Vers l'aventure ! | Hirondelle et Araignée

L’après midi est légère comme une chansonnette, la vie est douce, joyeuse, comme elle l’a toujours été. L’heure est à la sieste, Petit Cœur gigote dans son sommeil, la respiration de maman est d’une impeccable régularité et semble tous les bercer. Sauf moi. Les gesticulations de mon frère jumeau m’ont réveillées, et à peine ai-je ouvert les paupières que je sens déjà des fourmis dans mes pattes, elles pointent au bout de mes minuscules griffes et remontent peu à peu, elles atteindront bientôt mes épaules, si je ne bouge pas elles vont recouvrir mon corps entièrement !

J’ai essayé de ne réveiller personne en m’extirpant du tas de fourrures bariolées dans lequel moi et mon frère formons une tâche sombre. Il se chargera d’être cet éclat de noir pour nous deux durant quelques heures ; moi, l’aventure m’appelle ! Je papillonne des yeux et des oreilles en découvrant autour de moi le camp ensoleillé et calme, on entend aux alentours des insectes chanter. Peut-être qu’en cherchant un peu aux alentours je pourrai en trouver et les ramener à maman ? Personne ne semble faire attention à moi lorsque je me faufile entre les grosses pierres qui entourent notre arbre, j’essaye de me faire chasseresse, ombre, mes pattes aussi légères qu’une brise sur le tapis de feuille moelleux qui tapisse la clairière, mais c’est plus fort que moi, j’ai besoin de bouger !! Alors je fini par les envoyer valser ces feuilles pour sauter sur une roche, puis sur une autre, me retrouvant de saut en saut à l’orée de la clairière. Je m’arrête un instant, mes oreilles tressautant au son des insectes. A présent que je ne suis plus au milieu du camp, je les entends plus fort. Je dois être sur la bonne piste !

Mais ça se trouve où un de ces insectes qui chantent ainsi ? Bonne question, que je n’ai pas le temps d’étudier davantage tant la perspective de faire quelques pas un peu plus loin me semble alléchante. Je suis entourée d’arbres beaucoup plus fin que celui dans lequel sont nichées nos tanières, mais je suis sûre que je peux trouver pleins de choses intéressantes par ici ! Comme… tiens ! Un arbre étrange qui se trouve à quelques longueurs de queue, il n’est pas entier, semble être tombé et avoir seulement laissé sa base, ses racines et le début de son tronc droit sur le sol. Et celui-ci est creux ! Une cachette qui semble toute faite pour mon petit corps. Ni une ni deux, après un petit tour pour renifler la chose, il ne me reste qu’à sauter dedans la tête la première ! Mon museau est aussitôt assailli de multitudes d’odeur boisées et humides, bien différentes de notre camp ensoleillé, et mes yeux sont emplis de noir. Mais il me reste l’ouïe, et je crois bien entendre quelque chose dehors… Je mets quelques temps et de tentatives infructueuse pour réussir à me contorsionner et finalement ressortir ma tête du tronc, m’exclamant avec joie devant la tête familière qui me fait face :

« Hirondelle ! »

Aussi blanche que je suis noire, ma sœur adorée ! C’est top, on va pouvoir s’amuser à deux ! Peut-être qu’elle sait où se cachent les insectes chanteurs ?

« Toi aussi c’est Petit Cœur qui t’a réveillée ? Regarde le drôle d’arbre que j’ai trouvé, il me fait une tanière pile à ma taille ! Tu veux venir ?? Ou sinon attends ! Oh-hisse-

J’essaye de toutes mes forces de trouver un appui qui ne glisse pas avec mes pattes pour finalement après un instant à rester pantelantes, réussir à me sortir du trou. Je retombe près de Petite Hirondelle avec une roulade, me remettant aussitôt sur mes pattes en me secouant.

« Je voulais ramener un petit cadeau à maman, tu veux m’aider à chercher quelque chose ? Je voulais chercher un insecte chanteur ! Mais tu as peut-être une autre idée ?? »

Après tout, Hirondelle avait souvent de meilleures idées que moi. Je sautille autour d’elle, toute contente que ma sœur me rejoigne dans cette aventure.