Ecoute le vent... Sais-tu le déchiffrer? [Feat. Nuage Enchanté]

Séquelles du Passé

Il m'arrive bien souvent de subir une patte engourdie au réveil. Alors, ce matin-là, je me lève et comme à chaque fois lorsque je ressens quelques douleurs, j'échauffe ma patte meurtrie avant de la poser délicatement au sol. A vrai dire, je ne me suis pas encore totalement habituée au fait qu'elle me paraisse si raide. Je préfère donc prendre mon temps, la bouger un peu dans tous les sens de sorte à ce que je la prépare pour d'éventuels faux mouvements. Risquer de se blesser en ignorant les contraintes induites par un corps déjà disloqué serait complètement idiot. Il ne manquerait plus que je trébuche et que je finisse de la casser… Non, arrête de penser à cela. Remercie plutôt le Clan des Étoiles pour t'avoir sauvegardé de la mort. Finissant finalement mes étirements matinaux, je quitte mon nid à pas de loup pour me diriger en direction de la pile de gibier.

De bon matin, celle-ci semble vide. Je m'inquiète. La saison froide ne tardera plus à venir et si nous n'étions pas en mesure de recueillir assez viande d'ici-là, le Clan risquerait de se retrouver en mauvaise posture. Je vois alors en cette pile dégarnie l'occasion d'entraîner ma chère apprentie hors du camp pour une leçon de chasse. J'espère que je parviendrai à lui enseigner correctement ce que j'ai prévu pour elle aujourd'hui. L'optique de ne pas me faire comprendre m'effraie toujours autant, et encore plus dans ces circonstances, lorsque l'avenir du Clan que représente la jeune génération entre en compte. Loin de moi l'idée de foutre en l'air l'entraînement de cette petite, je ne souhaite pour elle que son bonheur, qu'elle puisse devenir une guerrière dont sa tribu pourra être fier.

D'un œil observateur, je remarque rapidement la jeunette s'éveiller doucement. Je m'approche alors d'elle, dans son dos. Une fois suffisamment rapprochée d'elle, je me mets à traîner des pattes de manières à ce que les frottements sur l'herbe grasse produisent quelques bruits audibles. Si je ne peux pas la prévenir de ma venue en lui adressant mes salutations de manière formelle, je tiens tout de même à ne pas la surprendre. Une frayeur le matin n'est jamais la bienvenue. J'attends alors quelques secondes que l'apprentie me remarque pour incliner mes oreilles vers le bas, en guise de bonjour. Je lui souris ensuite puis lui désigne la sortie du camp du bout de la queue avant d'élever une patte à son niveau et de sortir les griffes. Espérons que mon message ne sera pas mal interprété...

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Ecoute le vent... Sais-tu le déchiffrer? [Feat. Nuage Enchanté] Zf62

Séquelles du Passé vous adresse un signe de tête, ne pouvant parler.
Esprit Vagabond vous salue en Teal.
Petite Mascarade vous feule dessus en lightseagreen.

Joli titre ici !

Je n'ai jamais vraiment appréçié la nuit. Ce moment est pour moi source d'inquiétude, de tracas. Bavarde comme je suis, ne pas parlé m'a toujours rendu nerveuse, comme si quelque chose n'allait pas. Or, à chaque que je tente d'ouvrir ma geule en pleine nuit, je me fais gronder, bien fort, pour que tout le monde entende et que je sois toute gênée. Mon envie constante de parler m'attire souvent des problèmes, c'est un fait. Mais je ne peux rien y faire, me taire me fait byzarre, comme si quelque chose manquait dans le moment passé. Ma soeur pourtant n'est pas très bavarde, plus silencieuse qu'autre chose. Je ne m'y retrouve pas trop avec elle, nous sommes si différentes... Pourtant je l'aime, je la chérie. Je trouve en elle quelque chose que je n'ai jamais trouvé chez personne, même chez mes parents. Les opposés s'attirent, dit ma mère. Elle a raison : j'en ai la preuve. Je souris dans mon sommeil. Je l'aime, ma famille.

La fraîcheur matinale me réveil. Je râle, comme à mon habitude, puis me recroqueville, tentant de récupérer de la chaleur dans mon corps. Mais comme une idiote, je ne me suis pas rendue compte que le froid avait rendue ma fourrure de la même température que celle exterieur. Je ricane doucement. Cette journée commence bien dis donc, froid, idiotie. Qu'est-ce qui va bien pouvoir s'ajouter à ce début de journée catastrophique ? J'imagine avec amusement le conseil des quatres me convoquant pour me dire qu'il faut que je chane de voix. Je rit. Imaginer des choses idiotes me fait du bien, quand ça ne vas pas fort. J'ouvre doucement mes yeux, et ceci sont frappé par la luminosité. Il a beau faire froid, le soleil règne en maitre. Je me redresse, dans le but de remettre ma fourure blanche en ordre. Souhaitez moi bon courage...

C'est alors que j'entendis quelqu'un gratter juste derrière moi. Je sursautais, paniquant, m'imaginant de terribles scénarios. Mais rapidement, je me calmais. Mon mentor avait cette habitude amusante, surtout faites pour ne pas me surprendre, de venir gratter pour m'appeler. En effet, Séquelles du Passé avait perdu la voix, ce qui avait dû être terrible. Je me retournais aussitôt. Mon mentor était la seule personne pour qui j'éprouvais un réel respect, et une réelle admiration. Elle avait surmonté tous les obstacles que la vie lui avait dréssé, et c'était pour cela que je la trouvais si forte. Sans la parole, je n'aurais pas survécu. Je lui souris, réconfortante, puis inclina à mon tour mes oreilles en signe de bonjour. Elle ne pouvait pas parler, et lors de mon baptême, je m'étais promis de braver l'impossible : me taire pour ne pas l'embêter. C'était difficile, mais je comblait ce manque en fredonnant et chantant.

Je compris aussitôt ce qu'elle voulut me dire. Cela avait beau faire peut de temps que l'on se connaîssait, je la comprenais mieux tout au monde. Pourtant, j'avais moi quelques difficultés à me faire comprendre... Dès qu'elle m'indiqua la sortie du camp, je me préicpitait pour sortir, très entousiaste. Lorsqu'elle fut arrivée à mon niveau, je la regardais, puis me lança. Je me mit à faire mine de me battre, puis de courir. Ensuite, je revint vers elle et dessina une croix sur le sol. Je voulais savoir si ne ne ferions que de la chasse. Après mon petit spectacle, je luis souris amicalement. Me comprendrait t'elle ? Je fit tout mon possible pour l'encourager silencieusement. C'était difficile, mais je ne voulait pas la mettre mal à l'aise en parlant.

(c) Candies

Séquelles du Passé

On ne choisit pas notre famille tout autant que l'on ne choisit pas notre vie. Si le destin m'accorda volontiers l'amour d'une famille dévouée il ne fut pas aussi clément envers mon existence. En une fraction de seconde, ce dernier avait décidé de provoquer mon malheur. Pourtant, je ne l'ai jamais souhaité à personne. Pourquoi devrait-il donc être ainsi ? La vie se jouerait-elle de moi ? Ce destin qui m'enleva la parole et qui, bientôt, emportera avec lui ma patte me semble bien cruel. Mais puisqu'une chose en entraîne forcément une autre, je préfère, ou du moins essaie, de voir cela comme une leçon de vie. Si cet imprévu m'apprit une chose, ce fût bien l'acceptation. Il faut parfois céder et se faire une raison. Nous n'y sommes pour rien, quoi que nous puissions en dire. Nous ne pouvons que persévérer sur un chemin parsemé d’embûches dans l'espoir que des jours meilleurs surviendront après l'orage.

Je sais bien qu'au travers de ses actes, la petite Nuage Enchanté ne cherche pas à provoquer ma colère et espère simplement soulager la gêne que j'éprouve à ne pas me faire comprendre. Il est cependant nécessaire qu'elle se rende compte que les chaînes qui me retiennent ne sont pas les siennes. Jamais elle ne pourra réparer mes cordes vocales. Elle en possède encore, qu'elle en profite. Je ne veux pas être celle qui lui retirera cette joie de vivre qui l'habite au quotidien car je sens bien qu'auprès de moi, la jeune apprentie se retient. Je ne veux pas de cela. Exprimes-toi, sois celle que tu es, pas celle que je suis. Ne cherche pas à me ressembler ni même à supporter ce poids qui de toute évidence n'appartient qu'à moi. Pensant cela, je porte à ma gorge une patte sur laquelle aucune griffe n'est perceptible. Je la fais alors glisser le long de mon cou en remontant vers ma gueule pour enfin venir désigner la chatte couleur crème. A ma manière, je tente ainsi de mimer un flot de paroles qui sortirait de ma bouche et, en indiquant la jeune femelle, cherche à lui faire comprendre qu'il s'agit là de ses mots. D'un mouvement approbateur, je souhaite ensuite lui indiquer que je ne suis pas contre à ce qu'elle s'exprime par la locution.

Ceci étant fait, je pense ensuite au moyen de répondre à la question qu'elle venait de me poser. Si celle-ci portait bien sur la chasse et le combat, alors lui faire deviner la réponse ne serait pas des plus compliqués. Ainsi, j'adopte la position du chasseur et me mis à ramper en direction d'une feuille morte. Pour qu'elle s'imagine bien un quelconque gibier, je vais jusqu'au bout de la démonstration en faisant mine de « tuer » ma proie. Je m’assois ensuite face à ma prise puis, laissant passer quelques secondes, je viens labourer le sol à côté de la plante précédemment visée. Finissant mon geste, je trace d'une griffe un cercle entourant les traces de combat et la feuille de sorte à ce que Nuage Enchanté puisse comprendre que nous ferions sans doute les deux. Cependant, petite subtilité qu'elle peinerait certainement à saisir, mais dont je ne voyais d'autres moyens d'explication, résidait dans le fait que j'avais fait primer la chasse au combat pendant mon petit spectacle. Le combat viendrait donc prendre la suite de la chasse uniquement si nous avancions correctement.

Je me retourne finalement et viens faire face à mon élève. J'incline la tête sur le côté. Tu as compris?

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Séquelles du Passé vous adresse un signe de tête, ne pouvant parler.
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Ecoute le vent... Sais tu le déchiffrer ?

Tout le Clan avait d'abord désaprouvé la décision du conseil. Moi, si moqueuse, si iodite et pleine de préjugés, confiée à une mentor muette ? Il était impossible de concevoir que celle ci mène une vie agréable malgrès son handicap avec un aprentie pareil. Pourtant, on m'avait laissé une chance : celle d'essayer. Et bien que je redoutais que mes journées ne soient faites que d'ennui avec une mentor pareille, je l'ai prise, cette chance. Alors tout le monde accepta notre duo, et nous pûmes travailler ensemble comme nous le voulions. Les gens diront que cette expérience m'a changé, que je suis plus à l'écoute maintenat. Mais ils ont tort. Ce n'est qu'avec elle que je suis gentille, rien ne changera pour cette bande d'idiots que sont les autres. Je rit silencieusement. Devrais je me taire ainsi chaque jours jusqu'à la fin de mon aprentissage ? Je fermais les yeux. Il vallait mieux pour elle que je me mette à ses côtés, elle serait plus à l'aise.

Mais ce n'est pas ce qu'elle veut. Bien que cela ne fasse qu'une lune que nous sommes ensembles, j'ai rapidement appris à connaître mon mentor. Et surtout à communiquer avec elle, ce qui reste sans doute le plus important lors d'un aprentissage. J'ai donc tout de suite compris ce qu'elle voulait dire à travers ses gestes : Séquelles du Passé voulait que je parle. Peut-être ne m'avait t'elle pas comprise et voulait t'elle que je m'exprime par la parole ? Je secouais la tête. Il ne fallait pas que je me cache la vérité. Je l'embarassais plus en ne parlant pas qu'en faisant l'inverse. Je la regardais longuement, puis sourit. Mon mentor avait vécu les pires choses qu'un chat puisse vivre, et pourtant elle ne faisait attention qu'à mon bonheur... Je savais qu'elle allait m'apprendre plus que le nécéssaire : j'allais grandir et murir avec elle, j'en étais certaine. Mais pour le moment je n'étais encore que cette petite chatte pleine de joie et particulièrement bavarde. Alors, Je courus vers elle et glissa ma tête dans sa fourure en riant, puis me reculais aussitôt. Ce n'était pas le moment, et pas la bonne personne. Je raconterais tout ça ce soir à Nuage de Menthe, tout sera sans doute plus simple...

"Excuse moi je... Merci, Séquelles du Passé. J'éviterais tout de même les paroles inutiles."

Je lui souris, mais mon mentor était déjà partie dans une petite démonstration. Je plissais les yeux, tentant de me concentrer pour retenir au mieux ce qu'elle me montrait. Mais je compris rapidement, avec un petit peut de honte tout de même, qu'elle tentait seulement de répondre à ma question précédente. Elle l'avait donc comprise. Qu'est-ce qu'elle était forte... Je mis beaucoup du temps à décoder son message, mais fut rassurée en le comprenant. Le combat était ma matière préférée, et comme disent mes parents, le meilleur pour la fin ! Tout de même, je ne voyais pas l'interrêt de la chasse. Le combat était une "matière" bien plus noble, tandis que la chasse était... Secondaire ? Enfin. J'avais beau être ambtieuse, je ne pouvais changer à moi toute seule le fonctionnement d'un clan entier. Peut-être fallait t'il poser requête au maître de la parole ? Je secouais la tête. Pas maintenant, il fallait plutôt que je me focalise sur mon entrainement.

Je sautillais d'impatience puis prit la parole.

"Dis quand est-ce qu'on y va ? On peut y aller tout de suite là, maintenant ? Allez, s'il te plait, j'ai trop hâte !"

(c) Candies

Séquelles du Passé

Cette petite est loin d'être idiote. Elle a beau déborder d'énergie et n'en faire qu'à sa tête, il n'empêche qu'elle s'implique énormément dans son apprentissage de même que dans notre relation. Elle s'est rapidement faite à mon handicap et a appris à utiliser son cerveau différemment des autres. Son sens de l'observation et de la déduction s'est de ce fait développé, grâce – ou à cause – de mon mutisme. Elle, si bavarde, avait fait le choix d'oublier sa nature énergique au profit de l'analyse. Elle ne s'en rend peut-être pas encore compte mais elle est déjà parvenu à parcourir un chemin phénoménal pour une chatte de cet âge. Beaucoup de chats adultes peinent à comprendre les autres lorsqu'ils ne s'expriment pas, mais elle, contrairement à beaucoup d'autres, sait poser des mots là où il n'en existe pourtant aucun. Nuage Enchanté n'a beau se comporter de la sorte qu'avec moi pour l'instant, je suis néanmoins certaine qu'elle saura appliquer ses connaissances dans des circonstances différentes. Et ce jour-là, je serai fière d'elle, plus que ce que je ne le suis déjà.

Je réalise alors que, pensant cela, je me suis mise à couvrir ma jeune protégée d'un regard attendrit. Bien que nous ne partageons aucun lien de parenté, je me sens étrangement proche d'elle. Et il en est visiblement de même pour elle : la petite vient se blottir contre moi avant se de reculer subitement comme si elle venait de se rendre compte de quelque chose. Je lui adresse alors un sourire sincère. Cela ne fait rien. Au contraire, savoir qu'elle peut se comporter de la sorte avec moi me rassure car cela me donne la certitude de ne pas être un mentor raté. Elle m'accorde sa confiance. Mais plus important encore, Nuage Enchanté semble avoir saisi la signification de mes signes. En aucun cas je ne souhaite brimer son enfance. Elle est encore jeune, elle a tout le temps devant elle pour grandir. A à peine sept lunes on peut encore se permettre de faire des bêtises, il faut qu'elle en profite. C'est donc soulagée que j'écoute ses paroles, quand bien même elle jure de ne pas en dire trop.

Si mes cordes vocales ne se trouvaient pas en bouillie, je me serais certainement fendue d'un rire franc. Faute de quoi, je reste simplement la gueule ouverte, silencieuse. Je la referme cependant rapidement. Malgré toutes ces lunes à discuter par signaux je garde encore les vieilles habitudes : celles d'ouvrir la bouche en espérant qu'un son en sorte. Mais rien, et cela me fruste quelque peu. Qu'en finirais-je par comprendre que ma voix ne reviendra jamais ? Probablement pas tout de suite… Soupirant pour me débarrasser de ces tristes pensées, j'affiche en définitive un air plutôt jovial puis hoche la tête d'un air de dire « D'accord, d'accord. ». Nuage Enchanté m'attend et je ne dois pas le décevoir.

J'entraîne alors la petite femelle en dehors du camp et la mène en direction des falaises. Le temps ne semble pas en notre avantage aujourd'hui mais tant pis, nous ferons avec. Arrivant au lieu d'entraînement, une rafale de vent vient ébouriffer nos pelages comme s'il nous souhaitait la bienvenue. Je respire alors l'air frais mais quelque peu iodé du territoire puis me retourne en direction de mon apprentie. Lorsqu'elle fut suffisamment proche de moi, je déposais sur sa truffe le bout de ma queue puis la relevais en direction du ciel pour l'inviter à débuter notre partie de chasse.

HRP:

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Ecoute le vent, sais tu le déchiffrer ?

Je me sens bien avec Séquelles du Passé. Un peu oppressée, bien sûr, je ne suis pas complètement moi-même, je fais attention à tout ce que je dis, tout ce que je fais… Mais il me semble qu’elle a une bonne influence sur moi. Lorsque je suis à ses côtés, je réfléchis à ce qui pourrait être bon pour elle, je veille à ne pas la vexer ou lui faire de mal. D’après mes parents, c’est un bon début vers une évolution plus… disons plus gentille de ma personnalité. Pff, je déteste qu’on me dise que je suis méchante. Je ne suis pas un mouton, c’est tout. Dans tous les cas, même si lorsque l’on m’a annoncé que j’allais être l’apprentie de Séquelles, j’ai beaucoup râlé, je suis très heureuse maintenant. Mais ça bien sûr, je n’oserais jamais le lui dire, ni à elle, ni aux autres. Alors je reprends tout de suite mon attitude normale, bavarde, enjouée, râleuse. J’ai peur que mes camarades apprentis pensent que je suis faible, que je suis trop gentille, que j’aime trop les autres. Je n’ai pas envie de passer pour mademoiselle adorable : c’est pour ça que je suis celle-là ; c’est pour ça que je suis moi. J’ai beau faire ma dure, j’ai peur du regard des autres. Mais ça, je n’ose même pas l’admettre, alors, hors de question que ça se sache.

Il n’y a qu’avec Nuage de Menthe et mon mentor que je me sens vraiment bien. Pourtant, je parle le moins possible : je compte bien être sérieuse, pour une fois dans ma vie, et devenir guerrière avant tous les autres ! Si mes parents m’entendaient parler, je me ferais gronder, mais c’est la vérité. Je mettrais des bâtons dans les pattes de tous ceux qui veulent me dépasser. De toute façon, j’ai confiance en Séquelles du Passé, je sais pertinemment qu’elle fera de moi la meilleure guerrière du clan. Elle en a les capacités, il faut juste qu’elle s’adapte à mon talent… Je souris. Heureusement qu’elle n’entends pas mes pensées, ou elle me virerait directement. Elle a des valeurs, et une grande expérience de la vie, qu’elle me transmet chaque jour, et j’essaye d’appliquer ses conseils à la lettre. Mais c’est parfois difficile, et chaque jour avec elle est une sorte d’épreuve, un parcours du combattant où je ferais n’importe quoi pour ne pas la décevoir.

Je la suis lorsqu'elle m’entraîne vers les falaises. Alors, le vent dans ma fourrure, le sol froid sous mes pattes les odeurs et les bruits qui viennent de partout : tous participent à ma joie. J’aurais préféré combattre, bien sûr, mais je suis quand même heureuse. Je m’arrête à la limite du vide et recule rapidement, sentant la queue de Séquelles du Passé sur ma truffe. J’éternue doucement puis, gênée, recule et me met en position. C’est alors que, dans un fourré, j’entends un bruit et aperçoit un petit animal à la fourrure grise cendres.

« Séquelles, Séquelles, regarde ! ». Je crie « Là ! un mulot ! »

Sans attendre sa réponse, je fonce. Je veille bien à me mettre de dos au vent, afin qu’il ne transporte pas mon odeur, me baisse, attends que le mulot s’immobilise et fonce. Mais je tombe dans le vide, perd l’équilibre et retrouve par terre, sur le dos, la patte en feu. Je baisse les yeux et me relève, inquiète de la réaction de mon mentor. J’aurais dû attendre un conseil, une réponse. Maintenant j’ai perdue une proie, et je l’ai déçue. Je m’avance à pas de loups vers elle, tête baissée, visage en feu, rougi par la honte.

« Je suis désolée… Je… »

(c) Candies

Spoiler:

Séquelles du Passé

La truffe levée au vent, je hume moi aussi l'air à la recherche d'une proie, tout en savourant ses caresses sur mon pelage. Le vent souffle fort, il pourrait emporter les odeurs et propager les bruits plus vite que prévu. Si cela peut présenter un avantage pour nous, cela peut également jouer en notre défaveur. Nous pourrons repérer nos proies plus vite cependant il en va réciproquement. La patience sera de mise aujourd'hui si nous voulons rapporter quelque chose au camp. Voilà une séance qui s'annonce forte intéressante.

La petite déborde d'énergie. Elle semble vouloir le dissimuler pourtant les signes ne trompent pas. Je vois bien que sa vraie nature cherche à reprendre le dessus, je le sais à son regard espiègle. Néanmoins, Nuage Enchanté cherche à faire des efforts et à se concentrer. Je l'observe ainsi étudier les environs, toujours affublée de cette posture qui ne manque pas de témoigner de toute la confiance qu'elle a en elle et qu'elle s'amuse à afficher d'ordinaire au camp. Bien que cela ne me plaise pas énormément, je décide toutefois de la laisser faire pour le moment. J'aurais bien du mal à lui expliquer que la confiance en soi est importante mais qu'il ne faut pas non plus en venir à se surestimer comme j'ai peur qu'elle le fasse actuellement. Ce qu'il lui faut, c'est de faire l'expérience de ce que peut entraîner un tel comportement. A se croire au-dessus de tout, on en vient parfois à faire les mauvais choix, à se précipiter en se disant que de toute façon, on y arrivera. Finalement, on en néglige la patience et l'analyse. Il ne suffit pas de foncer tête baissée pour parvenir à ses fins, que ce soit lors de parties de chasse ou en communauté. Non, il faut également réfléchir. Et visiblement, mon apprentie semble avoir oublié cette partie.

La petite est déjà loin lorsqu'elle termine se phrase, je ne cherche pas à la rattraper et me contente de l'observer silencieusement. Malgré son départ trop précité à mon goût, je trouve son approche plutôt bonne. Elle fait attention au sens du vent, sans doute également à sa position, mais je n'ai pas l’impression qu'elle se soucie réellement de sa proie : Nuage Enchanté se rassemble et bondit presque aussitôt que le petit rongeur s'immobilise. Je secoue lentement la tête. Évidemment son attaque rate et l'apprentie se vautre sur le sol lamentablement. Je m'assois alors, et attends qu'elle me rejoigne, le regard fuyant. Son défaut aura été de se montrer trop impatiente, comme lorsqu'elle s'est mise à la poursuite du mulot. J'espère que cela lui aura servi de leçon et qu'elle saura en tirer des conclusions. Aussi j'attends que la petite relève la tête pour que mon regard malicieux croise le sien. Je viens ensuite doucement presser ma truffe sur sa tête. Nuage Enchanté n'est pas bête, elle comprendra ce que je cherche à lui dire : je ne lui en veux pas d'avoir raté sa proie pour autant elle ne s'est pas conduite comme je l'aurais espéré. Désormais, il ne me reste plus qu'à lui expliquer les raisons de son échec.

Dégageant une partie de terre face à moi d'un revers de patte, je viens tracer à l'aide d'une griffe la silhouette d'un animal qui pourrait s'apparenter à un rongeur dressé sur ses pattes arrières. A côté du demi-cercle qui lui sert d'oreille, je viens tracer des petits traits pour montrer que ces dernières sont en mouvement : le rongeur est à l'affût et se méfie. Je me tapis ensuite face au schéma, dans la position du chasseur puis me fige de longues secondes tout en observant ma « proie ». En attendant aussi longtemps, je cherche à marquer le coup, à faire comprendre à la petite que j'attends simplement le bon moment. Pour appuyer davantage mon action, je fais un non de la tête puis me redresse. Suite à cela, j'érige un autre dessin aux côtés du précédent : cette fois-ci aucun trait n'est présent vers les oreilles ; l'animal ne se méfie plus. Je me remets alors dans la position du chasseur et m'empresse cette fois d'y bondir dessus. Dans ce que je pense être la conclusion de mon explication, je me redresse et barre le premier dessin puis entoure le second dans un signe approbateur. Je me retourne ensuite vers mon apprentie. Si tu avais pris plus de temps pour l'observer, tu aurais fait attention au détail des oreilles et tu n'aurais sans doute pas raté ton coup. La prochaine fois, tu patienteras davantage. Je lui adresse pour finir un large sourire bienveillant, attendant qu'elle me pose ses questions si elle en a. Sinon, je l'invite à poursuivre la chasse et à me montrer qu'elle ne refera pas deux fois la même erreur.

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