Noire | « burn the witch »

CARACTÈRE
  - Comment tu décrirais le caractère de ton perso ? N'oublie pas ses qualités et ses défauts : On le voit dans son corps, ses sursauts, ses yeux hagards. Une peur immense lui colle à la peau, elle n'est que méfiance envers et contre tout. Mais elle sait aussi que la peur est un ennemi. La peur qui se montre, qui éclate au grand jour et révèle tout son pathétique, la peur qui vous fait reculer, qui vous emprisonne et qui vous soumet à son bon vouloir.

Plus jamais.

Noire ne veut pas être sur le devant de la scène. Elle n'a pas non plus de rêves de puissance ou de gloire, ni même ceux d'amour, de famille, ou d'amitiés. Non. Ce qu'elle veut, c'est trouver la liberté, la vraie. Celle de ne se sentir retenue par rien ni personne. De se débarrasser de l'odeur de cette peur qui est devenue la sienne, de se débarrasser de la culpabilité et des doutes qui l'assaillent encore, quand bien même elle voudrait croire, quand bien même elle sait, que rien n'était de sa faute. Mais les souvenirs la rattrapent un jour, toujours, et cette pensée renaît en elle, encore une fois. Est-ce qu'elle avait tout gâché ?

C'est cela qu'elle maquille, tente de maquiller, sous des airs de meneuse, un regard qui ne fléchit pas, sous une parole dure et incisive. Sous des réflexes vifs aussi, peut-être un peu trop, les griffes toujours sorties d'avance, il vaut mieux prévenir que guérir, et en l'occurrence elle ne savait pas guérir.

C'est qu'il paraît difficile de l'approcher ainsi Noire, une figure qui semble vous défier tout en mourant d'envie de partir en courant, qui ne sait faire preuve de gratitude, qui sait avoir besoin de protection tout en la refusant, qui ne sait pas bien qui du monde ou d'elle même elle déteste le plus. Et pourtant. Noire, elle ne peut pas voir le monde sans penser à milles secrets, aux millions d'histoires qui s'entremêlent les unes avec les autres pour former la toise géante de la terre et du ciel, elle ne peut s'empêcher de penser aux douleurs des autres, et à elle même qui passe dans leurs vies et qui risquerait bien de les détruire, si elle n'y fait pas attention. Elle porte malheur après tout.

  - Quels sont ses projets ? Continuer à avancer. Pour s'éloigner toujours un peu plus, pour ne pas tomber. Il est compliqué de se projeter plus loin qu'au lendemain, quand on ne sait même pas si la faim ne nous aura pas attrapé avant la nuit.

  - Et au contraire, sa plus grande peur ? Tout, peut-être. Mais les bipèdes et le feu doivent se trouver en bonne place dans le classement, s'il y en avait un. Et puis bien sûr, il y a Altesse.

  - A-t-il un point de vue sur les rivalités claniques ? Elle ne connaît pas encore les clans.

  - Quel est son point de vue sur le Clan des Étoiles ? Elle ne connaît pas les étoiles. Si Noir lui avait un jour conté cette légende, elle lui aurait dit qu'il s'agit d'une très belle histoire, et se serait assoupie en rêvant de ces guerriers étoilés. Mais les histoires sont les histoires, et la réalité fini toujours par nous rattraper.

  - Quel est son point de vue sur les terres de Valeemar ? Elle se sent perdue entre les arbres, trop démunie sur la lande, et la vision de l'eau la fait frissonner. Mais elle ne veut plus vivre entre les épis de blés, avec des champs à perte de vue. Une terre sur laquelle elle se sent mal à l'aise vaut mieux que les souvenirs.

  - Et sinon, quelle réputation a-t-il : au sein du clan, dans l’ensemble de la forêt ? Aucune réputation ne la précède, mais on pourra au fil des rencontres la mépriser ou la craindre, selon celui qui se trouve en face.
 

PHYSIQUE
  - Ton personnage, il a quel type de pelage ? Un pelage relativement court, bien qu'elle soit couverte d'une assez épaisse fourrure en hiver. Elle est entièrement noire des pattes jusqu'au bout des oreilles, mais vous vous en doutiez, le nom annonce fidèlement la couleur.
  - Et il a de beaux yeux ? Des yeux orangés qui ressortent nettement de son visage légèrement aplati.
  - Il est plutôt grand, de taille moyenne, ou petit pour son âge ? Elle est de taille moyenne, totalement normale.
  - Et au niveau de sa corpulence ? Elle est très très maigre, presque famélique, on se demanderait en fait comment elle tient encore debout si son manteau d'hiver ne venait pas contrebalancer un peu cette impression.
  - Quant à ses habilités, il est plus ou moins bon en quoi ? Il vaudrait mieux peut-être commencer cette liste par ce que Noire ne sait pas faire. Elle n'a jamais grimpé au moindre arbre, en fait ses pattes n'ont jamais quittées la surface de la terre. Elle aurait bien du mal à apprendre cet exercice à présent, d'autant plus que son équilibre n'est pas des meilleurs. Elle ne sait bien évidemment pas pêcher, et encore moins nager, elle ne raffole pas vraiment de pluie, alors vous imaginez bien, la rivière... Comment ça, quelque chose d'encore plus grand existe, la mer ? C'est quelque chose digne de l'imagination de Noir ça. Mais voilà qu'elle se sent glisser à nouveau. Il faut qu'elle se reprenne. Le combat, c'est ce qui lui pose le moins de problèmes, la seule discipline dans laquelle un entraînement lui a été dispensé. Elle sait doser, sait esquiver, sait ou frapper pour faire mal. De nombreux rats auront péri sous ses griffes. Il y avait une autre victime à présent. Encore, elle se sent dévier. La chasse. Oui, la chasse, c'est bien le plus gros problème. C'est ainsi qu'Altesse les avait attachés à lui, en se faisant leur seul garant de nourriture. Parfois, lorsque des proies inconscientes, peu habituées aux prédateurs se trouvent devant elle, alors un instinct ancestral se réveille dans les entrailles de Noire, et aidée par la chance, elle peut profiter d'un repas. Mais bien souvent, elle rentre lasse et le ventre vide. Si seulement elle savait chasser.
  - Pour finir, a-t-il des signes particuliers ? Elle a le visage marqué par de nombreuses entailles, mais les marques s'effaceront sans doute avec le temps, pas totalement mais sous les poils sombres, ça ne se remarque pas. Ses oreilles par contre sont plus amochées, la peau fine parfois nettement déchirée.
 

HISTOIRE
  - Ton perso est-il de sang pur ou de sang mêlé ? écrire ici
   - Et ses parents, ils venaient d'où ? écrire ici
  - Les liens familiaux de ton perso : (a-t-il des frères ou des sœurs, sont-ils encore en vie ?)
 - Pourquoi porte-t-il ce nom ? (facultatif, si raison particulière en rapport à la vie ou au physique du perso)
  - Raconte-nous un ou des événement(s) particulier(s) de sa vie (naissance, baptême, cérémonie, ...) :
Ils avaient tous deux le pelage d’un noir sombre, de ce noir qui aspire toute lumière. Le même noir que celui du fond d’une cave humide et lugubre, avait pensé Altesse. Il les avait donc nommés Noir et Noire. En plus d’être simple, c’était pratique. Il n’avait qu’à en appeler un des deux pour qu’ils déboulent en même temps, prêts à effectuer n’importe quelle tâche il pouvait bien avoir à leur confier. Altesse manquait autant d’imagination que de patience.

Voilà donc comment il avait sauvé ces deux chatons, âgés de trois ou quatre mois au maximum. Noire ne se souvient pas de grand-chose, avant Altesse. Il y avait eu la chaleur et l’odeur du lait. D’autres frères et sœurs, elle a parfois des bribes de sons, d’odeurs qui lui reviennent. Des pelages colorés, que les gens venaient caresser, que les enfants aimaient prendre dans leurs bras. Ils partaient les uns après les autres, des mains les attrapaient, et voilà, on ne les revoyait plus. Mais la mère ne s’inquiétait pas, elle chérissait simplement les petits qu’il lui restait, tout en sachant qu’ils seraient bientôt envoyés dans d’autres foyers. Peut-être aurait-elle pu les sauver, si elle s’était doutée de ce qui les attendait. Mais les maîtres firent bien attention à les lui prendre dans son dos, les deux petits noirauds. Ils n’avaient pas le cœur à les tuer eux même. Ils préférèrent les mettre dans un carton déposé dans la rue, une illusion d’abris pour se donner bonne conscience, et après tout quelqu’un aurait sûrement pitié et s’en occuperait.

Voilà ce dont elle se souvient. Ce carton, la pluie et le froid qui passent au travers, son frère à ses côtés, plus frêle encore qu’elle, avec de jolis yeux gris endormis. Elle se demandera plus tard pourquoi personne n’aura voulu de lui. Si les maîtres avaient attendu juste un peu plus longtemps, les jolis yeux de Noir auraient sûrement fait leurs effets. Il aurait pu avoir une vie heureuse et remplie d’amour, comme il le méritait.

Mais voilà, pour le moment, ils étaient dehors pour la toute première fois, et ils avaient froid et faim. Noire avait fait basculer le carton, à la force de son tout petit corps, elle avait poussé les étranges parois de cet espace exigu jusqu’à ce que l’une d’elle cède sous son poids, et voilà que la lumière du ciel s’était déversée sur eux, leur dévoilant dans le même temps d’immensité d’une campagne rase avec ses champs et ses villages éparses dont on apercevait ça et là les toits. Le carton était déposé près d’un chemin sr lequel passait parfois d’énormes créatures, et leurs vrombissements ainsi que les vibrations du sol lorsqu’elles passaient terrorisèrent immédiatement le chaton qui essaya tant bien que mal immédiatement d’entraîner son frère vers les champs, tournant le dos à ces choses. C’est ainsi que fût clos le temps de l’enfance et de l’innocence pour eux, alors qu’il aurait dû tout juste débuter.  

Noire ne sait pas combien de temps ils ont marché ce jour-là. Sûrement pas beaucoup, mais ils s’effondrèrent bientôt dans un abri de fortune, avec des murs de pierres menaçant de s’écrouler et un toit de taule contre lequel la pluie fit un fracas toute la nuit. Mais ils avaient la perte d’une famille dans le cœur, et déjà quelque part, la conscience de la dureté de la vie dans laquelle ils avaient été plongés malgré eux. Noire dormit d’un sommeil sans lendemain.

C’est que ça ennuyait un peu Altesse, cette situation. Il avait commencé par regarder d’un air vide, un peu hébété, les bébés qui avaient élu domicile dans son chez lui. Il était habitué à s’occuper de visiteurs. Les chats errants, les rats, tous battaient en retraite face aux griffes et aux crocs. Les seuls en face desquels Altesse se faisait petit, c’était les bipèdes. Là, il ne savait pas bien comment gérer, avec ces deux boules de poils sombres sur son lit de mousse. Voilà, il décida que c’était par là qu’il allait commencer. Leur apprendre que là, ils étaient dans son chez-lui. C’est donc ainsi qu’il les réveilla, avec des coups de pattes qui ne ressemblaient en rien à la douceur dont leur maman perdue faisait preuve au matin. Puis, il leur aboya dessus pour leur expliquer le concept de propriété, que ça, ça, ça et même les pierres, c’était à lui. Et ça voulait dire que personne d’autre ne pouvait s’en servir sans payer un prix. Puis Altesse réalisa qu’il s’amusait un peu, et que ce n’était pas déplaisant, cette vision de toutes petites créatures s’aplatissant et tremblant devant sa grandeur et sa voix. Non, ce n’était pas la solitude qui le poussa à les prendre sous son aile. C’était simplement cette chose qu’il ressentit dans la froideur de l’aube ce matin-là, cette satisfaction en voyant son propre reflet dans leurs yeux, lui face à eux, grand et puissant, qui pouvait décider de leurs destinées avec quelques paroles.

Les premiers mois, il procéda avec prudence, mesura ses paroles et ses gestes, se fit toujours dominant mais pas trop effrayant, il les nourrissait avec la bonté d’un saint mais les privait aisément de repas lors de faux pas. Il leur apprit à lui adresser la parole comme il voulait qu’on le fasse, avec prudence et respect. Il aimait voir leurs yeux fuyants, qui n’osaient pas vraiment rencontrer son regard à lui, qui regardaient toujours un peu plus bas. Surtout le mâle, qui avait toujours cette certaine fragilité dans les yeux, Altesse savait que la brisure se trouvait là, toute proche, qu’il pourrait aisément voir des larmes durement retenues couler de ses iris claires. Il en jouait, mais ne dépassait jamais les limites, il ne fallait pas qu’ils se rebellent, surtout la femelle, il interceptait parfois les étincelles au fond de ses yeux. Il fallait d’abord qu’il les attache à lui, doucement et sûrement, puis un jour il aurait leurs cœurs au creux des pattes, et il ferait d’eux ce qu’il voulait.

Altesse n’avait sans doute pas calculé l’opportunité qui devait bientôt se présenter. Il n’était pas aussi calculateur, il prenait simplement les choses comme elles venaient. Ce jour-là, il voulait leur montrer comment il s’y prenait pour ramener toujours un peu de viande dans leur logis, ou plutôt comme il disait, son logis dans lequel il les accueillait généreusement. Il les entraîna donc au dehors. Plus loin se trouvait une ferme isolée. C’était là qu’ils étaient, ceux qui lui permettait de rester grand et gras, et de balancer quelques morceaux aux deux rejetons.

Il fallait attendre le bon moment, le soir quand le soleil commençait à décliner. Ils se réunissaient au dehors pendant la belle saison et jusqu’à ce que les températures deviennent trop froides, on faisait griller de la viande au-dessus d’un feu. Altesse s’approchait, faisait les yeux doux. Il était connu de ces bipèdes qui trouvait ce chat marrant, à revenir chaque jour, réglé comme une horloge. Son pelage soigné et son ventre rebondi gommaient toute impression de sauvagerie. Les enfants venaient le caresser sans peur, et ce qui était pour Altesse un repas devenait pour eux un jeu, qui réussirait à donner un bout de viande au chat le premier ? Altesse s’en fichait pas mal de ces rires, au contraire il ne l’aurait pas admis mais il aimait être le centre de l’attention, il aimait les caresses de ces petites mains et ronronnait volontiers pour obtenir plus de nourriture.

Et pendant ce manège, Noire et Noir s’était approché, ce dernier plus en retrait que sa sœur, manifestement apeuré, se faisant petit et effacé. Elle ne faisait pas la fière, mais elle voulait se montrer courageuse pour eux deux, pour le rassurer et l’inciter à venir aussi, et comme ça ils pourraient tous deux manger à leur faim ! A observer Altesse, elle ne pensait pas que quelque chose pourrait mal tourner. Elle allait elle aussi attirer leur attention et quémander des caresses, puis elle pourrait avoir la nourriture lui revenant de droit…

UC