A sky full of fireflies | Épopée des Lucioles (Terminée)

CARACTÈRE
   - Comment tu décrirais le caractère de ton perso ? N'oublie pas ses qualités et ses défauts : Épopée des Lucioles présente un caractère d'apparence simpliste voire réducteur lorsqu'on ne se donne pas la peine d'analyser en profondeur ses véritables intentions. Non pas qu'elle soit particulièrement mystérieuse; loin d'elle l'idée de torturer les pauvres esprits en se montrant volontairement énigmatique. Au contraire, de par son grand cœur généreux, elle s'offre corps et âme à l'autre au détriment bien trop souvent de ses propres intérêts. Elle agit constamment dans l'objectif de réduire la détresse des autres et culpabilise devant les difficultés vécues par ses pairs peu importe leur provenance. Non, Luciole se montre plutôt secrète, voire profondément réservée sous un couvert de charisme, de bonté et de candeur qui en dupent plus d'un. La jeune guerrière ne fait guère exprès. Simplement, elle aura appris à garder de nombreuses choses pour elle pour éviter d'alourdir les autres de ses problèmes, qu'elle minimise sans cesse. La lieutenante du Tonnerre considère ses responsabilités avec énormément d'importance et juge ses difficultés d'un œil critique, rejetant constamment la faute sur des facteurs extérieurs ou sur ses propres faiblesses qu'elle a tendance à exagérer sans toucher réellement à ce qui l'entrave au final. Épopée des Lucioles manque cruellement de confiance en elle et avance dans la vie avec pessimisme et crainte. Elle n'a jusqu'alors vécu que pour son Clan et pour honorer les valeurs traditionnelles de son père, sans se rendre compte qu'elle ne s'est jamais laissé l'occasion de se développer véritablement en tant qu'individu. Elle préfère se fondre à la collectivité plutôt que de faire face à elle-même. La femelle vit beaucoup d'incertitudes et d'angoisse face à sa propre identité.

Ainsi elle papillonne sans cesse d'un membre de son Clan à l'autre, prêtant une oreille intéressée à ses protégés et trouvant des solutions avec créativité et énergie. Toujours ce sourire et cette tendresse maternelle pour vous apaiser. Luciole s'attache aisément et profondément avec les membres du Tonnerre ce qui est plutôt paradoxal comme elle laisse réellement peu de chats dans son intimité à elle. Il est difficile de la déchiffrer et d'obtenir l'heure juste avec elle. Elle peut se montrer particulièrement hypocrite et peu authentique simplement pour faire plaisir à l'autre. Il est plutôt aisé de la manipuler et de profiter de sa générosité excessive. À ne pas s'y méprendre néanmoins! Épopée des Lucioles tient du caractère de sa mère, de sa grande perspicacité et de sa ruse. Pour s'éviter les conflits, elle saura manipuler son interlocuteur et parfois même parvenir à ses fins en jouant sur sa gentillesse et sa douceur naturelles. Luciole n'aime pas beaucoup cette part d'elle, même si elle s'avère essentielle dans la vie de Clan. Ses talents de diplomate servent régulièrement à défaire des conflits et apaiser les esprits effarouchés. Si elle manque d'autorité (elle confond ce terme avec de la violence, elle qui veut tant éviter de faire de la peine aux autres...) elle possède un charisme naturel et un certain sens du leadership. Elle lit bien les situations au-delà des besoins de chacun et parvient à faire des choix déchirants (non sans culpabiliser des années après...).

Autrement, Épopée des Lucioles possède une grande curiosité et une soif d'apprendre intarissable. Chaque rencontre est une occasion pour elle d'en découvrir un peu plus! Pas du tout timide, la guerrière se montrera bavarde et intéressée dans tout échange social. Elle rit énormément, un rien l'amuse ou l'émerveille. Elle aime se cultiver de nouvelles connaissances même si celles-ci ne se montreront jamais utiles. Elle conservera toujours son côté enfantin, même si elle est parfois un peu trop sérieuse voire même barbante. Elle oscille constamment entre la prudence excessive et son envie d'aventure. Cette nature plutôt anxieuse a tout de même un grand désir d'aller au-delà de ses limites et de s'améliorer. Elle réussit bien socialement, appréciée d'à peu près tous mais peu peuvent prétendre réellement la connaître car elle ne s'ouvre qu'en surface et garde ses vulnérabilités pour elle. Il lui arrive de se convaincre elle-même dans ses mensonges tant elle tente de couvrir ses faiblesses. Paradoxalement, Luciole exige l'honnêteté de tous et ne supporte pas qu'on la trahisse ou qu'on lui mente. Elle vit très mal les déceptions et possède un caractère profondément rancunier. Devant quelqu'un qui aurait perdu son estime (il en faut tout de même énormément pour y parvenir), elle peut se montrer sèche, distante, voire méprisante. Oh, sous ses airs doux la lieutenante dissimule un caractère sensible et susceptible. Elle peut vite se rétracter si elle se sent attaquée et opter pour la fuite ou même la défense verbale. C'est lors de ces moments qu'on peut enfin percevoir de son immense vulnérabilité. De manière générale néanmoins il est difficile de la froisser ou de l'atteindre car elle s'est détachée de nombreuses émotions, même les plus positives, et sonnera faux à ceux qui y verront de plus près. Épopée des Lucioles a crainte de ne pas être à la hauteur de ses propres attentes, démesurées. Elle s'obstine donc à un optimisme farouche et peu réaliste, dissonance avec toutes ses angoisses quotidiennes. La lieutenante a trop souvent recours à l'évitement pour véritablement prendre contrôle de sa vie, et alimente par ce fait-même ses anxiétés nombreuses. Au final, elle n'est simplement pas prête de voir telle qu'elle est : une jeune chatte rêveuse, intelligente, sensible et altruiste, encore en quête d'elle-même. Peut-être un jour trouvera-t-elle qui elle est.

Changements : Épopée n'a guère changé sur le fond. Elle reste cette chatte altruiste, capable de s'effacer dans l'adversité, confondant le bonheur des autres et le sien. Elle aura toujours énormément de difficulté à peser la culpabilité, ce démon qui la suit à chacun de ses pas. Coupable, mais de quoi? De tous les maux et les misères. Il se dégage de ce mode de pensée un égocentrisme dont elle tente progressivement de se départir. Pour mieux laisser derrière elle ce sentiment, toujours, que le mal est causé par ses propres actions et qu'elle ne sera jamais assez bien. Épopée a construit quelque chose lors de son absence, les prémisses d'une confiance en elle qui lui permet désormais de s'assumer, non sans crainte bien sûr. Au moins elle joue moins un rôle même si elle se préoccupe encore des apparences et de ce qu'elle projette. Elle veut bien qu'on l'aime, sauf qu'elle accepte maintenant qu'elle ne peut pas plaire à tous et qu'elle se doit d'avancer malgré tout. Cette pensée l'a rendu plus sereine, plus calme aussi. Elle a vécu ses aventures, maintenant elle n'a qu'un désir : se poser et se reposer de ce qui lui a semblé de trop nombreuses lunes de perdition. La guerrière a envie d'être elle-même, de ne plus prétendre, d'afficher son vrai visage et de dire la vérité, sa vérité, celle qu'elle s'évertue de trouver en elle.

   - Quels sont ses projets ? Luciole veut avant tout retrouver sa place au sein du Clan du Tonnerre et aider sa nièce à en faire de même. Elle veut régler ses problèmes, apprendre à affronter ses peurs, beaucoup trop nombreuses. Elle a rendez-vous avec un certain Loup, craint son rejet même si elle est prête à accepter. Chaque chose en son temps. Luciole veut poursuivre son cheminement personnel, sa quête qu'elle a entrepris il y a neuf lunes et qui ne va pas s'achever de si tôt. Ce n'est pas grave. Elle a toute une vie devant elle.
   - Et au contraire, sa plus grande peur ? Oh, comment décrire les craintes les plus intimes de la guerrière du Tonnerre? Elles sont si nombreuses et parfois profondes, à débuter par celle de se dévoiler même à elle-même. De paraître faible aussi, car elle déteste attirer à elle le mépris de cette manière ou d'une autre. Elle n'aime pas déplaire alors elle agit de manière à l'éviter. Elle se laisse dominer constamment par ses craintes, étant de nature plutôt anxieuse. Elle les enfouit souvent trop profondément pour véritablement s'en rendre compte mais nécessairement elles reviennent la hanter. Elle a peur surtout de se perdre à nouveau, de succomber justement à ses craintes et de régresser sur ce chemin vers l'introspection qu'elle a entamé.
   - A-t-il un point de vue sur les rivalités claniques ? Épopée des Lucioles, ici, incarne les valeurs de son père malgré son absence dans sa vie. Elle a la même perception que lui au sujet des limites qui entravent les chats et désirerait connaître la paix entre les Clans. À ses yeux, les frontières entre les Clans ne font que provoquer la misère plutôt que de servir à qui que ce soit et elle regrette amèrement l'époque où toutes les tribus partageaient un but commun. Elle est du genre à accueillir les chats ennemis, ce qui ne l'empêche pas de questionner leurs intentions. Elle peut être plutôt naïve dans de telles situations.
   - Quel est son point de vue sur le Clan des Étoiles ? Sa foi frôle régulièrement le fanatisme. Ses pensées se tournent constamment vers le passé et donc vers les Étoiles qu'elle laissé derrière elle dans sa vie. Visitée de son père, Étoile Sombre, elle ne peut faire autrement que d'y croire avec ferveur et dévotion et d'obéir au dogme proposé par les âmes de ses ancêtres. Elle applique donc leurs valeurs et leur bon vouloir avec soin, tout en oubliant parfois ses besoins et de vivre dans le moment présent. La femelle aimerait tant leur faire honneur et prie constamment pour obtenir leur pitié et leur faveur. Épopée des Lucioles a tendance à fuir ses problèmes ou à discréditer ses actions au profil du Clan des Étoiles, sans parvenir à s'interroger sur elle en bien et en mal lorsqu'elle fait de bons ou de mauvais coups. Elle parle souvent du Clan des ancêtres aussi et prêche le code du guerrier et les lois ancestrales qu'elle a du mal à remettre en doute. Si sa foi est un peu moins intense désormais, elle reste bien présente.
- Quel est son point de vue sur les terres de Valeemar ? Épopée des Lucioles ne ressent aucune nostalgie face aux terres de son enfance. Elle a associé Cerblanc à de nombreux mauvais souvenirs et perçoit sa nouvelle terre d'accueil tel un asile et un lieu de recueillement et d'espoir. La jeune guerrière est avide d'en découvrir les secrets et éprouve un grand attachement à ce lieu qu'elle a participé à construire. Elle y revient avec le sentiment qu'elle n'aurait jamais dû la quitter.
   - Et sinon, quelle réputation a-t-il : au sein du clan, dans l’ensemble de la forêt ? Luciole a marqué bien des vies de par son implication dédiée. Son départ, si près de celle d'Étoile des Ouragans, a été terrible pour beaucoup de ses proches. Certains l'ont accueillie à bras ouverts, certains ont plus de rancoeur. Au sein du reste de la forêt, elle n'a pas été totalement oubliée non plus.
   

PHYSIQUE
   - Ton personnage, il a quel type de pelage ? Épais, sans le moindre doute, une tignasse fournie d'un noir profond strié d'un caramel éparse qui vient cascader contre son dos comme pour allumer quelques lueurs joueuses dans l'obscurité de son pelage. Son visage se scinde en deux de par une ligne bien définie d'un roux clair qui descend jusqu'à son nez puis se poursuit sur son menton et sur une partie de son poitrail. Sa queue est tout aussi touffue que le reste sinon plus. Petit détail plutôt mignon de son anatomie sont ses pattes dont l'extrémité arbore le même roux, peut-être un peu plus foncé que ses nombreuses marques. Son épais pelage la rend presque immunisée contre le froid de l'hiver et résistante à la neige. Elle doit néanmoins dédier une bonne partie de son temps à sa toilette, une activité très importante à ses yeux, afin d'éviter les nœuds qui entravent souvent ses poils et tirent parfois sa peau. Elle nécessite souvent l'aide d'un camarade pour les démêler.
   - Et il a de beaux yeux ? Bleus, tirant sur le gris, et plutôt pâles sans trop vous saisir. Ils ont plutôt les accents doucereux du regard de son père.
   - Il est plutôt grand, de taille moyenne, ou petit pour son âge ? De taille parfaitement moyenne pour une chatte de son âge, peut-être même un peu plus petite. Épopée des Lucioles a plutôt hérité de la corpulence de son père, assez courte et trapue.
   - Et au niveau de sa corpulence ? De par l'épaisseur trompeuse de son pelage, on la méprend à l'occasion pour un chat plus corpulent. Or, il n'en est rien. Sous la protection de sa robe se cache une maigreur caractéristique des chats sauvages.
   - Quant à ses habilités, il est plus ou moins bon en quoi ? La véritable prouesse d'Épopée des Lucioles est sa discrétion. Elle réussit d'autant mieux que lui ce que son père aura appris à sa mère puis qui lui aura été transmis. Effectivement, elle parvient à se mouvoir dans un silence absolu, particulièrement lorsqu'elle se retrouve dans son élément : la forêt. Ce talent lui a valu une très bonne réputation de chasseuse au sein de son Clan d'autant plus qu'elle a un nez plutôt fin et des sens constamment en éveil. La particularité de ses pattes la rend aussi agile à grimper même si elle ne le fait pas souvent (vous voyez elle se trouve disgracieuse à cause de ses longs poils...). Néanmoins, elle s'essouffle rapidement et n'est pas bien rapide en dehors de quelques réflexes obtenus grâce à la chasse. Lorsqu'elle doit planifier ses attaques, elle devient alors excessivement prévisible ce qui en fait une bien piètre combattante. Heureusement pour elle, son épaisse robe la protège d'une part des coups, mais elle n'en demeure pas moins plutôt faible pour une guerrière. Elle n'a jamais pris goût à la violence et se retient inconsciemment d'utiliser sa véritable force qui n'en reste pas moins limitée. Elle a la chance d'être assez agile et précise dans ses coups. Là où les choses se corsent d'autant plus pour elle, c'est la nage. La lieutenant ne s'y risque que quand forcée, car le poids de sa fourrure l'entraîne vers le bas et met une éternité à sécher.
   - Pour finir, a-t-il des signes particuliers ? Ses pattes sont plutôt larges; c'est qu'elle a un doigt de plus à chaque pied, un phénomène plutôt commun chez les chats polydactyles.
   

HISTOIRE
   - Ton perso est-il de sang pur ou de sang mêlé ? Luciole s'est longtemps crue pure de sang et appartenant toute entière au Clan du Tonnerre. Certains événements de sa vie lui ont révélé autrement, qu'elle n'y a d'origine que la moitié de son héritage. Sa mère biologique, elle, provient bel et bien du Clan de la Lune où elle est née et a vécu toute sa vie. Épopée des Lucioles n'éprouve néanmoins aucun attachement particulier à la tribu maternelle, bien qu'elle y réserve une certaine curiosité.
    - Et ses parents, ils venaient d'où ? Tonnerre et Lune.
   - Les liens familiaux de ton perso :
Étoile Sombre du Tonnerre, père biologique, décédé
Masque de Rosée de la Lune, mère biologique
Vipère des Sables du Tonnerre, mère adoptive et grande cousine
Lynx ?? du Tonnerre, père adoptif
Nuée de Papillons du Tonnerre, soeur adoptive
Libellule du Tonnerre, soeur adoptive
Sauterelle du Tonnerre, soeur adoptive
Coccinelle du Tonnerre, soeur adoptive
Scarabée Noir du Tonnerre, frère biologique
Fragments de Saule de la Lune, frère biologique ??
Flèche de la Lune, soeur biologique
Sombre Romance de la Lune, soeur biologique ??
Noix de Muscade du Tonnerre, demi-soeur biologique
Matin Embrasé du Tonnerre, demi-frère biologique
Silence du Hérisson du Tonnerre, demi-frère biologique

Eclipse Solaire, Torrent de Foudre, Plume Agitée et Odyssée des Fleurs de la Lune, ses oncles et tantes biologiques du côté maternel
Vertige de l'Oiseau, Hymne des Ombres, Refrain, Soleil, Lune, fille d'Agité de la Lune, ses cousins
Mélopée des Poètes du Tonnerre, «tante» adoptive, cousine biologique
Envol du Corbeau du Tonnerre, oncle adoptif
Leurs enfants : Ses cousins adoptifs même si elle les considère davantage comme des amis d'enfance pour la première portée et comme des petits cousins pour la deuxième
Hirondelle des Mers du Tonnerre, tante adoptive
Esprit du Renard du Tonnerre, oncle adoptif
Danse de la Colombe de la Rivière, tante adoptive
Chouette des Neiges de la Lune, tante adoptive

Ouragan Astral et Nuit d'Été du Tonnerre, grands cousins biologiques
Feu de Forêt, Belle de Cristal et Cavalier Fantôme du Tonnerre, cousins biologiques
Étoile de Nuit de la Lune, grand-mère maternelle biologique
Tremblement de Terre de la Lune, grand-père maternelle biologique
Griffe de Lierre du Tonnerre, grand-père paternel biologique
Féérie des Lucioles du Tonnerre, grand-mère maternelle biologique
Rêve de Tanuki du Tonnerre, grand-père maternel adoptif, décédé
Flamme d'Espoir de la Lune, grand-mère maternelle adoptive et sa grande cousine biologique, décédée
Griffe de Belette du Tonnerre, grande tante adoptive
Loutre des Rochers du Tonnerre, mère adoptive de sa mère adoptive

  - Pourquoi porte-t-il ce nom ? Le nom de Luciole s'imposa de lui-même la première fois que son père se posa la question. De par les circonstances spécifiques de son adoption, se greffant à une portée à la thématique d'insectes, il n'aura pas fallu longtemps à Étoile Sombre de lui donner le nom de sa propre mère, Féerie des Lucioles. On lui donna le nom d'Épopée plus tard, après le grand voyage, quand on vit avec quel acharnement elle avait facilité la vie de ses semblables pendant cette grande aventure. Elle en est très fière.
   - Raconte-nous un ou des événement(s) particulier(s) de sa vie (naissance, baptême, cérémonie, ...) : Il n’existe pas de mots pour décrire toute l’affection que je te porte, ma fille, ma Luciole. D’où je suis, je n’ai pu qu’assister, malheureux mais bienveillant témoin, à ta progression dans la vie. Je t’ai vu aimer, pleurer, désespérer, rire et grandir, surmonter des défis et te laisser dominer par d’autres. Malgré mon recul et mon absence, saches que je t’aimerai toujours. Je t’ai suivi pas à pas dans l’espoir de pouvoir guider tes pas vers ta destinée. Aujourd’hui, je te fais cadeau de ta propre histoire. Puisse-t-elle t’éclairer.

Je me souviens du premier regard que j’ai posé sur toi. Minuscule, piaillant d’inconfort. Déjà tu faisais entendre ta voix, déjà tu réclamais ta place. L’énergie de ceux nés pour inscrire leur marque. Auprès de ton frère tu étais presque indissociable si ce n’était que du roux qui enflammait la nuit de ton pelage comme autant de lucioles dans la pénombre. Dans ce regard aurait dû y luire la joie et la tendresse d’un père, mais ne subsistait qu’un tourbillon de craintes et de désespoir. Cette naissance me réjouissais mais je la savais compliquée en cette époque où régnait la peur. Je savais que tu étais le fruit d’une énième imprudence. Entre moi et Masque de Rosée, ta mère, difficile de réprimer la passion de deux cœurs qui s’aiment, malgré l’interdit. Moi, Chef du Tonnerre, et elle, guerrière influente de la Lune. Tout nous avait toujours opposés, mais même la distance, même notre première portée restée auprès de leur mère et m’ayant écartelée, ou la pression constante des vieilles traditions, rien n’avait su nous séparer. À quelques jours du grand combat qui viendrait sceller mon destin, je l’attirais contre moi, protégeant son corps et celui des deux chatons que vous étiez de ma chaleur. Je savais que plus rien ne serait comme avant. Je ne pouvais plus laisser les spectres régner en maîtres sur mon monde. Je ne pouvais laisser mes deux enfants entre leurs griffes. Je vous aimais déjà. Je te nommai Petite Luciole, en hommage à ma propre mère.

J’ai pensé que je ne pourrais plus vivre ainsi. Que ta mère ne pouvait me priver de la vie de mes enfants une fois de plus. Alors j’ai argumenté. Patiemment. Mais ce n’était pas si facile. Je réalise maintenant que cette décision aurait pu changer totalement le cours de votre existence, à Scarabée et toi. Mais j’en avais besoin. De considérer un avenir où je participais à votre existence. Je lui ai dit que vous seriez plus en sécurité au Clan du Tonnerre tandis que la Lune s’était fait particulièrement la cible des attaques des Étoiles Noires. Je crois que c’est ce qui l’a convaincue, finalement. Cette nuit-là, je vous ai emporté dans ma gueule, la mort dans l’âme. La chance m’a porté aux Quatre Chênes, où j’ai trouvé mon apprentie, Nuage de Vipère accompagnée de sa sœur, Nuage de Colombe. Elle mettait bas dans des circonstances difficiles après que l’attaque d’un renard aille à la fois causé la mort de sa mère, Flamme d’Espoir, et sa mise à bas de façon un peu prématurée. Je suis restée auprès d’elle en la soutenant de mon mieux, posant mes petits contre elle en prétextant les avoir trouvés. Mais nous savions, Colombre, Vipère et moi. Je n’ai rien dit jusqu’à ce que quatre de ses enfants ne voient le jour. Six. Comment pouvais-je lui imposer six petits? En rentrant, plusieurs heures plus tard, je lui ai promis de la protéger, de lui venir en aide. Je lui ai soufflé la vérité. Je vous savais entre de bonnes pattes avec Vipère, que je considérais comme ma propre fille, mon apprentie. Mais j’ai failli. Il s’agit là probablement d’un de mes plus amers regrets. Je n’ai pas pu, je n’ai pas su… Lui venir en aide, la soutenir. Elle bénéficiait de l’aide son frère et sa sœur adoptifs au sein du Clan, Nuage de Corbeau et Nuage de l’Hirondelle, de Mélopée des Nuages, de son père et de bien d’autres membres du Tonnerre. Mais ce n’était pas suffisant à mes yeux. Tu lui diras, n’est-pas? Que je suis désolé?

Cette nuit-là je suis passé vous voir, Scarabée et toi. Je me suis penché sur chacun d’entre vous, je vous ai tenus contre mon museau pour mieux écouter vos petits cœurs inoffensifs. J’ai su que je ne vous reverrais jamais. Pourtant, j’ai suivi l’appel des Étoiles jusqu’au champ de bataille, celui des morts et des vivants. J’ai laissé les tambours flouter mes sens, la violence couvrir mes griffes de rouge. J’étais aux côtés de votre mère, son fier amant. Mais la bataille nous a séparés. Telle une vague, l’ennemi a fondu sur moi. Je n’ai pas appelé à l’aide. J’ai été sot. On dira que j’étais brave, sauf qu’il n’y a point d’honneur à l’orgueil. Sous les griffes des spectres de la Forêt Noire, j’ai subi de nombreuses défaites laissant mon âme écartelée, mon corps affaibli. Je suis tombé à multiples reprises, trouvant à chaque fois la haine de continuer. Puis, le coup décisif. À ma gorge les crocs de l’ennemi et je suis tombé une fois en trop. Ouragan Astral m’a tiré loin du feu des combats mais il était trop tard. Parmi mes derniers souffles je lui ai demandé de veiller sur toi et ton frère. Puis j’ai suivi ta grand-mère, Féérie des Lucioles, jusqu’au monde des morts.

Tu as grandi au sein d’une famille aimante. Six petits tempêtant dans un univers en perdition. Dans le Clan du Tonnerre, on pleurait ma mort mais vous n’aviez pas conscience. Ces visages mornes et les doutes pesant sur la tribu n’ont pas su éteindre l’étincelle de votre enfance. En compagnie des petits de Nuage du Corbeau et Mélopée des Nuages, vous formiez l’avenir du Tonnerre, un regain d’espoir après de longues lunes dans les ténèbres. Tu t’entendais parfaitement bien avec tes sœurs mais rien n’équivalait ton lien particulier avec Scarabée. Peut-être le sentais-tu, cette part de vérité que mon décès a tu. Dans tous les cas, tu as grandi fille de Vipère des Sables et de son compagnon, le Lynx. Tu as vécu une douce enfance.

Sauf que de ton jugement affiné ne pouvait échapper la triste réalité des Clans de la forêt de Cerblanc. Malgré ton jeune âge, tu as constaté avec amertume la difficulté vécue par les tiens. Tu t’évertuais à te rendre utile, malgré ton statut de chaton, convaincant de sourires mielleux les guerriers de te laisser les accompagner afin de recueillir les herbes médicinales réclamées par le guérisseur ou encore de la mousse pour les anciens. Tu t’entraînais aussi, à l’intérieur du campement, affutant tes réflexes de chasseuse. Même si tes premiers essais furent infructueux, je t’ai vu t’acharner avec le même sérieux dont faisait preuve ta tante, Rose Sauvage. Tu attendais avec impatience ta nomination en tant qu’apprentie, te languissant de ces longues journées d’enfance alors que tu aurais probablement dû profiter davantage.

La venue du message des Étoiles t’a profondément affectée. J’ai vu sur ton petit visage le doute pour la première fois de ta vie. Je t’ai vu réfléchir, contre le ventre de ta mère, à en égrainer les heures. J’ai vu que la perspective de quitter cette forêt ancestrale t’effrayait mais que quelque chose en toi te poussait à la découverte. La perspective de ce voyage vers l’inconnu a pris écho en toi. À tes six lunes, tu devins enfin apprentie du Clan sous la tutelle de ton grand-cousin, Ouragan Astral. Pleine de fierté, tu acceptas le nom de Nuage de Lucioles. Aux côtés du meneur du Clan, tu t’épanouis enfin. La vie de novice te seyait à merveille. Non seulement, tu profitais de chaque occasion pour apprendre et améliorer tes compétences, mais tu adoptais de plus en plus cette personnalité généreuse qui te caractérise aujourd'hui. Tu accompagnais ton mentor parmi toutes ses tâches, y compris celles de gestion du Clan. Le Tonnerre se préparait au grand départ et tu avais toutes les intentions du monde de jouer ton rôle dans cette histoire. Il n’y avait plus investie que toi. Déjà, tu papillonnais entre les différents membres de la tribu afin de te rendre utile, de venir en aide à tous et chacun. On t’appréciait déjà à l’époque, tu sais? Sauf que parallèlement, tu te développais en te définissant dans ta loyauté au Clan seule. Tu n’as pas fait attention à qui tu étais autrement.

J’ai été si égoïste. J’ai usé de toutes mes énergies, tous mes espoirs, de toute ma lueur pour t’éclairer. Peut-être aurait-il fallu que je m’attarde auprès d’Ouragan Astral, mon cher cousin à qui je laissais un Clan endeuillé, en pleine quête identitaire et en voie de se perdre sur des routes inconnues. Sauf que mon esprit ne palpitait que de l’espoir de vous rencontrer, ton frère et toi. De vos affinités naturelles avec les Étoiles, votre foi inébranlable, la ferveur de vos prières et peut-être quelque chose que vous tenez du Clan de votre mère de la Lune, j’ai percé le brouillard de vos songes. Tu y étais particulièrement sensible. Dès nos premiers échanges, j’ai vu la curiosité dans tes prunelles. J’ai vu aussi… de l’admiration. Aussi touchante soit-elle, je l’ai haï, profondément. Je me languissais de ton amour. De ta tendresse. Celle que tu réservais à ton père adoptif, le Lynx. Je ne désirais pas être ce guide lointain, ce meneur tombé au combat. Pour la première fois, j’ai considéré la gloire de mon décès avec dédain. J’ai voulu t’implorer de me considérer autrement, peut-être pourrions-nous être amis. Mais j’ai senti que tu avais besoin de ma guidance, que tu cherchais le Chef déchu plutôt qu’un autre père pour veiller sur toi. Puis, tu m’as apprivoisé. Ton regard a changé. Je t’ai fait rire, lors de nos visites près d’une rivière argentée. Tu t’attachais à moi, même à ton réveil je n’étais plus qu’un souvenir vaporeux. Mais ça n’a pas facilité la suite. Avec l'éclosion de certains doutes, ton cœur commençait à s’alourdir et je ne l’ai pas vu tout de suite. Puis sont venues les questions. Et elles t’ont hantées longtemps avant que tu ne découvres la vérité.

Une nuit tu t’es montrée candide, invitant ta mère pour une balade nocturne. Quelques jours seulement vous séparaient du long voyage vers les terres de Valeemar. Cette perspective t’emplissait d’espoir, mais tu te questionnais aussi. Peut-être que la venue de ce moment t’offrait cette part de courage qui te manquait jusqu’alors. Tu as posé la question, ouvert sur ce sujet d’un ton désinvolte. Tu as parlé à Vipère des Sables de ce chat avec qui tu conversais la nuit, de la manière si douce dont il te regardait, des conseils paternels qu’il t’offrait. Tu lui as dit qu’il s’agissait d’Étoile Sombre, le Chef dont on tâchait encore d’honorer la mémoire. Tu as vu ses prunelles s’assombrir et aussitôt tu as perdu ta candeur et tes sourires. Tu as compris que ta mère était sur le point de révéler quelque chose qui viendrait faire voler ta vie en éclats. Vous êtes allés chercher Scarabée et elle vous a expliqué, elle vous a raconté vos origines. Et toi, tu as succombé aux émotions. Cette nuit-là tu as fui. Courant jusqu’à ce que tes pattes cèdent sous le poids de ton cœur lourd. Et moi, je t’ai regardé pleurer pendant des heures tandis que tu devais composer avec l’idée que ton existence était un mensonge. Tu n’as pas compris, Luciole.

Pendant longtemps, je t’ai crue égarée. Cette nouvelle t’a changée, t’a refroidie. Tu t’es décalquée du reste de ta famille, pendant un temps. Tu t’es jetée corps et âme dans le bien-être du Clan, tu as occupé cet esprit tourmenté par des actions concrètes. Tu as évité ta douleur, mais aussi tes sœurs, ta mère, ton père, tous les gens que tu aimais et qui t’aimaient en retour. Tu leur as fait du mal, Luciole. Même toi, tu dois le reconnaître. Tu as poursuivi tes gentillesses, tes petites attentions, tes preuves d’amour. Sauf que chacune d’entre elles sonnait faux, même à toi-même. Pour fuir ton malaise, tu as laissé Cerblanc derrière toi comme s’il s’agissait d’un mauvais souvenir. Tu t’es calqué sur les gestes d’Ouragan Astral, ton mentor. Il a vu que tu souffrais. Il t’a épaulée comme il le pouvait mais tu refusais de t’ouvrir. Tu chassais jusqu’à ce que tes coussinets ne se crevassent, animée par le désespoir. À l’instar de tes camarades, tu as vécu la faim et le froid. Sauf que toutes les misères du monde ne pouvaient égaler la tempête que tu confinais à l’intérieur de toi-même. Chaque tâche que tu effectuais, aussi pénible pouvait-elle être, n’égalait en rien ton trouble. Alors tu avançais, te nourrissant de cette distraction, taisant les ténèbres en toi afin de devenir lumière pour tes compagnons de voyage. Ma Luciole, tu as éclairé leur chemin de ta bonté et ta persévérance. Ton acharnement s’est vite fait remarquer. Tu incarnais l’esprit de ce voyage de tes paroles rassurantes, de ton implacable optimisme. Même lorsque ton frère a perdu son œil et que ta gorge s’est nouée, que le désespoir t’étouffait, tu as souri. Inébranlable, disaient-ils. Personne n’a vu qu’à l’intérieur, tu t’écroulais.

Tu as pris cette habitude, celle de recueillir ta douleur au creux de toi. Tu en as dupé plusieurs mais d’autres ont vu. Il leur a fallu persistance, patience. De toute manière, les chats de la forêt se taisaient, à cette époque. La faim les tenaillait, rendant chaque pas impossible. Tu as tenu le coup, serré les dents. Tu possèdes la détermination de ta mère, le sais-tu? Parfois, tu jetais des regards vers elle. Mais tu n’as pas osé franchir le pas de lui adresser la parole, elle qui te croyait morte. La colère te dévorait encore trop. Valeemar, en apparaissant à l’horizon, t’a probablement sauvée. C’est en voyant ces terres se dresser devant toi que tu as enfin repris espoir. Ce jour-là tu as pleuré, comme beaucoup d’autres. Tu as suivi ton mentor jusqu’à une forêt qui résonnait en toi. Tu as su que tu avais trouvé ton éden, un lieu pour panser tes blessures et pour reconstruire ton être. Il a fallu du temps, mais tu as renoué avec ta famille, tu as pardonné. Je t’ai senti près de moi pour la première fois depuis des lunes. J’ai filé dans le ciel cette nuit-là pour saluer ton arrivée et je t’ai vu sourire, le museau levé vers le firmament. Nous avons prié tous les deux pour un avenir plus doux.

Je t’ai visité dans tes songes cette nuit-là. Tu m’as aperçu, silhouette argentée près de notre rivière d’autrefois. Pendant un instant, j’ai lu l’hésitation parmi tes prunelles. Puis tu es venue à moi. Tu m’as demandé pourquoi. Je t’ai dressé le portrait d’une forêt bien différente, où les amours inter-claniques sont proscrits, je t’ai parlé d’interdits et de haine. Je t’ai dit que je t’aimais, que je veillerais toujours sur toi, que de vous quitter, ton frère et toi avait été la chose la plus difficile que j’eus à vivre. Je t’ai tenu contre moi et je t’ai dit qu’il y avait assez de place dans ton grand cœur pour une forêt entière. Que tu n’avais pas à choisir entre la famille qui t’a élevée et celle qui te lie par le sang. J’ai senti ton soulagement. J’ai assisté à la naissance d’une conviction chez toi, celle de ne jamais laisser la tribu se refermer dans la haine.

La construction du campement et tes entraînements quotidiens t’ont pris tout ton temps. Si bien que tu n’as pas réalisé le temps qui filait entre tes pattes. Une soirée tranquille, Étoile des Ouragans s’est hissé contre la branche du vieil arbre mort. Plusieurs apprentis furent nommés guerriers et parmi eux, il y avait toi, revêtant enfin le nom d’Épopée des Lucioles, un nom honorant ton travail exemplaire et ta dévotion lors du long périple ayant mené jusqu’aux terres de Valeemar. Tu as pris sous ton aile un apprenti à ton tour, t’épanouissant dans ta nouvelle vie de guerrière. J’étais si fier de toi. Il était tout naturel que mon cousin ne te nomme pour le seconder. Tu avais été son bras droit si longtemps. Je me souviens encore de cette nuit où vous vous baladiez sous les étoiles, quand il t’a demandé de devenir sa lieutenante, malgré ton jeune âge. Vous représentiez tous les deux les valeurs neuves d’un Clan ayant finalement résolu sa quête identitaire. Vous deviendriez l’incarnation d’une nouvelle ère de diplomatie et d’acceptation pour le Tonnerre.

Ton histoire ne s’arrêterait pas là. Tu as tenu ta promesse, Luciole. Tu as illuminé la vie de plusieurs chats autour de toi, mais à travers ce processus tu t’es enfoncée dans un cycle invisible dont tu n’as bientôt plus pu t’échapper. Tu as cru que ces émotions ne seraient que de passage, tu as été si vaine. Il n’y avait personne pour te contredire de toute manière, personne pour te remettre en doute, sauf peut-être Appel du Loup. Tu ne l’as pas écouté; de toute manière il avait ses propres démons à apaiser avant d’être constructif pour toi. Le jour où Ouragan a disparu, tu as perdu ta foi. Tu t’es effondrée. Tu n’as plus su qui tu étais. Je n’ai pas t’aider, ma fille. C’était un parcours que tu devais faire seule, un voyage qui te mènerait loin sur les chemins du doute.

Il n’y avait personne pour te consoler. Tu as renoncé à ton poste suite à son départ, de toute manière il n’y avait plus rien pour te lever de ta couche. Toutes les émotions que tu conservais précieusement au fond de toi, cette montagne d’immondices, elle devait te rattraper un jour. Le masque ne s’est pas fendu, il s’est scindé en une multitude de fragments, dévoilant au-dessous une profonde fragilité. Tu as cherché des excuses, tu t’es haït pour ce que tu devenais. Pour avoir laisser ton Clan tomber alors qu’il souffrait. Tu t’es répété sans cesse à quel point tu ne valais rien, rien sans ce que tu croyais être jusqu’alors. Tu as réalisé à quel point tu étais étrangère à toi-même. Tu as pleuré rivières et mers. Cette fois, tu ne t’es pas cachée. Plusieurs n’ont pas compris ton effondrement. C’est ingrat, ta position, ma Luciole. Après avoir passé des lunes à t’occuper de tous et chacun, plusieurs t’ont tourné le dos. Ils n’ont pas vu à quel point tu avais mal. Jusqu’au jour où ton frère et toi ne quittiez le Clan, en y laissant tous vos souvenirs.

Lui, il cherchait l’amour, une échappatoire à une vie de prisonnier. Toi, tu te cherchais toi-même. Tu en avais besoin. De t’éloigner un moment, de faire le tri, de te couper au regard d’autrui. Celui-là même que tu cherchais maladivement, sans réaliser à quel point tu te faisais du mal, à quel point tu fragilisais un être déjà au bord du gouffre. Il t’a fallu plusieurs semaines pour émerger des eaux froides dans lesquelles tu pataugeais. De t’occuper de ta nièce t’y aidait. À travers elle, tu as pu vivre une enfance que tu ne t’étais jamais autorisée. Tu as guéri, du moins amorcé une guérison. Tu as pris un moment pour te reposer, pour réfléchir à ta vie et à tes choix. Tu as accepté, même si c’est encore difficile, que tu n’incarnerais jamais la perfection, que tu ne pourrais pas sauver tout le monde. Tu as aussi laissé derrière toi la culpabilité d’être partie, de toute manière il n’y avait pas moyen de l’éviter.

Tu t’es aussi senti de trop dans le portrait de la vie de ton frère. Tu avais refusé de le laisser derrière toi, te calquais depuis toujours à lui. Pourtant, à l’annonce d’une seconde grossesse de sa bien-aimée, tu as compris que ta place ne serait plus à ses côtés. Le Clan te manquait. Il y a beaucoup de choses sur lesquelles tu as mûri. Qu’il te fallait maintenant exprimer. Tu avais envie de connaître qui tu étais, à l’instar de Nuage de Corail. Le plan se dessina de lui-même. Il y eu une longue conversation avec Scarabée Noir cette nuit-là, des larmes émues. Tu lui as fait la promesse de toujours veiller sur Corail, coûte que coûte. Vous êtes parties le cœur gros. J’ai tenté de mener vos pas vers le Clan du mieux que je le pouvais.

À toi de jouer maintenant. Continue à être qui tu es. Je n’ai plus rien à te dire, Luciole, car ton histoire tu la connais. Autorise-toi maintenant à la vivre.