EVENT- Mission Guérisseur

Mission Guérisseur

Malheureusement, l’urgence de la situation ne faisait pas diminuer la douleur qui crispait ses muscles à chaque pas. Décidement, l’humidité des marais n’aidait pas à contrer les rhumatisme de l’âge. Au moins, elle pouvait se consoler en se disant que le sol boueux n’était pas aussi glacé qu’à la mauvaise saison. Elle avançait clopin-clopant, tentant de son mieux d’éviter les trous remplis d’eau que son oeil afuté savait à présent repérer. A force de sortir à la recherche de plantes, son corps s’était aiguisé, elle regardait et bougeait comme les ombreux. Une très vieille ombreuse pas très stable sur ses appuis, mais qui hâtait malgré tout le pas malgré la difficulté du terrain marécageux. Ce n’était pas la hâte de revoir les autres guérisseurs qui la dirigeait ainsi non, la dernière assemblée remontait seulement à quelques jours et elle ne les portait pas forcément dans son coeur, mais plus vite ils travailleraient et plus vite les clans pourraient être prêts à récupérer les chatons. C’était tout ce qui comptait.

Bientôt le sol devint plus ferme sous ses coussinets, les épineux s’espacèrent devant elle se mêlant ici et là aux feuillus qui occupaient les autres parties de la vallée. Dans la clairière, la lumière tombait sur les cinq rocs, illuminant la fourrure bariolée d’un petit félin se tenant seul. Epine renifla, sentant vaguement l’odeur de la lune, qu’elle connaissait grâce à leur frontière en commun. Pourquoi est-ce que Papillon Ephémère n’était pas là ? Sortant de l’ombre, Epine s’avança vers la féline en dardant sur elle un regard sévère.

« Tu es toute seule ? Où est Papillon Ephémère ? »

C’est qu’elle ne trouvait pas ça très prudent, un jeune chat seul de ces temps-ci. A présent qu’elle s’était approchée, elle pouvait sentir sur l’inconnue l’odeur caractéristique des plantes que portait sa propre tanière. Une apprentie guérisseuse devinait-elle donc, Papillon Ephémère venait pourtant de gagner son nom à la dernière demi-lune. La vieille guérisseuse ombreuse renifla de manière contrariée, un peu jalouse et s’installa plus confortablement dans une tâche de soleil pour attendre les autres, appréciant la caresse de la chaleur sur son pelage. Plus que tout, il lui tardait de voir Ombre des Chouettes pour qu’il leur explique exactement ce que ce poison faisait aux touchés.

A la recherche d'un remède
MISSION GUERISSEUR ◊ Guérisseurs et Apprentis Guérisseurs de tous les clans ━ Lune 1212

S'il y avait bien une chose que Nuage Rêveur trouvait difficile, c'était les réveils. Qu'importe le temps qu'il pouvait bien passer à dormir, chaque fois que ses yeux se rouvraient, une seule idée lui venait en tête : il n'avait pas suffisamment dormi. Et alors que son regard somnolent se posait sur le monde réel, il ne souhaitait plus qu'une seule chose, avoir rapidement l'occasion de se replonger dans des rêves tranquilles.

Malheureusement pour lui, ce n'était définitivement pas au programme. Saule Pleureur était tout son opposé. C'était à se demander comment il pouvait survivre en dormant si peu et en travaillant autant. En fait, rien que de l'observer faisait bâiller le jeune chat, comme si toute son énergie avait été aspirée par les actions trop fatigantes du guérisseur du Vent. Et Nuage Rêveur avait bien essayé de râler avant leur départ du camp, arguant qu'il avait envie de dormir et qu'il était bien trop tôt. Mais son mentor semblait avoir fini par trouver une solution alliant praticité et repos pour ses oreilles en lui mettant un tas de plantes dans la bouche. Ainsi, à transporter des petits paquets d'herbes, le chemin pouvait être silencieux.

Et le chemin jusqu'au Cinq Rocs sembla être un véritable calvaire. Non pas que le silence de leur trajet était du genre dérangeant. Simplement parce qu'à chaque nouveau pas, Nuage Rêveur ne rêvait que de rêver, justement. Le poste de guérisseur lui avait semblé parfait avant son baptême. Moins de corvées habituellement assignés aux autres novices, la possibilité de demander de l'aide lui avait sembler un bon moyen de se décharger de certaines choses pour passer plus de temps à dormir... Et finalement, il se retrouvait à vadrouiller pour aller rejoindre tous les guérisseurs des autres clans. Voilà qui était particulièrement pénible. Physiquement tout du moins.

Trainant légèrement de la patte, il était quelques pas derrière le guérisseur argenté et faute de pouvoir se plonger dans un monde onirique en s'endormant, son esprit était parti dans des rêveries éveillées. Si bien, qu'il manqua de justesse de percuter son mentor lorsque celui-ci s'arrêta. C'est avec un petit temps de réaction, alors que la patte de Saule Pleureur s'était posé sur sa tête, que Nuage Rêveur réagit enfin, en déposant les plantes qu'il avait encore dans la bouche. « Hmm ? Oh, je suis... il ne put empêcher de s'échapper un petit bâillement, Nuage Rêveur. » Une fois cela fait, le jeune mâle jeta un rapide coup d'oeil aux chats présents et décida de laisser les grands à leur discussion et il se laissa tomber, dans un premier temps, sur ses fesses pour s'asseoir, avant de finalement peu à peu s'avachir jusqu'à poser sa tête sur ses pattes avants, se contentant de vaguement et lointainement écouter ce que disait son mentor.

Non pas que la situation ne l'intéressait pas ou n'était pas importante. C'était même plutôt le contraire... Simplement, il était épuisé.

Epine était restée seule quelques minutes avec l’apprentie au pelage bigarré, levant un sourcil sceptique face à sa première réponse peu éloquente avant de se radoucir, après tout l’apprentie devait être simplement curieuse de s’aventurer plus loin que son territoire, même si Epine ne partageait guère ces élans aventuriers elle se laissait facilement attendrir par les marques de jeunesse. Elle s’empressa de se relever lorsque le premier guérisseur fit son apparition dans la clairière, Ombre de Chouettes, un paquet de plantes dans la gueule venait d’arriver.

« Papillon Ephémère ne devrait pas être loin. Pour les autres, ils ne sauront tarder. »

Elle espérait au moins que tous auraient la décence de se présenter sans trop de retard. Ses doutes furent bientôt apaisés lorsque Saule Pleureur arriva accompagné lui aussi d’un nouvel apprenti, si l’on pouvait appeler ainsi le jeûnot qui se présenta dans un baillement avant d’aller s’allonger dans un coin. Si ça ne tenait qu’à elle, Epine aurait tôt fait de se débarasser de ce malotru, hors de question de laisser la santé d’un clan dans les pattes d’un fainéant. Mais ils avaient d’autres choses aussi urgentes à traiter, après un regard renfrogné elle se désinteressa donc du félin pour se concentrer sur la discussion de Saule Pleureur et d’Ombre des Chouettes. La vielle guérisseuse grinçait des dents en écoutant l’humour douteux du venteux, mais au moins il semblait déterminé à se rendre utile. Ils semblaient partager le même point de vue. Comme lui, ses yeux se posèrent sur le guérisseur du Tonnerre pour qu’il s’exprime. De la bile, les yeux révulsés, des problèmes pour respirer… Mais les félins ne mourraient pas d’étouffement. Avant qu’elle ne puisse exprimer l’idée qui lui avait traversé l’esprit, un râle attira l’attention de tous non loin.

Au vu de la réaction de tous, personne ne reconnaissait le matou, visiblement mal en point. Il n’était donc pas un chat de clan, et au vu des baies tombées à ses côtés, il s’agissait probablement d’un hordeux.

« Je ne suis pas forcément pour laisser ces voleurs de chatons vivre, mais le soigner nous aiderait à en apprendre davantage. »

Fit Epine d’un ton insensible, en retournant délicatement le corps du félin pour observer son abdomen qui tressautait au rythme de sa respiration irrégulière. Le guérisseur du Tonnerre semblait paralysé par le dilemme éthique auxquels ils étaient confrontés, elle n’en avait que faire.

« Ombre des Chouettes, combien de temps le poison mettait-il à faire cet effet dans les cas que tu avais vu ? »

Si celui-ci avait-été ingéré plusieurs minutes auparavant, il ne servait à rien de faire vomir le félin, le poison en retraversant tout l’organisme ne risquait que de faire plus de dégâts. Mais le chat hordeux n’était de toutes évidence pas en mesure de leur dire quand exactement il avait commencé son festin. Il gesticulait en tromblotant, ses yeux tournant aussi dans leurs orbites, et des gémissements s’échappaient de temps à autre de sa gueule.

« On le croirait en proie à une hallucination. », remarqua t-elle en tâtant le poul du félin, beaucoup trop rapide.

« Serait-il possible que les symptômes, même s’ils ne provoquent pas directement la mort, entraînent une insuffisance cardiaque ? »

fit-elle, levant des yeux inquisiteurs vers les autres guérisseurs en s’écartant pour les laisser aussi ausculter le félin.