Le souvenir, c'est la présence invisible || Ft : Ardeur des Nuages

Soupirant doucement, (histoire de pas réveiller les autres, même si dans le fond, un bon vieux regard noir en coin dirigé vers lui aurait eu autant d’effet qu’un coup de patte dans l’eau) le félin aux poils longs changea une nouvelle fois de position. Dans l’espoir d’interrompre ne serait-ce qu’une minute le fil de ses pensées afin de pouvoir s’endormir, probablement. Efficace ? Visiblement, absolument pas. Ses paupières s’ouvrirent, dévoilant des yeux ambrés plus assombris qu’en temps normal. L’obscurité ? Ouais bien sûr, mais aussi le souci, et la fatigue. Il avait besoin de sommeil, et pas moyen de s’arrêter de penser. Encore et toujours, ce même questionnement venait occasionnellement le hanter à la nuit tombée : Et si mes frères et sœurs n’avaient pas étés pris par la meute ? S’ils étaient encore vivants, quelque part ? Serait-il possible qu’ils soient toujours à Cerfblanc ? Puis, le point culminant de la torture psychologique : A…. A quoi ressemblaient-ils déjà ? Et… Combien étaient-ils !? Dent de Sabre n’en était même plus sûr… Trop jeune à l’époque. Et trop vieux aujourd’hui pour trouver quelqu’un dont la mémoire antérieure pourrait lever le voile sur ce mystère. Plus il s’efforçait de former mentalement le portrait de ses frères sœurs disparus, moins il y parvenait. Et toujours, cette morsure froide à l’intérieur de sa cage thoracique.

Soufflant de façon plus apaisée cette fois-ci, presque dans une forme d’acception, il se redressa sans bruit pour sortir du camp, ombre mouvante parmi la nuit. De la même manière que lors de ses virées nocturnes précédentes, le matou évoluait à une allure plus marquée que d’ordinaire. Comme si, plus il approchait de son but, plus le besoin d’y parvenir se faisait ressentir. Ce qui était le cas : à chaque foulée, le guerrier sombre surprenait l’accélération de son rythme cardiaque. D’autres que lui, plus terre à terre et à même de poser des mots sur le mystère qu’étaient les sentiments aux yeux de Sabre, auraient résumé la situation sous un mot unique et simple : l’angoisse. Après plusieurs minutes d’escapade, Dent de Sabre avait rejoint le champ de fougères. Pressant davantage la cadence, véritable fantôme glissant entre les végétaux, il arriva finalement à destination. Le tronc d’un chêne, autrefois massif, gisait sur le sol. Autour, les fougères étaient étrangement petites, à peine plus hautes que ses épaules.

Bondissant sur le haut tronc à moitié couvert de mousse, et atterrissant de façon un peu lourde, le guerrier s’assit, levant le museau en direction de la lune argentée, reine absolue du paysage qu’elle éclairait par endroits. Là, il fit le plein d’air dans ses poumons. Ce lieu, il le fréquentait régulièrement. Comme… Un pèlerinage. Et maintenant qu’il était là, plus rien ne pourrait le troubl… Ses yeux d’ambre s’agrandirent, et sur le coup d’un sentiment proche de la colère, son échine se hérissa. « Qu’est-ce que tu fiches ici petite fouine ? » lança-t-il, sévère, sans se retourner. Nulle doute que la petite femelle allait lui renvoyer une réplique démontrant tout l’aplomb qu’elle possédait. Sa fourrure retomba peu à peu. Après tout, il ne pouvait pas lui en vouloir. Il n’avait même pas prêté attention à son environnement en venant jusqu’ici, sans quoi, il aurait certainement débusqué l’apprentie plus tôt, et lui aurait sommé de rentrer immédiatement au camp. Mais Sabre s’était laissé aller un instant, et il était trop tard. Ses oreilles papillonnèrent, trahissant son agacement. Ça semblait foutu pour se recueillir, désormais. Légèrement radouci, il ajouta « T’as trente secondes pour monter seule sur ce tronc. Sans ça, je t’escorte jusqu’au clan, et terminé la sortie nocturne. » Battant l’air d’un mouvement sec de queue, il lança le compte à rebours muet.

Le souvenir, c'est la présence invisible || Ft : Ardeur des Nuages Yliw

Des bouts de mousse s’envolent autour d’elle tandis qu’elle s’agite, se retournant une énième fois dans sa litière et soupirant avec frustration lorsqu’elle se retrouve coincée près d’un autre corps que le sien. Pourquoi cet imbécile d’apprenti avait-il besoin de se placer si près d’elle pour dormir ? Il faisait assez chaud comme ça. La sensation de leurs deux fourrures en contact à chacun de ses mouvements lui hérisse le poil. Elle n’a aucun problème avec les contacts physiques en temps normal, elle allait même les chercher parfois pendant la journée, lorsqu’elle s’en sent d’humeur. Cette sensation de se sentir appréciée voire plus était plaisante. Mais là, au milieu de cette nuit d’été, c’était juste saoulant. Elle n’avait rien demandé elle en plus. Il s’était juste permis de s’approprier son espace vital comme si de rien n’était. D’un coup de patte, elle tente de le repousser un peu plus loin, ignorant royalement le grognement endormi qu’il émet en roulant sur le côté. Une fois débarrassée de cette gêne, elle referma les yeux, se concentrant sur sa respiration pour tenter d’appeler le sommeil à elle. Elle était de corvée de mousse à l’aube, et savait qu’elle allait très fortement se faire tirer les oreilles si elle ne se levait pas à temps. Devoir passer plusieurs journées entières à s’occuper des tiques des anciens n’était pas vraiment une des perspectives les plus réjouissantes, mais c’est bien ce qui risquait de lui arriver si elle manquait à son devoir. Dormir…. Dormir… Il lui suffisait de dorm… Elle se redressa d’un seul coup. Est-ce que c’était une blague ? Des ronflements sourds venaient de s’élever de l’autre côté de la tanière. Dans ces conditions, dormir devenait un véritable défi pour Ardeur des Nuages, qui n’était déjà pas vraiment dans les meilleures prédispositions pour tomber dans le monde des rêves.

La petite apprentie multicolore s’étira soigneusement en arrivant au centre du camp. Bon, où allait-elle donc s’installer pour la nuit ? Aller près du ruisseau lui apporterait peut-être une fraîcheur bienvenue… Soudain, ses oreilles se font attentives. Un bruissement près de l’entrée vient de se faire entendre. Est-ce que quelqu’un d’autre est également debout ?

C’est tout d’abord la curiosité qui mène Ardeur des Nuages à se couler comme une ombre au dehors. Tous les sens aux aguets, elle ne met pas longtemps, en tendant l’oreille, à en effet percevoir le son de pas. Elle suit ces sons, c’est un mâle assurément qui la précède, elle le comprend à la lourdeur des pas. Puis, reconnaissant la silhouette à la lumière d’un rayon de lune, un sourire se dessine sur ses lèvres. La simple sortie nocturne se transforme maintenant en mission, et cette mission a un but très simple : que fait Dent de Sabre a une heure pareille de la nuit ? L’apprentie espiègle se prend très vite au jeu, se glissant dans la peau d’un membre de l’escadron aguerri. Ventre au ras du sol, la queue droite, chaque pas est pensé et silencieux Du moins c’est ce qu’elle se laisse croire. Mais le guerrier au pelage sombre ne cesse d’accélérer la cadence, et bientôt elle peine à le suivre. Il lui suffirait d’être un peu attentif pour se rendre compte de la présence qui le talonne.

Lorsque enfin le vétéran s’arrête, Ardeur des Nuages remercie le ciel et en profite pour souffler avant de regarder autour d’elle. Le champ de fougères ? Elle doit se tapir au sol pour s’assurer que l’autre ne puisse pas la voir tandis qu’il grimpe dans un chêne, et s’efforce de calmer sa respiration afin de ne pas se faire entendr…. Trop tard à priori. Dent de Sabre vient de la remarquer et ne paraît pas franchement ravi de sa présence d’ailleurs. Oups.

L’apprentie guerrière se mordit les lèvres avant d’oser relever la tête. Elle avait autant le droit d’être là que lui d’abord. Bon d’accord, le suivre comme elle l’avait fait n’était sans doute pas la chose la plus honnête du monde, mais être aussi fâché pour quelque chose comme ça… Boudeuse, elle se releva en faisant la moue. Elle n’avait pas souvent l’occasion d’être seule ainsi avec le guerrier, est-ce qu’il devait vraiment l’accueillir comme ça ? Profitant du fait qu’il était tourné, elle le fusilla du regard. Elle lui en voulait à présent, mais n’eut pas le temps de le lui faire savoir avant qu’il ne lui lance le défi. Quoi, que voulait-il à présent ? Il était sérieux ?

« Eeeh pour qui tu me prends ? C’est beaucoup trop facile ton truc là- attends tu comptes vraiment ? Tu préviens même pas ! C’est pas du jeu ! »

Déjà presque 10 secondes s’étaient écoulées à présent. Le temps était précieux, et la femelle n’en avait plus à dépenser en hésitation. Elle se jeta presque sur le tronc qui faisait bien le double de sa taille, mais sa précipitation la fit rater son coup. Elle se rattrapa tant bien que mal du bout des griffes avant de finalement se propulser pour réussir à atterrir auprès de Dent de Sabre. Revigorée par cette victoire, elle avait à présent repris contenance.

« Pff, la nuit a un drôle d’effet sur toi… A moins que ce soit la vieillesse ? On dit que tous les chats deviennent aigris avec l’âge, il suffit de voir les anciens… Tu ne crois pas qu’il faudrait commencer à songer à les rejoindre ? »

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En cette nuit chaude, le vétéran de l'Ombre avait été dérangé par des pensées parasites. Elles n'étaient pas récentes, loin de là... Mais leur survenue plongeait irremédiablement Dent de Sabre dans des tourments nocturnes qui l'empêchaient de trouver le sommeil. Comme il en avait l'habitude dans ces moments là, le guerrier s'était glissé hors du camp, et avait filé droit vers son lieu de pélerinage, comme il l'appelait mentalement. Aussi paisible qu'apaisant, le champ de fougères lui servait en effet d'endroit de recueillement. Prières muettes, pensées chagrines, amertumes liées au passé... Oui, le matou sombre se plaisait ici, et trouvait une sorte de réconfort qui perdurait jusqu'à la prochaine nuit d'agitation psychique. Cette fois, pourtant, serait différente. Tout hâtif qu'il avait été lors du trajet, il n'avait pas perçu la présence d'une apprentie particulière : Ardeur des Nuages.

Quand il l'avait détectée, il était déjà trop tard. Juché sur son tronc à l'agonie, Sabre était frustré de ne pas pouvoir épancher ses tourments à la lune d'argent, dans la solitude la plus parfaite. Puis, après avoir froidement saluée l'intruse, il lui avait lancé un défi, ce qui lui donnait également le temps de se calmer. Après tout, il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même. Le craquement de l'écorce fatiguée sous les petites griffes déjà acérées de l'apprentie se fit entendre, et une fraction de seconde plus tard, la minette était à ses côtés. Comme il pouvait s'y attendre, elle lui lança une remarque acerbe. Loin de s'offusquer du caractère bien trempé de la jeune chatte, il se contenta de secouer doucement la tête en l'avisant. « Pas du temps que tu seras apprentie. J'aurais bien trop peur que tu ne caches des ronces dans la mousse ma litière. »

Relevant la tête pour admirer le nâcre grisâtre de l'astre lunaire, il inspira doucement après quelques minutes d'oservation silencieuse. « Tu n'as pas réussi à trouver le sommeil ? Je devrais peut être signaler à ta mentor qu'elle ne te fais pas travailler assez dur. » Connaissant la femelle chargée de la formation d'Ardeur des Nuages, il était clair que c'était quasiment le contraire. Néanmoins, ça permettrait au matou de voir si la rouquine appréciait la guerrière. Il n'en doutait guère, au vu de leurs caractères respectifs. Étoile de Jais avait encore fait un excellent choix. Faisant crisser ses griffes sur le vieux chêne, Sabre ajouta « Dans tout les cas, j'aurais pensé que tu avais mieux à faire que me suivre en pleine nuit. »

Elle lève fièrement les yeux vers le matou, satisfaite qu’il ne puisse la renvoyer au camp. Il n’osera pas à présent. De toute façon, il n’en a pas le droit. Elle est apprentie et peut sortir comme elle le veut et surtout quand elle le veut. Ardeur des Nuages ignore bien sûr la lourde période qui aura précédé à la bataille finale dans le clan de l’ombre. Une grande partie des guerriers du clan n’ont pas pu jouir de la liberté dont elle profite à présent. Mais elle l’ignore, elle s’en fiche, elle est l’insouciance même. Elle ne veut pas entendre parler des autres. Pour le moment, ils sont seuls, Dent de Sabre et elle. Cela arrive peu souvent. Chaque fois qu’ils se croisent, il s’agit de quelques minutes à l’heure du partage au milieu de la clairière bondée, ou alors qu’Ombre Fantôme et le guerrier sombre sont dépêchés pour la même patrouille.

L’apprentie regrette de ne pas pouvoir partager plus d’instants avec le chat noir. Mais elle n’irait jamais chercher de l’attention trop explicitement, elle est bien trop fière pour cela. Alors maintenant qu’ils sont tous les deux perchés sur ce tronc, elle ne compte sûrement pas redescendre. Elle lâche un gloussement en entendant la réponse de Dent de Sabre. Pour être honnête, elle n’a absolument pas hâte qu’il rejoigne le tas d’anciens grinçants du clan de l’Ombre. Elle a l’impression que tout ce qu’ils savent faire, c’est ronchonner à longueur de journée. Soit, quelques-uns racontent parfois des histoires rigolotes… Mais tout ça, c’est pour les chatons. Si Dent de Sabre devenait un jour comme eux, cacher des ronces dans sa litière pour le forcer à bouger un peu n’était pas une mauvaise idée. Elle contient cette réponse qui lui brûle les lèvres et laisse le silence s’installer, observant pensivement son aîné qui semble totalement immergé dans la vision de la lune. L’entendra-t-il si elle parle à présent ? Elle allait ouvrir la bouche pour faire le test, poser une question comme « Dis, tu crois que le crapaud que j’ai mis dans la tanière des guerriers y a trois jours est encore vivant ? » ou quelque chose du style, mais il la devance. Cela lui vaut une moue de sa part, surtout que la conversation ne prend pas une tournure des plus amusantes. Baissant les yeux, elle râle tout en trifouillant de sa patte un pic de bois qui ressort des veines noueuses du vieux tronc. Elle soupire comme si elle portait le poids du monde sur ses épaules.

« Ça se voit que tu ne dors pas dans la tanière des apprentis toi. Il fait trop chaud et les autres sont saoulant… Et ne me parle pas d’Ombre Fantôme ! Je dois me préparer à partir en entraînements à toute heure, même parfois en pleine nuit ! Je suis sûre que je travaille au moins trois fois plus que les autres apprentis. »

Bon, d’accord. Elle exagère sûrement un peu. Beaucoup, peut-être. Mais c’est vrai qu’elle travaille dur. Les entraînements de combat, qui ne consistaient auparavant qu’à prendre les coups et essayer de les porter sans succès se font de plus en plus équilibrés. Elle ramène de temps en temps des proies sur le tas, toute seule, sans avoir besoin des conseils de sa mentor. Sous son pelage fourni, on peut distinguer des muscles inexistants quelques lunes auparavant. Elle a grandi, ses traits enfantins se sont à présents estompés. Elle est la plus vieilles des apprentis, avec Nuage de Rose la talonnant de près. Mettez là dans un groupe de guerriers, et si elle ne parle pas trop elle passera inaperçu. Elle pense à son baptême à présent. Quand passera-t-elle guerrière ? Si ça se trouve, Ombre en a déjà parlé avec Étoile de Jais. Il faudra qu’elle pense à la harceler de questions. Elle sourit, dans l’attente de ce moment excitant. Elle va lui prouver, à Dent de Sabre, qu’elle travaille dur. Avec un petit sourire en coin qui pourrait permettre d’anticiper son action, elle se jette sur lui sans prévenir, griffes rentrées, tentant de le faire basculer sur le tronc, l'espace réduit ne lui proposant pas d'autres solutions que d'utiliser la force.

Elle se rappelle après ce petit jeu qu’elle n’a pas répondu à la deuxième remarque du matou. Elle s’est assez expliquée, mais lui ?

« Bon, et toi alors ? Tu avais un rendez-vous amoureux prévu avec ton amie la lune ici ce soir ? »

Elle bat des cils, le regard moqueur.

HORS RP:

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En tête-à-tête -ou côte à côte ?- imprévu avec Ardeur des Nuages par une nuit encore chaud, Sabre voyait la tournure de sa soirée changer à vue d'oeil. Après s'être fait traquer dans les règles de l'art par la jeune femelle, il lui avait lancé un défi, plus pour prendre le temps de s'apaiser (ouais, vexé, il l'était) que par réel enjeu. L'apprentie était plus proche de son baptême que de ses débuts de formation. Certes, le tronc du chêne était haut, mais pas assez pour dérouter une féline aussi vigoureuse que la jeune ombreuse. Un peu perturbé par la présence d'Ardeur des Nuages, qu'il n'avait finalement pas l'habitude de cotoyer seul à seule, le silence était le troisième invité de la soirée. Après tout, il n'avait pas fait le chemin jusqu'ici pour jauger une énième fois le caractère explosif de la petite. Le guerrier évoqua tout de même la formation de sa cadette, et esquissa un demi sourire associé à un soufflement de nez à la réponse de cette dernière.

« Oh oui, au moins. Si ce n'est pas quatre ! »

Ceci dit, il ne doutait aucunement de la nature impitoyable d'Ombre Fantôme en qualité de mentor. Juste et expérimentée. Mais probablement stricte et infatigable quand il s'agissait de former la jeune chatte. C'est ce qu'il fallait pour la canalyser, de toute façon. Promise à un avenir brillant de guerrière, Ardeur des Nuages aurait débordé tout mentor un peu trop permissif et serait très rapidement venu à bout de sa patience. Alors que Dent de Sabre se demandait -encore une fois- si lui même aurait eu assez de calme pour se charger de l'apprentissage de la femelle tricolore, il se retrouva soudainement versé sur le côté. Peu rapide, mais massif, le vétéran plaqua l'une de ses pattes avant sur le tronc afin d'éviter de se retrouver totalement couché. Un moment surpris par le gain de force rapide de la petite teigne, il se redressa d'un bloc par la force, faisant faire un écart mesuré à sa tortionnaire aux yeux clairs.

Visiblement ravie de sa réussite, elle arbore son regard étincelant, celui là même ou brille cette attitude de "je t'ai eu, vieille carcasse hihi !". Si elle était fière, il l'était tout autant. Par une charge simple -et rapide !- elle l'avait déstabilisé aussi facilement qu'un homologue guerrier l'aurait fait. En était-elle venue à l'aube de sa vie de chasseuse...? Le temps passait donc aussi vite, ou la formation d'Hymne des Ombres était-elle aussi efficace que les histoires de blaireaux pour effrayer les chatons ? Plissant des yeux à une raillerie de la part de sa compagne de sortie nocturne, il découvrit ses crocs dans un feulement faussement vexé avant de lisser son pelage ébourriffé par l'assaut de l'apprentie.

« Je te donnes une raison de te moquer, surtout. Les souvenirs de Cerfblanc me hantent, cette nuit. J'espérais trouver un peu de calme pour m'apaiser, ici. Je viens régulièrement sur ce tronc. » Baissant le regard sur ses grosses pattes, il reprit assez vite « C'était sans compter sur une espionne de mon propre clan ! » Railla-t-il « Même si je dois avouer qu'à part me donner de quoi démêler une énième fois mon pelage, ta nature de petite peste me change tout autant les idées qu'un tête à tête muet avec "mon amoureuse" » termina Sabre en désignant la lune d'un mouvement de queue.

Anticipant le réflexe qu'aurait probablement Ardeur des Nuages à regarder la lune à son tour, il se pencha pour lui donner un coup mesuré de nez sous le ventre, afin de la projeter assez pour qu'elle atterrisse peut être en bas du tronc. Adoptant une posture stable comme il l'aurait fait dans un combat, signifiant qu'il était prêt à riposter, voilà que le vétéran se prêtait au jeu. Après tout, ni lui ni elle ne semblait prêt à dormir. Et à l'attaque précédente, le matou s'avérait curieux de constater les progrès de sa cadette... Rien de tel qu'un peu de provocation pour attiser le volcan qu'était déjà naturellement l'apprentie :

« Si je te disais qu'on à discuté de ton futur baptême, avec Ombre Fantôme et Étoile de Jais ? J'ai même proposé un nom tout à fait adapté : Ardeur de la Chenille ! » Étouffant un rire à sa propre pique, il se tint cependant prêt à une riposte imminente.

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❝ You know that all my life
They try to keep me down but I just get higher ❞

Elle est plus que satisfaite que la surprise ait son effet et que le mâle imposant bascule sous son poids. Sa victoire est rapide, un instant avant que le guerrier ne reprenne ses esprits et la repousse en se redressant d’un bond vif. Elle n’en a que faire, un sourire bravache est déjà plaqué sur son visage, s’étendant jusqu’à ses oreilles. Elle a gagné et le lui fait bien comprendre. Le feulement de son adversaire n’a aucun autre effet que celui de la faire ricaner.

Cette victoire lui apporte aussi des souvenirs. Ceux d’un passé lointain pour elle, qui doivent paraître bien proche pour lui. Elle se revoit chaton, si petite et déjà reine du monde. Dent de Sabre dans la pouponnière, elle ne s’était pas demandé ce qu’il faisait là. Tous les autres chatons attendaient avec impatience le moment ou leurs pères revenaient d’une partie de chasse, leur ramenant une proie en gage d’amour. Ils se faisaient ensuite souvent de leurs paternels des camarades de jeu. Son camarade de jeu à elle, c’était Dent de Sabre. Elle se rappelle les instants où escalader son épaule était une épreuve, et lorsqu’elle arrivait à mordiller son oreille, cela signifiait qu’elle avait gagné le gros lot. Si lui n’a pas grandi, elle si. L’époque des jeux est-elle vraiment révolue ? Jusqu’à maintenant, elle s’est toujours précipitée aussi vite qu’elle le pouvait vers l’instant ou elle deviendrait enfin guerrière, une grande, qu’on respecte et admire. Elle croque la vie à pleine dents sans compter les lunes qui la sépare chacune un peu plus de son enfance. Elle a hâte de pouvoir épauler sa mère et la nourrir. Elle a hâte d’avoir un apprenti et de pouvoir à son tour transmettre ses qualités. Mais savoir que le temps ou elle pouvait se comporter comme une enfant avec le vétéran sombre est terminé apporte un trouble dans son cœur qu’elle s’efforce de cacher.

Dent de Sabre paraît également plus nostalgique d’un coup, pour un temps en tout cas. Des souvenirs de Cerfblanc ? Ardeur des Nuages connaît cet endroit de nom seulement. Sa mère a vécu tout sa vie au même endroit avant de rencontrer par miracle les clans après sa mise à bas compliquée. Elle a du mal à imaginer une vie de clan ailleurs qu’à Valeemar. Est-ce qu’un autre monde peut vraiment exister ? A quoi ressemblait-il ? Ces questions lui brûlent la langue à présent, mais elle les ravale devant l’enthousiasme qu’a son aîné pour la rembarrer. Elle fait la moue devant ses paroles et suit sa queue du regard, dirigeant ses yeux vers l’astre lunaire, l’amoureuse du guerrier. En y pensant, a-t-il une compagne ? C’est à cette question qu’elle songe à présent lorsqu’elle bascule tout à coup vers le sol, atterrissant sur le tapis de fougère sans la moindre douceur. Surprise, elle se relève d’un bond et s’ébroue pour faire tomber sans succès les brindilles qu’elle a maintenant entremêlées à son pelage rendu hirsute par son agitation. C’est à son tour de feuler, mais son sourire peut s’entendre dans ce feulement, car voilà les instants qu’elle pensait regretter avec le guerrier, peut-être seront-ils encore possibles après tout. Le nom d’Ardeur de la Chenille lui arracherait presque un gloussement également, mais la concentration prend le dessus et forte de l’élan qu’elle peut prendre depuis le sol, elle se jette sur le tronc et sans s’arrêter tente de faire basculer le guerrier au sol à son tour, se laissant entraîner avec lui. La féline se prépare en même temps à bondir en arrière le plus vite possible lorsqu’ils atterriront, car si elle n’y arrive pas le guerrier aura tôt fait de la coincer sous son poids…

Hors Rp:

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Le temps avait un pouvoir tel qu'il surpassait probablement le mystère de la vie. Bien que les deux soient étroitement liés, lequel des deux méritait réellement qu'on s'interroge à son sujet ? Si l'existence engendrait de nombreuses interrogations, qui venaient s'insinuer dans l'esprit de chaque chat au cours de sa vie, elles restaient les mêmes, et n'attendaient que des réponses quasi similaires. Pourquoi, pourquoi je suis ? Pourquoi mes pas sillonent-ils cette forêt, ce marécage ? Pourquoi chasser, pourquoi se réunir avec d'autres félins, tout les mois ? Pourquoi obéir, pourquoi enseigner, pourquoi veiller ? Pour le clan. C'est du moins l'unique réponse que Dent de Sabre pouvait formuler. Le clan, l'avenir de celui-ci. Tout le monde avait un rôle à jouer pour permettre un équilibre à l'ensemble du groupe. Alors venait le paramètre temporel. Le futur.

Les prunelles agrandies par l'environnement sombre, mais également par le jeu auquel le vétéran s'adonnait avec Ardeur des Nuages, il illustrait inconsciemment ces réflexions. Le futur. En la jeune chatte resplendissante de vie, c'est ce qu'il percevait sans le savoir. Si lui voyait en elle l'éternelle petite boule de poils hirsute qui s'appliquait à lui assemer des coups de dents à l'oreille lors de ses retours d'expédition, il se rendrait bientôt à l'évidence : le temps avait fait son effet, et elle était désormais aussi forte et féroce que lui. La fusée tricolore qui le fait basculer du tronc en est d'ailleurs bel et bien la preuve. Lorsque le mâle saisit l'opportunité de bondir à son tour sur la féline pour la plaquer au sol, ses grosses pattes heurtent le tapis végétal sans aucun ménagement. Ayant anticipé l'assaut avant même de lui sauter dessus, l'apprentie est déjà hors de portée. Se rétablissant bien droit sur ses appuis, les yeux d'ambres du guerrier luisent d'une fierté difficilement dissimulable. Est-ce donc là la petite chatonne ébourrifée qui s'évertuait à grimper sur son échine comme si celà représentait un réel enjeu de vie ou de mort...?

S'ébrouant pour éclaircir ses pensées et éviter d'incarner le vieux chat qu'elle aimait tant railler, Dent de Sabre plissa les yeux, lâchant un grognement faussement vexé. « Pff. Ma vieille carcasse n'a donc plus sa chance contre la vigueur de la jeunesse ! » Comme l'effet de surprise avait fonctionné quelques secondes auparavant, le vétéran préféra relancer la discussion. Qui sait, peut être pourrait-il encore la surprendre d'ici un petit laps de temps...? Se tenant mine de rien sur ses gardes, il poursuivit : « Ma suggestion n'a pas eu l'air de te plaire... » à cet instant, il aurait voulu lui demander si elle avait des idées ou un nom rêvé. Peut-être que sa mère aurait des suggestions, elle aussi ? L'image de l'arrivée des deux chattes au camp de l'Ombre lui remonta en tête aussi soudainement qu'un vol de jeunes mésanges. Dire que les deux avaient un passif si douloureux. la petite Pomme qui se tenait fièrement devant lui, avait fait tellement de chemin depuis son arrivée !!!

Alors qu'il était connu pour être proche des nouveaux nés, Dent de Sabre évitait presque soigneusement le coin réservé aux anciens. Ce qui était problématique dans le cas de la future guerrière, puisque sa mère s'était retirée de la vie de chasse et autres depuis un temps maintenant. Il était peut être étrange d'aborder le sujet maintenant, mais après tout, cette soirée d'échanges improvisée laissait suggérer que l'heure était pour une fois ouverte aux discussions franches, non ? Inclinant légèrement la tête sur le côté, il miaula, interrogatif : « Comment se porte ta mère ? Elle doit être extrêmement fière de toi, j'imagine ? Surtout si tu passes sous silence tes petites bêtises et ne lui rapporte que le meilleur ! Je devrais lui rendre visite, un de ces jours... J'ai bien peur que les anciens encore plus vieux jeu que moi ne tendent à lui envoyer quelques piques sans vergognes ! »

HRP:

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Spoiler:

Le monde tourne un instant alors qu’ils basculent, boule hirsute dans laquelle on ne saurait séparer l’apprentie colorée du grand guerrier sombre. Dans ces instants, la vision est brouillée, et les odeurs de fougères ne préviennent pas avant de l’assaillir lorsqu’ils roulent au sol. Mais elle est préparée, et elle sait avec précisions quels gestes elle doit effectuer à quel moment. Grâce à l’entraînement intensif d’Ombre Fantôme, elle est réglée à la seconde près. Lorsque le vétéran tente de prendre sa revanche, elle a déjà roulé plus loin, et se relève en faisant volte-face, prête à faire face au prochain assaut. C’est un jeu bien sûr, mais c’est aussi une histoire de fierté pour elle à cet instant. Elle n’est pas Ardeur de la Chenille, et elle veut qu’il le voie, le comprenne. Elle n’imagine même pas combien de batailles il a pu mener. Mais elle sait seulement qu’elle aussi veut pouvoir se battre à ses côtés. Elle aussi veut devenir une guerrière digne du Clan de l’Ombre, ce clan qui est sa maison malgré ce qu’elle peut en dire ou en penser. Mais elle y a grandi, et le clan fut présent à chaque instant de sa vie. Elle attend son baptême à présent. Elle sera ensuite une guerrière à part entière.

Elle s’assoit lorsqu’elle est bien sûre que le jeu est fini, et qu’elle voit cette lueur décontenancée mais fière dans les yeux du plus âgé. Elle a réussi son coup, et elle n’en est pas peu contente. C’est la tête haute qu’elle répond.

« Je ne suis pas… non, je ne suis plus une chenille. Les chenilles finissent toujours par se transformer en papillon, tu sais ? Je pensais quand même qu'à ton âge, on devait connaître ce genre de choses... »

Elle blague, mais à moitié seulement. Elle espère mériter mieux qu’une chenille. Elle a la tête emplie de rêves de grandeurs, oh pas d’ambition d’un meilleur rang non, avoir la responsabilité d’autrui elle sait que ce n’est pas pour elle. Mais elle rêve d’admiration, de reconnaissance. D’un monde parfait dans lequel elle ne craindrait plus rien ni personne, dans lequel elle n’aurait besoin ni de la protection d’une mère, ni de celle d’un clan. Des rêves de jeunes, dira-t-on. De liberté, d’amours, et de tant d’autres choses abstraites qui se dérobent encore à la compréhension de son esprit. Elle se refuse à être seulement une chenille, elle veut s’envoler.

Elle sourit à son tour à la mention de Nuala. Oui, sa vieille mère a sa place attitrée dans la tanière des anciens, et même si elle ne résiste parfois pas à une sortie à l’air frais, elle passe le plus clair de son temps dans le camp. Elle qui avait toujours vécu une vie de solitaire, elle semblait se réanimer en échangeant des potins et autres discussions avec les ombreux. Elle est une fleur fanée, rouverte comme par miracle avec une nouvelle année. Elle profite d’une nouvelle vie. La vieille féline suit de loin les progrès de sa fille, mais elle a bien du mal à accepter que sa toute petite soit presque guerrière. Si jeune et si grande déjà… Ardeur des Nuages a bien du mal à supporter les attentions trop protectrices de sa mère.

« Fière… J’aimerais bien qu’elle le soit un peu plus. Mais tout ce qu’elle sait faire, c’est me répéter que je ne suis qu’une enfant et qu’il faut faire attention à ci et ça. Comme si je n’étais pas capable de me débrouiller toute seule, de savoir ce qui est bien pour moi. »

Elle triture une brindille de sa patte en bougonnant. Mais cette discussion un peu différente de ce à quoi elle est habituée l’amène à se poser à son tour des questions sur Dent de Sabre. Lui s’est toujours montré attentif à elle, et d’aussi loin qu’elle s’en souvienne, il avait été depuis le début l’un des guerriers qu’elle savait pouvoir embêter sans s’attirer de problèmes. Et elle l’appréciait vraiment, franchement, comme elle aurait apprécié naturellement quelqu’un de sa famille. Il fait partie de son paysage, et son absence laisserait un trou dans sa vie. Mais lui ? Il a eu une vie avant qu’elle ne soit là. Elle se demande d’un coup pourquoi il se lie aussi facilement avec les chatons, en a-t-il déjà eu ? Elle hésite un instant encore, délaissant la brindille pour de la mousse rêche poussant sur le bois mort, et prenant un air désintéressé avant de se lancer.

« Tu parlais tout à l’heure de souvenirs de Cerfblanc. Tu penses à quelque chose de particulier ce soir ? »

Elle n’a jamais su faire dans la dentelle, elle est plutôt du genre à mettre les deux pattes dans le plat, et se rendre compte ensuite que c’était une grosse bêtise.

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Ce matin encore, le vétéran avait aperçu Ardeur des Nuages, trottinant derrière Ombre Fantôme, quitter le camp. Le fait que leurs silhouettes n'aient plus de réelles différences en terme de taille ne l'avait alors pas interpellé. A ce moment là, Dent de Sabre avait dû plisser les yeux, et s'était promis de s'entretenir cinq minutes avec le volcan tricolore en fin de journée, histoire de renvoyer des piques à ses railleries, lever les yeux au ciel à ses ambitions démesurées, ou hausser un sourcil perplexe à ses fanfaronnades.

Seulement voilà. Le tête à tête nocturne qui se tenait entre les deux félins n'avait rien d'habituel. Au moins, il fallait reconnaître que Dent de Sabre avait cessé de se tourmenter avec les souvenirs à moitié laissés à Cerfblanc. Pourtant, il était maitenant accablé d'un puissant retour de réalité en travers du museau. Ardeur des Nuages était en passe de rejoindre la tanière des guerriers. Pire encore : Elle n'était plus la petite boule de poils duveteuse et hérissée. Pourtant, quand il avisait la belle féline qu'elle était devenue, il ne pouvait s'empêcher de voir la petite chatonne qui en avait après ses oreilles. Comment se faisait-il qu'il se soit autant attaché à la petite terreur..?

Si le constat du temps qui passe ouvre une brèche dans le coeur du vétéran, il n'en est pas moins fière de la machine de guerre qu'est devenue la chatte tricolore. Avisée, rapide, réfléchie, et très certainement une teigne infatiguable. Nul doute qu'elle en ferait baver au plus féroce des guerriers. Mais s'ils se cotoyaient sur le champ de bataille, supporterait-il d'observer la moindre entaille sur le doux pelage du petit démon qui, autrefois, glissait des boules de mousses dans sa fourrure afin de lui pourrir gentiment l'existence ..? De toute évidence, il n'aurait pas vraiment le choix. Souriant à la métaphore du papillon utilisée par Ardeur des Nuages, le vétéran acquiesce doucemment.

Il n'a plus à lever les yeux au ciel, ni à hausser un sourcil inquisiteur. Ardeur est d'ores et déjà un papillon, elle peut clamer ce qu'elle veut désormais, il finira par tout obtenir. Pour l'heure, un soupçon de reconnaissance maternelle lui semble enviable. Redevenue la jeune féline bougonne, Sabre ne peut s'empêcher de sourire de son tic gestuel. « Tout changeras après ton baptême, tu verras. » la rassura-t-il. « Le clan scandera ton nom, elle t'observera partir en patrouille, gagner des cicatrices de guerres, même si je ne t'en souhaite pas, peut être même... Avoir des chatons ! » Une bien étrange idée qui laissa d'ailleurs le matou songeur, mais après tout, Ardeur pouvait devenir reine et engendrer une portée, si elle le souhaitait. « Et puis bon... C'est ta mère... Elle aura toujours une attitude de reine à chaton, simplement, elle s'apprendra à la contenir du mieux possible... » Est-ce qu'il parlait un peu pour se rassurer, également ? Possible.

Étrange ambiance inédite entre les deux chats. Il aurait presque l'impression de se coacher lui même pour appréhender l'après baptême d'Ardeur, et en même temps, la sensation de solidifier presque futilement leur relation, en engageant une discussion beaucoup longue et construite qu'à l'usuelle... Si ses yeux ambrés luisaient toujours d'admiration, la tournure de la conversation fit redresser ses oreilles. Cerfblanc ? Ou était passée la fusée qui aurait préféré se frotter à un hérisson plutôt qu'entendre les vieilles histoires d'un quasi-ancien ?! L'heure était donc réellement à ce genre de confidences...? Enroulant sa queue touffue autour de ses grosses pattes une fois qu'il ait eu fini de rassembler ses idées, Sabre se lança donc, évitant de paraître trop nostalgique. Après tout, si cette partie de son passé était triste, le clan des Étoiles en avait décidé ainsi...

« Je pense sans me rappeler. Il s'agit d'un évènement, à peine ancré dans mes souvenirs, qui s'est déroulé alors que j'étais encore un chaton... » attendant une boutade en lien avec son âge, il haussa un sourcil à l'attention de l'apprentie avant d'aviser le sol. Hormis les anciens, qui d'autre avait connaissance de cet épisode ? Ses griffes, usées mais toujours tranchantes, s'appliquèrent à creuser des sillons dans la terre sombre pendant qu'il continuait. « En ce temps, un groupe nommé la Meute sévissait sur l'ensemble des terres. Ils capturaient régulièrement des chatons, que l'on ne revoyait plus par la suite. C'est ce qui s'est passé pour mes frères et soeurs. Je ne sais même plus pourquoi je n'étais pas avec eux à ce moment là... Mais je suis resté seul, à partir de ce moment-là.» Voilà une interrogation qui revennait régulièrement. S'il avait grandi avec des frères et soeurs (comme d'autres chaton ou chatonnes...!) aurait-il été différent ? Et dans son cas précis, plus ouvert et tenté d'aller vers les autres...?

Par dessus tout, il s'en voulait grandement. Comment diable était-il possible d'oublier les visages de ses congénères de portées. Il ne se souvenait même pas de leur nombre !! Ce flou était-il dû aux nombreuses lunes écoulées ou... Au fait que sa mémoire les ai subies...? Les muscles tendus par une colère auto-centrée qui allait bien évidemment se dissiper, il grogna pour lui même plus qu'autre chose « Et pas moyen de me rappeler combien ils étaient. Encore moins leurs visages. » Si Ardeur des Nuages avait grandit, il ne pouvait cependant pas se permettre de se montrer blessé ou nostalgique. Non, il était trop fier pour celà. En bon guerrier, il devait de garder une image de force, de dignité... Autant que possible.

Se redressant de toute sa hauteur, Sabre avisa la féline tricolore. Presque dans un aveu, bien qu'inconscient, il souffla « Mais j'ai toujours trouvé d'autres chatons avec qui jouer à la bagarre. » Se précipitant le plus rapidement possible sur la jeune femelle, Sabre voulait voir comment elle allait se débrouiller dans le cas ou elle se faisait coincer par un adversaire plus lourd qu'elle. S'il arrivait à la renverser grace à l'effet de surprise, elle se retrouverait plaquée au sol par ses grosses pattes, l'une au niveau des épaules, et l'autre sur le bassin, histoire d'éviter les griffes arrières... Bien qu'il mesurait sa force, le vétéran n'épargnait pas outremesure la chasseuse. En plus de le prendre mal, elle était parfaitement capable de se défendre, maintenant.

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Hors rp:

Son baptême… Elle n’en peut justement plus de l’attendre ce baptême qui ne vient pas. L’énergie qui bouillonnait en elle depuis le début de son apprentissage s’est transformée en autre chose, quelque chose de plus acéré, de tranchant, dangereux. Elle se sent guerrière au plus profond d’elle, elle se sent Ombreuse. C’est la première fois qu’elle se fait cette réflexion, et elle lui apporte une certaine surprise au plus profond d’elle-même. Mais c’est une réalité. Le clan de l’Ombre l’a forgé, lui a offert un savoir et une culture qui resteront les sien à jamais, et si un jour elle devait s’éloigner et repartir sur les chemins d’une vie plus solitaire et sauvage à laquelle elle devait être destinée, elle sait qu’une part de son passé la reliera toujours à cette forêt, ces paysages, ces camarades qui ont fait d’elle ce qu’elle est aujourd’hui. Elle reste silencieuse un instant en écoutant Dent de Sabre et en considérant tous cela, mais finit par perdre son sérieux à l’allusion de chatons. Elle, le ventre rond, couché à longueur de journée dans la pouponnière… Cette seule idée la fait éclater de rire. Décidément, qu’est ce qu’il ne fallait pas entendre. Si cela devait arriver un jour, il était certain qu’elle se ferait mettre dehors par les autres reines avant même de mettre bas, tellement qu’elle leur taperait sur les nerfs avec ses blagues à deux balles. C’est susceptible les reines, encore plus au sujet de leur progéniture, elle l’avait déjà compris au cours de quelques-unes de ses mésaventures.

Elle ne pensait pas en posant sa question s’avancer sur un terrain aussi glissant qu’elle le fait, mais elle commence à connaître Dent de Sabre et n’a pas besoin de beaucoup de temps pour comprendre qu’à cause d’elle-même, leur conversation prend une tournure inédite qu’aucun de leurs échanges n’avait encore pris. Ardeur des Nuages aime bien les histoires drôles, mais écouter les autres parler de leurs soucis c’est moins son truc. Pas par méchanceté, mais elle a en général un peu de mal à rester concentrée sur cela trop longtemps, comme si son esprit cherchait par tous les moyens à éviter quoi que ce soit qui puisse un peu miner son humeur. Aussi doit-elle s’appliquer pour rester immobile et ne pas laisser son esprit s’évader pendant que Dent de Sabre lui parle. A présent qu’il a commencé, elle est curieuse. Elle se demande ce qu’aurait pu être une vie avec des frères et sœurs, puis de les voir disparaître, les oublier. Elle n’arrive pas tellement à s’en rendre compte. Après tout pour elle, elle est enfant unique et c’est tout, l’idée ou l’envie d’avoir des frères ou sœurs de l’a jamais effleuré. Elle ne se doute pas qu’elle n’est pas née seule, qu’elle est survivante tandis qu’une autre est morte, gisant toujours sous des pommiers, sans nom ni histoire. Elle ne sait pas comment réagir, tente seulement une maladroite parole d’opposition à la tristesse apparente du plus vieux.

« Baaah, ne t’en fais pas, tu as toujours tout le clan de l’Ombre ! Et puis oui en plus je suis sûre qu’il y aura bientôt tout un nouveau stock de chatons avec lesquels tu pourras t’amuser. », fait-elle avec un grand sourire timide, consciente que son argumentaire ne pèse pas grand chose malheureusement, grand sourire qui se change immédiatement en cri surpris alors qu’elle bascule -encore une fois, décidément elle allait devoir faire une toilette très poussée- sur le sol. Et cette fois ci Dent de Sabre ne rigole pas et ne perd pas de temps, à peine a-t-elle atterri sur le sol et tente de se relever d’un bond qu’il est sur elle, et la voilà immobilisée… Si seulement elle avait dit son dernier mot. Mais ce n’est pas le cas, et en cas de combat Ardeur des Nuages ne compte pas s’avouer vaincue dès qu’un adversaire un peu plus lourd arrive à l’attraper. Il a immobilisé ses pattes arrière ? Eh bien soit, elle se tortille et dégage tant bien que mal ses pattes avant, les dirigeants immédiatement vers le museau du guerrier sombre. Lors d’un vrai combat, un guerrier un peu sensé se dépêcherait de s’ôter de là avant de se retrouver avec un œil en moins, car il n’est pas encore né le premier qui arriverait à la calmer après un tel affront ! Bon, là c’est Dent de Sabre, elle range donc ses griffes et se contente d’abattre ses pattes telle une furie sur sa mâchoire en évitant ses yeux, mais ne se gêne pas pour lui feuler dessus, il ne faut pas abuser quand même.

« Ôtes toi de là oui ?! T’es trop lourd, je peux même plus respirer avec ta grosse carcasse. »

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Sans trop qu'il sache pourquoi, le vétéran s'était un peu trop confiée à l'apprentie. Il connaissait Ardeur des Nuages pourtant. Toujours prête à se bagarrer en cas d'affront, à lacer des regards mauvais à quiconque osait lui tenir tête... Un vrai petit caractère. Et surtout, la jeune féline n'était pas du genre à se torturer l'esprit avec des sujets déplaisants. Du moins, pas les assauts nostalgiques d'un guerrier plus proche de la tanière des anciens que de la pleine fougue de son âge... Dent de Sabre s'était cependant ravisé. Il était venu ici pour se recueillir seul, et l'apprentie tricolore l'avait pistée. De fait, il ne pouvait se montrer faible ou appprochant la sensiblerie de la vieillesse devant l'électrique Ardeur des Nuages... Le fait qu'elle tente à se manière de parer à sa baisse de moral le dérangeait à vrai dire. Même si au fond, il était touché par les efforts qu'elle avait dû faire pour ne pas lui rire au nez, il se devait de rester aussi impassible que la légendaire Étoile de Nuit. Peut être que la meneuse aurait perdu son sang-froid, si le destin lui avait amené Ardeur en son clan ? Oh, guerrier disparus, vous avez donné bien du courage et de la patience à Ombre Fantôme !

Le petit rappel à l'ordre inconscient de la jeune ombreuse lui avait comme appliqué du beaume de pavot sur le coeur. Aussi, le grand gamin qu'il était toujours un peu n'avait pas mis longtemps à refaire surface... Et voilà qu'un énième affrontement factice avait opposé les deux félins ! Profitant de sa lourde ossature pour avoir le dessus sur la féroce minette, Sabre eu la surprise d'encaisser de bons coups de pattes dans le museau ! Heureusement que celui-ci était solide, et que les griffes tranchantes étaient restées rentrées, sinon, il aurait eu une tête de pissenlit blanc pour le restant de ses jours. Le vétéran rouvrit prudemment un oeil ambré pour entrevoir le minois furieux de l'apprenti qui lui feulait dessus. Passé la surprise, il se redressa -n'ignorant pas ressembler à présent à un porc-épic poussiéreux- et s'ébroua avant de passer une de ses grosses pattes sur son épais museau. « Tu frappes fort, t'es une vraie terreur maintenant ! Sûr, j'aimerais pas te faire face en combat réel, je me serais retrouvé tailladé en pièces a tel point que je n'en serais pas ressorti plus gros que Présage des Rats ! »

Nul besoin de préciser que l'ancien guérisseur, malgré sa haute silhouette, n'était effectivement pas des plus étoffés. Probablement pas non plus la peine de chercher à savoir le pourquoi de cette métaphore. Dent de Sabre était plutôt le bon chat, mais entre Présage et lui, ça ne l'avait jamais fait. Encore à ce jour, il arrivait à des guerriers de s'interposer entre les deux, sans quoi, le vétéran aurait bien été tenté de précipiter l'ancien dans les rangs du clan des étoiles... Tout félin avait sa part d'ombre, n'est-ce pas ? Ardeur des Nuages devait bien posséder la sienne aussi. Quoi qu'il en soit, si la femelle tricolore avait besoin de lui ou de quiconque un jour, même sans l'avouer, Sabre serait présent à ses côtés. Il s'était bien gardé de le formuler pour ne pas se prendre un coup de patte en travers du museau, mais qu'elle le veuille ou non, elle avait sans le vouloir rejoint la "famille adoptive" du vétéran. S'ils ne partageaient aucun lien de parenté, si l'histoire de vie de la petite Ardeur était des plus compliquées, et si certains arguaient encore que Nuala n'avait pas sa place au clan de l'Ombre, Dent de Sabre savait, lui. Il savait que la petite effrontée tricolore mériterait son nom de guerrière plus que beaucoup de chats.

« Bon on y va ou on reste plantés là comme des champignons ? Si t'as une sale tête demain, Ombre Fantôme te louperas pas et... Ça semble bien parti pour. » miaula-t-il amusé en détaillant la dégaine hirsute de l'apprentie. Sans attendre de recevoir la réplique aiguisée de la jeune féline, le guerrier sombre se détourna pour entamer le chemin du retour d'un pas lourd. Oui... D'autres chatons... Du coin de l'oeil, il avisa la chatte. Sabre ne serait pas étonné qu'Ardeur soit très courtisée. Elle était jolie, avait un sale caractère, mais était attachante. Et brave. Alors, apprendre un beau jour que la guerrière au fier nouveau nom se retirait dans la pouponnière n'aurait rien de surprenant. Du moins si, il serait extrêmement supris et éprouverait une immense empathie pour les autres reines... Mais ce jour arriverait, il en était persuadé. Ou peut être l'espérait-il simplement ? Le vétéran avisa une dernière fois la lune par dessus l'échine encore hérissée d'Ardeur des Nuages, comme pour lui confier ses pensées.

HRP:

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