystère qu'il souhaite.. Pourquoi pensez-vous qu'il masque ses pensées? Pour ne pas qu'on y trouve l'amour, bien évidemment. Il aime ses sœurs. Plus que tout. Il ferait tout pour elles deux, mais ça, il ne l'avouera à personne d'autre qu'elles deux. Il cache derrière sa carapace de beau ténébreux plutôt rebelle, des qualités plus avenantes.. En effet, même s'il est d'apparence intraitable, il est plus facilement sympathique que Musique, & aura plus facilement qu'elle la capacité de se faire deux ou trois amis dans la Meute. Mais si sa sympathie peut reparaître auprès d'eux, il en faudra beaucoup pour qu'il ôte vraiment sa carapace.. Et révèle un chat doux, affectueux & tendre. Aujourd'hui, il ne le manifeste qu'à deux personnes, & c'est bien pour cela que cette part de lui reste cachée, bien au chaud sous sa carapace de dur.


• Liens Familiaux du Chat (Personnes présentes dans l'histoire avec une petite description.) ;
Musique Déchue ~ Chatte calico. Ma sœur. Elle appartient, comme moi, à la Meute.
Nuage d'Opale ~ Chatte bicolore. Mon autre sœur. Elle appartient à la Lune.
Ciel de Couleur ~ Chatte écaille. Ma mère. Anciennement de la Lune. Disparue à ce jour.
Gildas ~ Vieux chat gris, terni par le temps. Me recueillant, il m'apprit à chasser & me battre.
Souffle de Cristal ~ Chat bicolore. Mon père inconnu. Appartenait à la Meute. Disparu à ce jour.


• Goûts du Chat (Aime, n'aime pas, déteste, adore...) ;
J'aime le sang. J'aime pas les Clans. Aha, cliché hein? Laissez tomber, vous dis-je. Vous ne tirerez rien de moi.
Plus sérieusement, j'ai les lâches & les traitres en horreur. Voici pourquoi je suis aussi féroce envers la Rivière, parmi leurs rangs se cachent quelques survivants de la Meute des Esprits ayant préféré la vie des faibles claniques. Ma haine de la lâcheté me pousse aussi à haïr TOUS les chats de Clans, ces faiblards qui se cachent derrière leur petit Code du Guerrier à la noix, plutôt que de laisser leur vraie nature prendre le dessus!
Sinon? J'aime le travail bien fait. La vengeance me laisse un petit arrière-goût de satisfaction qui me plaît assez, aussi je me venge toujours à un moment ou à un autre lorsque l'on m'offense -directement ou non-.

Nawak, ce chat. Jamais il ne vous dira tout, c'est pas possible. Arf. A moi de combler les manques, en somme.
Il aime ses sœurs, voilà une évidence. Il est très attaché à elles, & à ce jour, ce sont les seules qui méritent cet amour. Il les protégera toujours, même s'il est évident qu'elles sont amplement capables de se défendre. Mais jamais il n'avouera cet amour à d'autres que les deux concernées.
Il déteste se sentir en position de faiblesse, mais cela aussi il ne l'avouera pas. Puisque dans ces cas-là, il n'admettra pas de sitôt être en position de faiblesse. Ni même s'être trouvé un jour en position de faiblesse. De même que le précédent paragraphe, seules deux personnes pourront le savoir. Car elles sont les deux seules qu'il écoute.


• Craintes, Rêves, Projets ;
Craintes? Moi? Je n'ai aucune peur, aucune crainte! N'espérez pas trop, je suis inatteignable.
*Ou du moins, vous ne saurez jamais rien de cela, car mes pensées n'appartiennent qu'à moi! Et je ne partage mes réelles pensées que rarement, avec de rares personnes*
Mes rêves, voyons voir.. Non, c'est identique. Un rêve rend un chat vulnérable, s'il est connu. Alors, je n'en dirai rien. Rien de rien!
*Belle carapace n'est-ce pas? Personne ne la percera, car à personne je n'en donne les moyens*
Des projets.. Autres que ceux de la Meute? Au risque de vous décevoir, je ferai la même réponse que précédemment!
*Hé hé hé..*

In real. Seule une crainte le taraude, celle de perdre l'un des seuls êtres chers qui lui restent. L'un des seuls êtres chers qu'ils aient, en fait. Ses sœurs. Il se méfie fort de l'amour oui, car l'amour crée des craintes, & les craintes créent des risques.
Il n'a pas de rêves ni de projets méritant d'être mentionnés. Il fera tout pour aider sa sœur, Musique, à s'élever aussi haut qu'elle le souhaite. Et il aimerait retrouver Opale, son autre sœur. Mais à part cela? Non, rien d'important.


• Histoire (minimum 5 lignes complètes) ;
- Petit Incendie! Attend-moi! cria ma sœur, d'une voix rieuse.
- Rattrape-moi si tu peux! répondis-je.
Et j'accélérai, riant. J'entendis Petite Musique feuler. Quelques secondes plus tard, un poids me tombait sur le dos, & je roulais avec elle, donnant des coups de patte joueurs, griffes rentrées. Elle était plus rapide que moi, depuis toujours. En la provoquant, je savais qu'elle me rejoindrai sans mal. Par contre, j'étais le plus fort, & je n'eus aucune difficulté à la plaquer au sol, mes pattes avant posées sur ses épaules. Elle ronronna, amusée.
Nous avions pratiquement deux lunes. Et j'étais heureux. De ma fratrie, Petite Musique était celle qui me ressemblait le plus. Rebelle, farouche & la langue bien pendue, comme moi. Forte, tenace & imprévisible. Comme moi. Et surtout, comme moi, elle conservait toujours son calme le plus longtemps possible, entretenant ce qui ressemblait à un certain mystère, une carapace autour de sa personne. Une carapace qui ne se levait que face à notre petite famille. Une protection contre les inconnus & leurs possibles fourberies, en somme. Nous avions déjà des caractères bien trempés, même si, à cette époque, il s'agissait plus de jeux qu'autre chose.
Mon autre sœur, Boule d'Opale, me ressemblaient certes moins, & même beaucoup moins, nos caractères eux-mêmes étant assez éloignés. Mais cela n'empêchait pas que je l'aimais tout autant. Comme Musique, elle était ma chair, mon sang. Comme Musique, elle comptait plus que tout, à jamais. Quoiqu'elle fasse. Quoiqu'il arrive.
Ma mère.. Je ne savais trop que penser d'elle. Elle était aimante & maternelle, elle nous racontait nombre d'histoires, sur son passé, son Clan, nos ancêtres, notre famille.. Notre père. Je ne le connaissais pas, mais j'étais fier qu'elle dise que je lui ressemble. Elle disait que Musique aussi, & qu'Opale avait sa fourrure. Elle nous racontait aussi des histoires sur notre père & son passé, sa Meute. Elle nous aimait, nous protégeait, nous racontait des histoires.. Mais elle était aussi distante, parfois. Je la sentais mal, triste. Heureuse de nous avoir, mais triste. Était-ce son passé qui la tourmentait? Je l'ignorai. Elle ne disait rien de cela, elle ne l'évoquait jamais. Elle semblait juste triste, tourmentée.


J'avais 3 lunes. Ma mère, mes sœurs dormaient, mais moi pas. Et je m'ennuyais. Alors, tout téméraire que j'étais, je décidais de partir chasser, pour leur ramener un bon petit déjeuner.
Cette décision prise, je quittais la petite caverne qui nous servait de tanière. Le ciel était noir de nuages ce matin-là, & le climat lourd, mais je n'y prêtais pas grande attention. Je faisais comme si j'étais un grand chasseur, un vrai, digne de la Meute, & je m'appelais Incendie de Cristal. Cristal, comme mon père. J'étais un chaton, encore innocent, même si de plus en plus mon caractère s'affirmait. Ma mère soupirait quelques fois, que Musique & moi serions de bons chasseurs, que nos caractères plairaient à la Meute, & nous étions fiers. Peut-être nous emmènerait-elle y rencontrer notre père, un jour?
Tout à mon jeu de chasseur, je ne vis pas les nuages déjà bien noirs s'épaissir. Je n'entendis pas l'autre arriver. Je ne le sentis pas. Et soudain, alors que je bondissais vers ma proie, une mâchoire m'attrapa au vol, par la peau du coup, & je fut alors balloté par la course du félin qui venait de m'arracher à ma chasse. Un autre chat courait juste devant nous, ouvrant la voie à celui qui me tenait si fermement.
Alors je me débattis. La colère s'emparant de moi. Comment osaient-ils, ces inconnus puants la charogne?! Criant, feulant, crachant, donnant des coups de griffes, je me débattis. Inlassablement. Mais rien n'y fit. Il ne me lâcha pas, & continua à courir. Je n'étais qu'un chaton, & mes griffes n'atteignaient que rarement le museau de mon ravisseur, qui ne semblait pas s'en préoccuper.. Alors, sans pour autant me résigner & cesser, je me pris à espérer que ma mère & mes sœurs se réveilleraient bientôt, & me rechercheraient.
Au bout de quelques minutes de course, la pluie commença à tomber. Et je continuais à me débattre.
Il fallut de longues heures, durant lesquelles je ne cessais de feuler & cracher, des injures des menaces auxquelles mes ravisseurs étaient insensibles. Au bout d'un temps infiniment long, le premier ralenti, forçant le premier à en faire autant.
- Fais le taire bon sang, il va finir par nous attirer des ennuis! Nous approchons de terres dangereuses, là! à ces mots, je crachais plus fort encore mes mots doux.
- Je sais. marmonna l'autre comme il pouvait sans me lâcher. Mais il est impossible à tenir, ce mioche.
- Il le sera moins une fois arrivés. Mais au moins, il fera un bon guerrier, peut-être. Écoute, je vais prendre de l'avance, & aller chercher des renforts limiter les risques. Quand à toi, avance le plus vite & le plus discrètement possible.
Un instant plus tard, le premier disparu dans les fourrés, courant de nouveau. A l'instant exact où sa queue disparu, je ressentis un choc. La gueule qui me maintenant s'ouvrit, & je fis un vol plané. Roulant au sol, je me réceptionnais tant bien que mal, & entendant des bruits de bataille, des feulements, je me tournai vers mon ravisseur. Alors, hébété, je le vis aux prises avec un chat au pelage gris, terni par l'âge. Mais ce dernier semblait encore fort, malgré les années, & il ne tarda pas à se retrouver au-dessus de son adversaire, ses crocs plantés dans sa gorge. Rapidement, il se désintéressa de sa victime, & leva les yeux vers moi.
- N'ai pas peur petit. Je ne te ferai pas de mal. Viens, je vais te conduire en lieu sûr.
Et, sans savoir pourquoi, peut-être parce qu'il venait de me sauver.. Je le suivis.


Il me mena là où il vivait. Il m'offrit une maigre souris pour repas, disant qu'il était trop tard pour sortir chasser, & qu'on irait le faire le lendemain matin, tout en allant essayer de retrouver la piste de ma famille. Il en profita pour me demander si je savais chasser.
- Ma mère nous a appris dès que nous avons su dépecer nos proies, à mes sœurs & moi.
Il avait hoché la tête, satisfait. Complimentant ma mère pour cette action, car peu de mères ressentaient le besoin d'enseigner cela si tôt.. Alors que pour des chatons comme moi, cela pouvait être nécessaire.
C'est sur cette pensée fière adressée à ma mère, que je m'endormis. Dans le froid, pour la première fois. Sans la chaleur de mes sœurs.


Il s'appelait Gildas. C'était un vieil ermite, vivant dans une grotte. Le lendemain, nous revînmes sur les lieux où il m'avait sauvé. Le corps de mon ravisseur n'y était plus, mais son sang tachant toujours la terre me fascina quelques instants.
Ensemble, nous cherchâmes par quel côté il avait bien pu m'amener. Mais la pluie avait effacé toutes les traces.
- Il appartenait à une tribu vivant dans la forêt par là-bas. m'expliqua mon sauveur. Cette tribu, considérant le mâle comme supérieur à la femelle, qui de fait n'est qu'un incubateur à futurs guerriers, a maltraité, martyrisé toutes les femelles. Aujourd'hui, ils subissent les conséquences de cette sottise, car désormais il sont embêtés pour le renouvellement de leurs générations : toutes les chattes sont mortes. Alors, ils se retrouvent obligés d'enlever de jeunes mâles parmi les familles de solitaires pour en faire leurs futurs guerriers. Ils profitent, comme tu l'as expérimenté, des jours orageux pour que la pluie masque & efface leurs traces. De plus, ils ont tendance à ne pas rentrer à leur camp en ligne droite, mais en zigzaguant. Ainsi, les chances qu'ont les familles de retrouver leur rejeton sont.. Minimes. Mais moi, je connais le mode d'action de ces voleurs de chatons. Alors nous avons une chance de retrouver ta famille, petit. En attendant, je vais reprendre le travail qu'a commencé ta mère. Je continuerai à t'enseigner la chasse, tout en recherchant ta famille, & je t'apprendrai à te battre. Ainsi, tu ne seras peut-être pas trop en retard sur tes sœurs, quand tu les retrouveras.


Il avait tenu sa parole. J'avais désormais 9 lunes, & je rentrai vers sa caverne, un campagnol gras que je lui destinai dans la gueule.
Oui, il avait tenu parole. Régulièrement, nous avions cherché une trace de ma famille. Nous éloignant de plus en plus de la tanière dans nos recherches. Nous progressions en cercles de plus en plus larges, sans désespérer. Il avait tenu parole. Il m'avait tout appris, & auprès de lui j'avais achevé de forger ma carapace, mon caractère. Il m'avait enseigné la nécessité, quand on est seul, de ne pas sembler trop faible ni trop avenant, alors j'avais forgé cette carapace de mystère, de noirceur. Il m'appelait juste Incendie, ou petit. Mais moi, en hommage à cette carapace ténébreuse, & à l'allure sombre de Gildas, j'avais changé mon nom pour un nom d'adulte, suivant la logique des noms de mes ancêtres. Je me nommai Sombre Incendie. Et souvent, je me demandais où étaient mes sœurs. Si je leur manquais autant qu'elles me manquaient. Mais cela, bien évidemment, je le gardai caché, bien au chaud sous ma carapace. Car de l'amour, un manque s'il était montré pouvait être utilisé comme faiblesse par un adversaire. Cela, auprès de ma Musique, j'avais commencé à le comprendre. Et Gildas, par la suite, me l'avait confirmé, & m'avait encouragé. Auprès de lui j'avais achevé de forger ma carapace, mon caractère..
Il pleuvait quand j'arrivai en vue de la tanière. Et ce que je vis me figea sur place.
Gildas.
Il était là, dans son propre sang, devant l'entrée. Un matou brun se penchait sur lui, les babines ensanglantées. Un matou qui se rappela immédiatement à mon souvenir. C'était celui qui courait devant moi, le jour de mon enlèvement. Lâchant ma proie, je feulais rageusement. Attirant l'attention de l'autre.
- Il n'a eu que ce qu'il méritait, ce traitre. Mon frère est vengé.
Dit-il, très calme. Mais il en fallait plus pour me calmer moi. La colère débordait, renforçant ma carapace. Elle débordait, mon regard vert brillait de haine, de rage & de colère. Tout en moi hurlait vengeance. Gildas. Gildas était mort. Mon repère de ces six dernières lunes n'était plus, assassiné lâchement par derrière, au vu de ses plaies. Et je détestais la lâcheté.
Alors sans crier gare, je bondissais.


Je ne lui avais pas laissé le temps de réagir, je l'avais tué. Usant des enseignements de Gildas.
Gildas. L'un des trois seuls à être vraiment entrés dans mon cœur de pierre. Lui, & mes sœurs. Et ma mère aussi, mais pas au même point ; elle je lui en voulais sans trop savoir pourquoi. Gildas n'était plus, je n'aurai plus à m'inquiéter de lui. Mais tout de même.. Étrange, ça faisait mal. Était-ce ça la faiblesse dont il me parlait, quand on laisse trop percevoir ce qui compte pour nous & que s'en servent nos ennemis? Cette impression de déchirure? En tout cas, m'habitait encore la colère. Même après avoir tué son assassin, la colère persistait.
Ainsi qu'une détermination froide. Maintenant que Gildas n'était plus, plus rien ne me retenait ici. Je l'enterrai, & parti définitivement, laissant la tanière à l'abandon. Je n'avais plus l'obligation de revenir chaque soir, désormais. Alors, je me consacrerai entièrement à retrouver mes sœurs.


J'ai 10 lunes. Je cherche toujours mes sœurs. Mais après une lune à ne faire que ça, j'ai retrouvé le lieu où nous avions grandi ensemble 3 lunes durant. Seule ma mère s'y trouvait, amaigrie & ne cachant pas son chagrin à sa solitude. Elle avait failli défaillir en me voyant, de bonheur à me savoir en vie, mais ma froideur l'avait attristée. Elle avait déploré ce chaton que j'avais été. Puis avait répondu à mes questions.
Désormais j'ai 10 lunes. Et je suis le chemin qu'elle m'a indiqué pour trouver ce que je cherche. Je marche vers la Meute, y retrouver ma Musique. L'intégrer au côté de ma Musique. Et, ceci fait, j'irai rendre visite à mon Opale. Lui dire que je vis encore -& pour longtemps-, & que plus jamais je ne l'abandonnerai ; même si elle deviendra une guerrière de la Lune & moi un chasseur de la Meute. Je lui dirai que nous sommes frère & sœur, & que cela rien ne le briserai.
Oui. J'ai 10 lunes. Ma carapace est parfaite, je m'adapterai parfaitement à la vie que je me suis choisie. Et je suis un chasseur accompli, prêt à entrer dans les rangs de la Meute. Je suis déterminé, la colère brûle en moi.. Tel est mon chemin, & je le suivrai jusqu'au bout.