Summer Blossom {Nuage d'Ortie}

Un sourire ornait déjà les lèvres de Fleur de Lys lorsqu’elle s’éveilla ce matin-là. Étendue auprès de son frère jumeau, leurs fourrures se confondaient presque, et elle lui donna un coup de langue affectueux avant de sortir de leur tanière. L’aube l’accueillit de son étreinte familière. Elle s’étira, déjà pleine d’énergie, le cœur battant à tout rompre. Aujourd’hui était son premier entraînement ! Un petit rire lui échappa à cette pensée, à croire qu’elle n’avait pas tant changé que ça depuis qu’elle était devenue guerrière. Au fond, elle gardait toujours le même enthousiasme de sa jeunesse, la même certitude des matins plein de promesses.

Impatiente de retrouver son apprentie, la féline en oublia de prendre son repas et se dirigea de son pas souple vers la tanière des apprentis sans attendre. Là, elle hésita un instant, puis ses yeux s’accoutumèrent à l’obscurité et elle put distinguer les formes endormies des nombreux apprentis du clan. Il lui fallut quelques secondes pour reconnaître le pelage brun de Nuage d’Ortie. Mon apprentie, songea-t-elle avec un ronronnement affectueux.

Dès la cérémonie qui avait scellé leur lien, Fleur de Lys avait eu la certitude qu’elles s’entendraient à merveille. Nuage d’Ortie lui était apparue comme une boule de poils pleine d’enthousiasme et d’énergie, et à peine leurs museaux s’étaient-t-ils touchés, suivant la tradition du baptême, que la guerrière avait senti qu’elle trouvait là une âme comme la sienne. S’approchant silencieusement pour ne pas réveiller les autres, elle donna quelques coups de truffe à son élève.

« Nuage d’Ortie ? chuchota-t-elle. C’est moi ! Tu viens ? J’ai plein de choses à te montrer ! »

Si seulement Père et Mère étaient là pour voir ça ! Étoile Destinée serait particulièrement fière, elle le savait, car après tout sa mère avait en son temps accordé une grande importance à l’apprentissage des jeunes de son clan. Quant à Jeu Macabre, il avait toujours mis un point d’honneur à inculquer les valeurs de loyauté et de droiture à ses enfants. En songeant à son père, Fleur de Lys aussitôt se redressa de toute sa hauteur et prit un air solennel lorsque son apprentie fut sortie de la tanière.

« Je ferai de toi une grande guerrière, je te le promets, Nuage d’Ortie », miaula-t-elle d’une voix qui ne laissait aucune place au doute.

Puis son sérieux fondit comme la neige au soleil, remplacé par son éternel sourire radieux.

« Prête à partir ? »

Le ventre vide mais des étincelles plein les yeux.

Fleur de Lys afficha un sourire ravi en réponse à celui de son apprentie rayonnante. Elles semblaient aussi surexcitées l’une que l’autre, débordant d’énergie dès l’aurore. Ce qui, naturellement, ne fut pas au goût des autres apprentis réveillés par les exclamations enjouées de Nuage d’Ortie. La guerrière ne put s’empêcher de glousser face à la situation, avant d’afficher une mine faussement coupable. Oups ! Si elles continuaient ainsi, elles risquaient de réveiller tout le clan endormi…

Sans surprise, la novice brune répondit qu’elle était prête à partir, et tout son corps trahissait son impatience. Se prenant au jeu, Fleur de Lys lui intima le silence en plaçant le bout de sa queue devant son museau, les yeux brillant de malice. Aussitôt elle se mit en position de chasse, aplatie au sol, l’arrière-train légèrement relevé, et c’est ainsi qu’elle rampa le plus discrètement possible vers la sortie du camp, traquant une proie imaginaire. La sentinelle qui gardait le camp la regarda passer avec des yeux hallucinés. Elle éclata de rire, puis se retourna pour s’assurer que son apprentie l’avait suivie.

Une fois suffisamment loin de l’arbre-camp pour ne plus être entendues, la guerrière prit le temps de répondre à ses questions. Comme toujours avec elle, rien n’était prévu à l’avance ni fixé, car elle se fiait autant aux vents changeants qu’à son instinct. Elle n’écoutait que son cœur, et ses pattes. Et aujourd’hui, ses pattes lui parlaient d’herbes sèches, de rocs et de sable chaud. Elle réalisa que sa protégée n’avait jamais franchi les limites de leur foyer, et qu’elle avait encore tout à découvrir. Oui, aujourd’hui, ses pattes la porteraient loin, sur la lande et au-delà, à travers la forêt et au-delà, vers l’horizon…

« Oui Nuage d’Ortie, on va chasser, grimper, courir, nager, vivre des aventures extraordinaires ! Je t’apprendrai tout ce que je sais. Mais avant, j’ai une idée… et si je t’emmenais voir l’océan ? »

Ses yeux pétillèrent de plus belle. Comme si la mer s’y reflétait déjà…

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