In love we have no free will - ft. Terre Brûlée

In love we have no free will.
Terre Brûlée & Croissant de Lune
Lune 1214


Croissant de Lune était blottie contre Rayon de Soleil. La chaleur de son corps, la régularité de sa respiration, le réconfort de son odeur, autant d'éléments qui étaient censés la rassurer. Pourtant, impossible de trouver le sommeil. Dès qu’elle fermait les yeux, les images récurrentes du champ de bataille ensanglanté s’insinuaient dans son esprit. L’écho lointain des cris de rage la faisait autant frémir que les cris de douleur. Sa propre souffrance s’était atténuée peu à peu jusqu’à disparaître complètement, non sans laisser une marque témoin, cette cicatrice qui lui barrait désormais le flanc droit.

Lorsqu’elle avait vu le regard de son frère se poser dessus la première fois, elle avait voulu pleurer. Ce qu’elle avait lu dans ses yeux, autant de chagrin que de colère ... C’était trop pour elle. Pourquoi lui avait-elle imposé cela ? Pourquoi avait-elle insisté pour aller se battre ? Elle qui tenait pourtant la guerre en horreur, voilà qu’elle s’était volontairement lancée dans un affrontement parangon de violence. Mais comment aurait-elle pu accepter de ne pas y aller sachant que son frère, son monde, s’y jetait avec ferveur ? Abrutie par ses propres contradictions, la guerrière se leva, prenant soin de ne réveiller personne. Une promenade lui ferait le plus grand bien. Elle quitta le camp à pas feutrés, sachant déjà où elle souhaitait se rendre.

Les troncs zébrés des arbres hauts et fin, l’infinité de fleurs parsemant le sol … Tout exprimait l’apaisement dans la Forêt de Bouleaux. La brise printanière charriait une multitude de parfums entêtants et les rayons de la lune se frayaient un chemin pour chasser les ombres.

Une silhouette se détacha alors dans la nuit. S’approchant, la guerrière au pelage noir reconnut Terre Brûlée. Elle se figea soudainement. Non, non, non …. Elle cherchait l’ataraxie, pas une crise d’angoisse ! Voilà maintenant deux lunes qu’elle l’évitait soigneusement. Pas au début bien sûr. Le guerrier lui avait sauvé la vie pendant la bataille contre la Horde. Il s’était interposé avec bravoure entre elle et l’un de ses assaillants, puis l’avait amené jusqu’aux soins d’un guérisseur alors qu’elle se vidait de son sang. Sans lui, elle ne serait plus là aujourd’hui. Elle avait bien évidemment souhaité le remercier, c’était la moindre des choses. Seulement, par un concours de circonstances étrange, les jours qui avaient suivi la bataille l'avaient empêché de le voir. Il y avait eu sa période de convalescence bien sûr, puis un enchaînement étrange de patrouilles et d’expédition de chasse qui s’étaient mal enchaînées. Plusieurs jours avaient passés sans que Croissant de Lune n’aît pu exprimer sa reconnaissance, et puis, plus le temps passait, plus c’était étrangement dur de le faire. Aussi, puérile à la façon d’un chaton, la guerrière s’était mise à soigneusement éviter son sauveur.

Et voilà qu’il était ici, seul. Alors qu’elle s’apprêtait à retourner au camp aussi discrètement que possible, Lune réalisa trop tard que le vent soufflait dans son dos. Le mâle avait probablement déjà senti sa présence. Arf … Bon, plus le choix. Prenant son courage à pleine pattes, la jeune reine s'avança.

« Bonsoir Terre Brûlée … »

Elle aurait voulu continuer, s’excuser de son retard, le remercier immédiatement, mais les mots restèrent coincés au fond de sa gorge.