Et si on s'amusait ? Ft | Les chatons du Vent

Petit Mouton
Lune 1210

Aïe. Ouille. Ouch. J’étais endormi, encore une seconde plus tôt. Je ne sentais rien du monde, complètement perdu dans un petit ilôt de douceur. Comme si j’étais en train de voguer dans… dans le ciel ! Oui, c’est sûrement comme ça qu’on devait s’y sentir. Mais là meintenant je suis bien obligé d’être réveillé. On m’a bousculé jusqu’à ce que de blotti contre mes frères, je sois debout. J’ai à peine eu le temps d’ouvrir les yeux que déjà on m’entraîne. Hein, quoi ?

« Pssssst venait on va jouer ! »

Une voix qui s’élève de derrière moi, elle n’appartient à aucun des mes frères qui ont été également réveillés et dont les miaulements plaintifs ont remplacé la douceur des respirations dans mes oreilles. Je plisse les yeux, j’aimerai également fermer mes oreilles mais malheureusement ça doit être une compétence que je n’ai pas encore acquise parce que je n’y arrive pas. Et puis l’ombre de la pouponnière est bientôt remplacée par tout plein de blancheur qui transperce d’un seul coup le bleu de mes yeux. Aie aie aie ! Décidément, c’est pas doux comme début de journée. Je plonge la tête la première dans la douceur blanche du sol pour tenter d’y trouver un refuge. C’est froid, mais pas désagréable, ma peau est bien à l’abris sous tous mes poils qui ont déjà beaucoup poussé par rapport à depuis que j’existe ! ça m’aide juste un peu à me réveiller. Voilà, je vais rester là, comme ça, la tête dans le sol jusqu’à ce qu’on vienne m’y chercher ! Est-ce que je peux y entrer encore plus profond ? Je me tortille pour tenter de me rentrer tout entier dans la neige, peut-être que je pourrai m’y construire une seconde pouponnière !

«Tu es coincé ? Je vais t'aider !»

La voix a retenti de derrière moi. Ben, non je ne suis pas coincé, je suis en train de creuser un trou pour voir jusqu’où va le sol ! Je me demande ce que je pourrais bien trouver après, peut-être un autre ciel mais inversé ? Un ciel du dessous ? Ca voudrait dire qu’on vit sur un nuage immense ? Ca serait si génial !! J’ai très envie de trouver ce ciel du dessous mais je n’en ai pas le temps, quelque chose pousse mon derrière et je me débat pour sortir de ma cachette, éternuant lorsque mon museau quitte le contact de la neige froide pour ressortir dans l’air glacé et piquant, la lumière éblouissant abondamment mes pauvres yeux sensibles. Tout est flou l’espace d’un instant, jusqu’à ce que je vois enfin plus clairement les deux silhouettes qui se tiennent non loin : Boule de Givre et Patte de Neige ! Enfin… je crois que c’est ça ? C’est drôle, elles ont toutes les deux des noms en rapport avec l’hiver, et les voilà à chahuter dans la neige, comme si cette scène était faite pour elles. Moi, je me sens un peu petit face à elles, surtout Neige qui est beaucoup, beaucoup plus grande. Pas autant que maman et papa mais quand même. Elle me rappelle un peu leurs manières d’agir quand elle s’approche pour m’enlever la neige de sur mon pelage d’ailleurs, j’ai été un peu surpris parce que je ne savais pas que j’en avais encore. Je m’ébroue, soucieux de bien faire pour ne pas me faire gronder par les femelles plus-grandes-mais-pas-adultes.

J’assiste pendant ce temps au dialogue. Un cache cache neige ? Ca me semble marrant moi ! Mais je n’ai pas trop d’idées de cachette… Je tourne en rond, me demandant où je vais bien pouvoir aller, regardant du coin de l’œil Boule de Givre, où était-ce Patte ? Je sais plus ! En tous cas, elle fait comme moi tout à l’heure ! Tout excité à l’idée qu’elle partage ma théorie du deuxième ciel, les yeux brillants, je m’exclame.

« Oh ! Tu essaies d’aller te cacher dans le ciel d’en bas ? C'est une bonne idée, mais je l'ai démasquée ahah ! »

Eh oui, c'est raté ! D’ailleurs, puisque je ne sais pas où me cacher, j’en profite pour proposer d’être celui qui cherche.

« Si vous voulez je compte jusqu’à trois, euh non dix… ou si c’est pas assez, je compte trois fois jusqu’à dix ? Et après je vous cherche ! »

Et si mon s'amusait ?



« Oh ! Tu essaies d'aller te cacher dans le ciel d'en bas ? C'est une bonne idée, mais je l'ai démasquée ahah ! »

Le ciel d'en bas ? C'est quoi ce machin ? Un ciel sous nos coussinets ? Bas, pourquoi on ne tombe pas alors ? Qu'est ce qu'y nous retiens ?

« Si vous voulez je compte jusqu'à trois, euh non dix… ou si c'est pas assez, je compte trois fois jusqu'à dix ? Et après je vous cherche ! »

« T'a qu'à compter jusqu'à 20 ! Heu... Deux fois dix en gros !» Me reprenais-je.

Sans attendre, Neige fonce trouver une cachette. Elle s'aplati au sol, laissant seulement sa fourrure blanche dépassée. Haha ! Pas bête, dommage que je ne puisse pas le faire. J'ai plus qu'à trouver une cachette aussi... Je regarde partout. Des guerriers vaguent à leurs occupations, des apprentis jouent... Ha ha ! Je vois Une-Oreille sortir de sa tanière. Sans attendre, je fonce vers lui et l'hèle :

« Hé, tu peux me cacher s'il te plaît ? On joue à cache-cache-neige !»

Il me regarde avec sa tête de ronchon. Rhaaaa, j'aurais dû réfléchir, il est bizarre-lui !

« Boarf. Qu'est-ce que j'y gagne ?»

Pffff... Le débile de première ! Sans attendre, je fonce dans sa tanière et me colle au fond de la paroi. Il ne va jamais me trouver !

Ft Petit Mouton, Boule de Neige et...

Lune 1210

Patte de Givre me dis que je n’ai qu’à compter jusqu’à deux fois dix, alors je m’exécute immédiatement. Je ferme mes yeux en pressant mes paupières bien fort l’une contre l’autre, je suis encore tellement maladroit que j’aurai peur de les ouvrir sans faire exprès sinon. Et me voilà qui me met à compter, à voix haute en criant les chiffres pour couvrir les bruits que font mes camarades en partant, c’est que je ne veux pas les entendre moi, si j’ai des indices à l’avance c’est pas très drôle de les chercher après !

« Uuun, deuux, quoiiitres, traaaas, ciiinq, siiix, seeept, huiiit, neuuuf, diiix ! Uuun, deuux, quoiiitres, traaaas , ciiinq, siiix, seeept, huiiit, neuuuf, diiix ! »

Et voilà, mission réussie, j’ai tout bien compté sans faire de faute je crois ! J’ai presque envie de courir dans la pouponnière pour demander à maman si elle m’a entendue, je suis sûr qu’elle serait très fière, mais je me rappelle de justesse que je dois faire autre chose après. C’était quoi déjà… Ah oui, Boule de Neige et Patte de Givre sont cachées ! J’ai déjà perdu un peu de temps à rêvasser dans la neige maintenant je crois, alors je me précipite pour les chercher, le plus évident me semble être ce gros rocher sur le côté du clan, près de là où les guerriers mangent ! Je suis trop petit pour voir au dessus, mais peut-être que l’une d’entre elle a réussi à y grimper ? Je m’approche péniblement dans la poudreuse, mais il n’y a pas beaucoup d’adultes dans le coin, je vais devoir me débrouiller tout seul… Heureusement que je suis plein de ressources ! Je réunis bientôt un tas de neige et grimpe dessus, me concentrant de toute mes forces pour ne pas glisser dans la pente, et j’arrive bientôt en haut du rocher, wouah, c’est super haut !!! Et il n’y a personne. Mais d’ici je vois tout le camp, je plisse mes yeux à la recherche d’un indice pour voir ou sont parties mes camarades.

Spoiler:

Et si on s'amusait ?
 

« Maoooow ! »

Le cri de douleur de sa sœur fait se dresser les poils de sa nuque. Elle bondit en dehors de sa cachette, faisant sursauter les anciens au passage, et fila dans la Clairière. Elle vit la silhouette blanche de Boule de Neige. Elle léchait sa queue. Un guerrier lui avait sûrement marché dessus. Patte de Givre le chercha des yeux. Trouvé ! Elle alla vers lui et feula.

« Regarde où tu mets les pattes ! Espèce de lourdaud ! »

Sa colere un tant soit peu passée, elle retourne voir sa sœur. De toute façon, elle est repérée. Petit Mouton est perché sur son tas de neige. Patte de Givre le regarde, émerveillé. Il a l'air grand, comme ça !

« Je peux monter dessus, moi aussi ? »

« Oui, laisse-nous une place ! »

Ft Mouton, Neige et...
Lune 1210
Patte de Givre joue en #87E990

C’est un petit cri perçant qui a fait tourner la tête au chaton blanc frisé. Depuis son perchoir, il a reconnu la voix de Boule de Neige, il a du mal à percevoir sa silhouette blanche sur le blanc de la neige mais il voit très bien le guerrier totalement désorienté qui regarde avec stupéfaction sous ses pattes. En voyant sa tête, Mouton ne peut s’empêcher de laisser s’achapper un gloussement tandis que Patte de Givre s’en va houspiller le pauvre guerrier qui arbore toujours son air ahuri.

« Je crois qu’on peut dire que tu as gagné ! »

Lance t-il gaiement à Boule de Neige qui s’approche avant de se mettre sur le côté pour laisser la place à ses camarades de jeu de le rejoindre. Mais alors qu’elles montent, lui se met à glisser de l’autre côté… de plus en plus… Il ne s’en rend compte que trop tard, lorsqu’il dévale le flan neigeux sur les fesses et fini la tête la première dans la neige. Il reste là, comme ça, à respirer la poudreuse quelques secondes avant de jaillir du tas blanc en envoyant valser les flocons autour de lui.

« Eh ! C’est hyper drôle d’en descendre aussi ! », piaille t-il en direction des chatons qui le surplombes.