TEENAGERS SCARE THE LIVING HECK OUT OF ME
Lune 1212
Territoire du Clan de la Lune
Camp du Clan de la Lune
Ft Fruit du Dragon
Nouvelle journée.
Encore une foutue nouvelle journée, était le terme plus approprié au sein de ton esprit, Hiver. En effet, le temps passait, les jours et les nuits défilaient, et le Clan n’avait toujours pas le moindre indice ou la moindre trace de ce qu’il avait pu advenir des chatons disparus. La situation te frustrait donc au plus haut point, alors que tu n’arrivais toujours pas à expliquer comment vous aviez tous pu tomber dans le piège aussi aisément.
Forcément, une telle situation exerçait une certaine influence sur l’atmosphère générale, au camp. Tout paraissait… plus silencieux. Plus terne. Plus morose. Et la pouponnière paraissait désespérément creuse. L’atmosphère pesait sur tout le monde, de la même manière. Plus grand monde n’avait le cœur à être joyeux ou à rire, désormais.
Surtout que les derniers évènements avec le Tonnerre devaient toujours trotter dans de nombreuses têtes, et rester en travers de nombreuses gorges. La tienne en faisait évidemment partie. Tu pestais intérieurement, alors que la décision de s’allier avec le Clan du Tonnerre prise par Souvenir des Etoiles revenait hanter tes pensées. Tu ne comprenais toujours comment le meneur crème avait pu faire un tel choix.
Ils nous ont attaqué par surprise, ils ont voulu s’en prendre à notre camarade, notre chef a perdu une vie en les repoussant, et ils sont désormais censés être nos amis ? Tu riais seul, nerveusement, devant cette pensée qui te paraissait surréaliste. Dire que la plupart de tes camarades n’avaient rien trouvé à redire… Avaient-ils tous perdu l’esprit ?
Le Tonnerre paiera. Tôt ou tard, ils devront répondre de leurs actes. Mais pour l’heure, des tâches plus urgentes et plus importantes t’attendaient. Avec des solitaires kidnappeurs de chatons et aux tendances sanguinaires qui rôdaient dans les parages, il fallait s’assurer que le camp et ses alentours demeure un endroit sûr, pour tout le monde.
C’était précisément pour te confier cette tâche que Mouette Rieuse était venu te voir, il y a peu. Comme toi, le matou bicolore avait été profondément choqué lorsqu’il avait entendu la décision du meneur crème. D’une certaine manière, cela te rassurait. Mais pas le temps pour échanger des messes basses entre vous deux. Du travail plus important t’attendait. Jouer les apprentis comploteurs sera pour une autre fois.
Avant de te lancer dans cette tâche, tu t’es dit qu’un peu de renfort ne serait certainement pas de refus. D’ordinaire, tu étais plutôt du genre « loup solitaire », mais en cas de mauvaise rencontre, une paire de pattes en plus pourrait s’avérer bien utile. Et qui sait, tu pourrais peut-être même te mettre à sociabiliser avec l’heureux élu…
Oui mais voilà : avec la plupart des membres du Clan mobilisés ici et ailleurs pour diverses missions, ton choix allait être plutôt limité. La tanière des guerriers te semblait même bien vide. Mais en la balayant du regard, tu as aperçu une fourrure familière. Fruit du Dragon.
Le guerrier était un peu plus jeune que toi, mais vous aviez tout de même passé une partie de votre apprentissage ensemble. Même si vous n’aviez jamais été excessivement proches…Vos divergences de caractères étaient alors un peu trop prononcées à ton goût. Mais, peut-être était-ce un signe que vos liens pouvaient être renoués ? Tu as donc jeté ton dévolu sur le félin au pelage noir et blanc.
Alors que tu t’approchais du jeune félin, celui-ci restait immobile. Sûrement était-il assoupi. Ou perdu dans ses pensées. Qu’importe. Tu lui as adressé un très léger coup de patte, juste suffisant pour obtenir son attention :
- « Fruit du Dragon ? »Après une légère pause pour donner à ton camarade le temps de se concentrer sur toi, tu as continué :
- « Il faut que j’aille patrouiller aux alentours du camp, pour assurer sa sécurité et découvrir la présence d’intrus potentiels. Ordre de Mouette Rieuse. Tu pourrais venir avec moi ? » La dernière partie de ta phrase sonnait plus comme une affirmation que comme une vraie question, mais peu importe. Le connaissant, tu te disais qu’il y avait peu de chances pour qu’il refuse. C’était là une de ses grandes qualités. Pour s’assurer de son soutien, tu as tout de même rajouté :
- « Rejoins-moi à l’entrée du camp quand tu seras prêt. »Puis tu es parti à l’endroit désigné d’un pas décidé, dans l’attente de ton camarade exceptionnel de patrouille.